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[note de lecture] Antoine Emaz, "Flaques", par Jacques Morin

Par Florence Trocmé

 

Emaz flaques
C’est un livre de notes, au croisement du carnet et du journal. Antoine Emaz aime écrire autour de son œuvre principale, à savoir l’œuvre poétique, écrire en marge, pour ne pas perdre la main et pour mettre au net ce qui lui traverse l’esprit et qui mérite d’être inscrit, en dehors des poèmes, donc. Cela explique la diversité des sujets abordés : ses lectures à but privé ou critique, ainsi pointe-t-il : la limite d’une forme, c’est son efficacité, mais aussi le dernier CD de David Bowie, l’évolution du jardin ou Baudelaire, ou bien ses travaux photographiques ou ses relectures de manuscrits… Ce peut être encore des réflexions sur ses notes elles-mêmes : donner à lire une autre saisie complémentaire de vivre, et il ajoute plus loin : moins sacralisée peut-être. Ce qui ne laisse pas de m’étonner chez Antoine Emaz, c’est la lucidité, cette précision clinique à analyser ses pensées, aussi bien courantes que métaphysiques Sans doute pour cette raison qu’en dehors du poète majeur qu’il est devenu depuis plusieurs années, son approche critique des écrits d’autrui s’avère toujours remarquable et enrichissante. Réfléchissant à sa création, il se pose la question légitime de l’œuvre faite, et de la monotonie considérée comme inhérente à toute écriture qui dure. Il tutoie aussi bien la densité de l’aphorisme : Ecrire remplace l’ennui par l’attente que la porosité de la confidence : Je ne crois pas être dur, mais instinctivement, je cherche à serrer, endiguer l’émotion. Une chose demeure cependant qui fait le lien entre écriture poétique pure et écriture en marge comme dans ce livre, c’est la table ! C’est là que je me sens à ma place, qu’il y a plaisir à vivre… De même, le titre rejoint la longue série de monosyllabes dont il est coutumier. Je suppose qu’il a choisi ce mot aussi bien pour l’image fragile  de lac minuscule que pour sa sonorité explosive. Antoine Emaz nous balade dans sa tête. 
 
[Jacques Morin]  
 
Antoine Emaz, Flaques, Centrifuges, 12,50 €. 8, rue de Thizy – 69550 Saint-Jean-La-Bussière. Encres de Jean-Michel Marchetti. 
 


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