La PORTE des enfers de Laurent Gaudé

27 février 2013

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En 2002, à Naples, Filippo Scalforo de Nittis, un jeune homme d'une trentaine d'années, se prépare à se venger de Toto Cullacio.

En 1980, Matteo emmène son fils Pippo à l'école. Ils sont en retard quand une fusillade éclate. Matteo a le réflexe de se coucher. Quand la fusillade est terminée il se rend compte que son fils a été touché par une balle. Malgré l'arrivée des secours, le petit garçon de six ans meurt en arrivant à l'hôpital. Giuliana, la femme de Matteo, la mère de l'enfant, ne peut se remettre de cette tragédie. Au fil du temps, elle en voudra à la terre entière et demandera à son mari soit de lui ramener son fils soit de tuer le criminel. Matteo qui est chauffeur de taxi erre dans Naples la nuit. Un jour après sa rencontre avec le policier qui enquête sur la mort de son fils, il recoit une enveloppe dans laquelle il y a une photo avec le nom de Toto Cullacio. Pourtant, il n'arrivera pas à exécuter l'homme de sang froid. Sa femme le quittera. Il erre de nouveau dans Naples la nuit et dans un quartier plutôt malfamé, une femme va lui demander de l'emmener dans une église. Contraint de l'emmener, elle lui dit de l'attendre dans un café en face. Dans ce café, Matteo rencontre Garibaldo, le propriétaire de l'établissement, le professore un homme érudit qui semble un peu fou, Grace la femme prise en course qui est en fait un travesti et Don Mazerotti le curé de l'église. Matteo va être amené à parler de son deuil. Le professore va alors expliquer que la frontière entre la vie et la mort n'est pas celle qu'on croit et que les Anciens l'avaient parfaitement compris. Matteo se dit alors qu'il pourrait ramener Pippo à sa femme.

Mon avis : Une fois de plus je suis admirative du talent de Laurent Gaudé. Quel sujet plus épineux que celui de la mort, surtout celle d'un enfant ? Et pourtant je n'ai pu m'empécher de lire ce livre qui traite brillamment ce sujet.

Le deuil que traversent les parents se fait de façon différente. Le père semble s'abandonner à la tristesse alors que la mère veut des réponses. J'ai trouvé que c'était vraiment très bien écrit et l'évolution des personnages au fil du récit, le père qui après avoir été lâche se met à penser à l'impossible et la mère qui devient folle correspondent bien au tempéramment souvent très fort des personnages que crée l'auteur.

Au niveau de la structure du récit, on retrouve les recettes très efficaces de l'alternance entre les années 80 et le début des années 2000, laissant dans l'un et l'autre des petits indices qui font le lien entre les deux et un récit à trois voix qui nous donne les différents points de vues, sentiments et actions des trois personnages principaux.

C'est une vision assez sombre de Naples qui est proposée dans ce roman : la mafia y semble très présente et les différents quartiers ne semblent pas très fréquentables la nuit, on est loin du guide touristique... En revanche les nombreuses références à la culture antique et à la façon dont celles-ci abordent le thème de la mort sont vraiment très intéressantes et font plonger le lecteur progressivement dans un monde mythologique assez effrayant, celui des Enfers et donne une interprétation très particulière à des évènements qui ont réellement eu lieu à Naples.

Je me rends compte que lire cet auteur est une pratique pratiquement addictive;-) Il ne me reste QUE trois romans à lire dont un que j'ai déjà commencé Ouragan... Heureusement que la médiathèque a aussi son recueil de nouvelles et que j'ai commandé pour le CDI une de ses pièces de théâtre:-)