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Emmanuel Giboulot, les ronces et nous !

Par Amicalementvin @Amicalement_vin

Hier je démarrais une petite pige d’un mois chez des amis vignerons bio pour divers travaux de la vigne, depuis hier je suis donc TESA ! Première consigne : « Tiens tu vas commencer par les ronces, tu vas voir c’est chiant et ça rend débile, mais faut le faire et on a rien trouvé de mieux pour s’en débarrasser que le piochon ! »

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Et me voilà parti pour une journée d’arrachage de ronces !

Dans l’absolu rien d’extraordinaire après tout on le fait aussi dans son jardin… sauf que là, le jardin est plus grand et la journée plus longue. Faut dire que ce n’est pas évident de bien enlever cette cochonnerie : la chercher bien cachée dans les herbes, la trouver puis suivre les petites ramifications et bien les déterrer quand elles prennent racine sur leur chemin. Revenir ainsi jusqu’au pied mère, puis creuser profondément pour essayer de l’arracher au mieux. On a vite fait de passer 30 minutes sur un pied ! Alors fatalement les pensées les plus sombres remontent et j’avoue que plusieurs fois j’ai été tenté par un bon désherbant bien chimique ! Des situations comme celle-là un vigneron en bio en rencontre tous les jours car la nature ne fait pas de cadeau. Alors il en faut du courage pour lutter contre elle en la respectant et de la volonté pour se passer de produits qui facilitent la vie autant qu’ils la tue.

Soyons fiers d’Emmanuel Giboulot !

Et nous sommes là au coeur de la démarche d’Emmanuel Giboulot, vigneron en bio depuis 1987 ! Plus de 25 ans à rejeter tout produit polluant et préférer travailler sa terre avec respect, à éviter de semer la mort sans raison pour mieux favoriser l’installation de la faune auxiliaire, à observer la vie de ses vignes pour instaurer un équilibre naturel. N’y voyait pas là un doux rêveur ou un illuminé, car depuis toutes ces années il met son outil de travail en jeu, ce qui fait vivre sa famille et n’en déplaise à beaucoup cela fonctionne. Pour y arriver il a fallu de la conviction bien sûr, mais aussi de l’observation, de la réflexion et de l’expérimentation (la biodynamie arrivant au domaine en 1996). Alors durant toute ces années il a fallu chercher des alternatives aux produits polluants proposés par nos chers labos et ce n’est pas une mince affaire. Mais lorsque l’on voit ses vignes et lorsque l’on goute ses vins, le jeu en valait la chandelle…

Alors aujourd’hui le voilà dénoncé par les autorités publiques, trainé devant la justice car il a fait preuve de désobéissance civique face un ordre d’une débilité sans nom : appliquer dans les vignes sans risque avéré de flavescence dorée un traitement qui éradiquera toute vie pour arriver à tuer une seule espèce nuisible, la cicadelle. Lorsque l’on est vigneron conventionnel, utilisateur de produits chimiques, pas de soucis, il n’y a déjà plus de vie dans les vignes. Mais lorsque l’on a passé sa vie à construire un biotope qui fonctionne, à ne pas polluer la terre de ses enfants, à envisager d’autres alternatives aux traitements systémiques, ce n’est juste pas envisageable. Merci Emmanuel d’avoir eu le courage de vos convictions, merci à vous et merci pour nous !

Le choc de deux mondes et nous au milieu !

Mais cette histoire va bien au-delà d’Emmanuel Giboulot, elle est le reflet d’une viticulture française dépravée et destructrice. Plus grosse consommatrice de produits chimiques au monde, sous le joug du puissant lobby des fabricants de produits phytosanitaires, bien épaulé par notre chère administration  ! Ces gens continuent de polluer nos terres, nos nappes phréatiques, nos rivières, de détruire les abeilles, la biodiversité et c’est sur celui qui refuse de cautionner et de collaborer que l’on jète l’opprobre ! Comment peuvent-ils comprendre que l’on peux travailler différemment, que la viticulture bio et biodynamique regorge d’alternatives, eux qui ont arrêté de penser par eux-même et se cachent derrière des textes légaux rédigés par les labos eux-mêmes !

Aujourd’hui nous sommes au milieu de tout cela, mais il nous reste du bon sens et l’espoir que tous ensemble on peut faire bouger les lignes, le premier combat commence le 24 février prochain. D’ici là soutenez Emmanuel, manifestez-vous et signer la pétition de l’ipsn.


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