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Ma musique au biberon

Publié le 13 mai 2013 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

biberon-acdc-abcd-1Je surfais ce week-end prolongé sur Facebook quand un sympathique follower que j’ai rencontré récemment poste sur son wall cette vidéo :

Et là, je me dis : Awwwwww, c’est krô mihiôn, c’est le truc qui a bercé toute mon enfance, Graeme Allwright. Et ce qui est encore plus choupi – mais c’est aussi l’accomplissement d’une belle carrière –, c’est qu’il puisse chanter « Petit garçon » accompagné de ses petits-enfants <3. Bon, la voix de Graeme Allwright commence à fatiguer – 87 ans tout de même ! – et la fillette rame un peu niveau justesse, mais si j’avais été la petite-fille, j’aurais été ultra-fière de chanter avec mon papy sur scène.

J’ai eu à subir une éducation musicale très précoce pour éviter que mon introversion ne se transforme en handicap. Encore aujourd’hui, si je ne fais pas mes dix heures de pratique musicale par semaine, je me sens mal. Entre le travail de solfège et d’écriture, l’analyse des morceaux que j’écoute – oui, parce que j’analyse les morceaux que j’écoute : la mélodie, les cellules rythmiques, les textes… –, les percussions, le piano, le travail vocal, la guitare, le ukulélé, j’ai de quoi m’occuper. Mais si j’aime autant la musique aujourd’hui, c’est surtout parce que j’ai eu des personnes pour m’accompagner dans mon éducation musicale.

Merci Maman

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Un jour, je regardais Vivement Dimanche avec ma mère, c’était une émission sur Maxime Le Forestier. Maman me lance sur le ton de la confidence : C’était mon chanteur préféré quand j’étais jeune. Ceci explique très probablement ma furie obsessionnelle pour les textes bien écrits (en français) et toute musique à base de guitare sèche, notamment créée dans les années 1960-70 (Simon & Garfunkel, Bob Dylan, Joan Baez, Neil Young, Francis Cabrel, Hugues Auffray…). Mais ce n’est pas le seul héritage musical de ma mère : elle m’a beaucoup apporté en ce qui concerne l’électro et la musique africaine.

Merci pour les chanteurs folk pour enfants (Henri Dès, Mannick & Jo, Jacky Galou, Pierrig Le Dréau, Graeme Allwright, Yves Duteil…)

La particularité de ma mère est d’être non seulement enseignante, mais aussi de chanter certaines leçons de grammaire pour que ses élèves les assimilent. Vous rigolez, mais plus de vingt ans après, je connais encore des anciens élèves qui se souviennent encore que les mots qui se finissent en –al se finissent par –aux au pluriel, sauf bal, carnaval, chacal, festival, récital et régal qui prennent un s au pluriel. De surcroît, elle était aussi directrice de centre aéré pendant 20 ans, et il fallait bien occuper les gosses.

Par conséquent, ma mère est grave calée sur les chansons à apprendre aux enfants. Comme elle est enseignante en école confessionnelle, la plus grande partie de son répertoire pédagogique s’est concentrée sur Raymond Fau et Mannick & Jo. Mais c’est aussi grâce à elle que j’ai découvert Pierrig Le Dréau, un chanteur de ma région d’origine :

Vous rigolez, mais j’ai été grave fière de reprendre avec lui et avec ma guitare Le petit clown.

Merci pour Jean-Michel Jarre et l’électro

Voui, tout à fait, je suis venue à l’électro grâce à Jean-Mimi. Ma mère était tellement fan qu’elle m’avait emmenée dans les champs de présalé quand il s’est produit au Mont-Saint-Michel. Cela se ressentait dans ses spectacles de fin d’année, à base de lumière noire – voire de lampes de poche –, de costumes phosphorescents de dingue et des plus grands tubes de son claviériste préféré. Et puis à force d’organiser des bals au village, ma mère s’est aussi prise de passion pour la musique dansante dans les années 1980 et 1990. C’est aussi à cause de cela que dès l’âge de 10 ans, j’avais envie de sortir en boîte.

Merci Papa

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À force de traîner dans son atelier et d’écouter Vinyle Fraise dans sa R21, j’ai appris à bien connaître les goûts musicaux de son père. C’est lui qui m’a transmis toute ma culture classique, blues et bossa nova, mais aussi rock des années 1960 – il kiffait aussi La dernière séance d’Eddy Mitchell et en possédait toute l’explication aux allusions culturelles. Il passait des heures à écouter des cassettes qui dataient de Mathusalem, mais la cassette de Bad de Michael Jackson en boucle dans son autoradio reste mon premier souvenir musical vivace.

Merci pour Leonard Bernstein et George Gerschwin

Mon père est arrivé au jazz par les compositeurs américains du début du XXe siècle. Fort de la culture classique qu’il s’était lui-même forgée avec nos correspondants allemands, il s’est pris de passion pour Porgy and Bess et pour West Side Story, deux comédies musicales qui intègrent les préceptes du jazz dans la musique philarmonique. Mais ça ne l’a pas empêché, par ailleurs, de se faire des sessions Beethoven et Mozart.

Merci pour Joao Gilberto et Gilberto Gil

Mon amour viscéral de la musique brésilienne me vient de là : mon père écoutait aussi les cassettes que lui a envoyées son pote brésilien lorsque celui-ci est retourné dans son pays. Parfois, c’était ce type qui chantait au bord de la plage avec sa guitare. Parfois, c’était des mixtapes des meilleurs artistes de bossa nova. Je trouvais cela tellement beau que je me suis prise de passion également pour le samba que je pratique aujourd’hui plusieurs heures par semaine.

Merci Parrain et Tonton

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Je n’aurais jamais été auditrice de Oüi FM si je n’avais pas eu quelqu’un pour faire ma culture rock. En l’occurrence, mon parrain a une collection impressionnante de tout ce qui pouvait se faire de mieux dans le rock des années 1970 – the Who, Pink Floyd, Status Quo, Deep Purple, Dire Straits, Frank Zappa… Il aimait aussi Bob Marley, the Aphrodite’s Child, Cerrone. Bref, mon parrain était super ouvert musicalement quand il était ado. Dans le même registre, j’ai un autre oncle qui m’a formée à tout ce qui était musique sympa des années 1980 – punk, new wave, métal – quand j’étais petite. Bref, si je préfère le rock qui s’écoute à celui qui se danse, c’est grâce à mes tontons <3

Merci Nounou

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Quand j’étais petite et que j’habitais dans une maison que j’appelais la Maison bleue – à cause des rideaux –, ma voisine nous accueillait, ma sœur et moi, le temps d’un après-midi. Elle avait un piano dont nous abusions à loisir – bien que cette dame ait commencé à apprendre à ma sœur de 6 ans à l’époque quelques mélodies –, mais surtout une collection hallucinante de vinyles de jazz que son mari écoutait à l’heure de la sieste. Ses artistes de prédilection étaient Dizzie Gillepsie, Count Basie et Louis Armstrong. En termes d’initiation musicale, j’ai connu plus dégueulasse.

Pour conclure, j’aimerais revenir sur une petite conversation que j’ai eue avec mes amis ce week-end. Chacun essayait de mettre en corrélation la musique que leur mère écoutait pendant leur grossesse et leurs goûts musicaux actuels. En ce qui me concerne, avoir été soumise à ces différentes cultures musicales durant mon enfance m’a permis de mieux comprendre et apprécier la musique et ses mécanismes. Merci ma famille de m’avoir aussi bien élevée musicalement J



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