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[anthologie permanente] Marie de Quatrebarbes

Par Florence Trocmé

Marie de Quatrebarbes a publié récemment La vie moins une minute, aux éditions Lanskine. On peut lire plusieurs notes prises en lisant ce livre ici.  
 
 
Café de la paix. Ici, tout va bien 
le goût de rien, l’épée rentrée dans le thorax 
j’ai la lèpre. Mais si, je vous jure : j’ai la lèpre 
au point du jour, à point fermé le dimanche 
je dors sous l’étendard, fait chaud là-dessous 
 
Mon sommeil me murmure 
« les mots sont importants » 
on en discute avec les morts 
jusqu’ici, tout va bien 
 
Qu’est-ce que vous prendrez Mademoiselle ?  
la nature est docile 
cette façon délicate d’être soi-même 
attentive aux gestes du détail 
 
Je vis en rythmes économes 
compte et recompte les boutons tombés du peignoir 
j’ai été cette petite fille solitaire 
la garder encore un peu près de moi 
être pour elle la porte ouverte du château 
enfermer ma jeunesse dans son cœur 
une fois si vieille, peut-être 
les retrouvailles rebattues 
elles commencent ici pour nous 
 
./ 
 
Note sur le livre mon poussin 
jamais la faute des petites filles 
pas course folle dans le jardin 
Fanchon souillon, dans la cuisine 
et la main se signe, et la petite abeille butine 
le cul arqué dans le creusé des guêpes 
fragile poupée, fusée, gommette 
venir doucement, petit fille de six 
en situation d’extrême 
 
./ 
 
La journée se termine 
tu la serres dans tes bras 
cette chose folle, ta petit tête piquée 
l’alarme de ton cœur, arrêtée, comme enclose 
la très belle chose de ton papa-nageur 
c’est qu’il faudrait pouvoir lui dire 
qu’il aime tapoter la machine 
tend son bâton, continue de tacler l’ordinaire 
en commun, à quatre mains, avec un scénario à écrire 
le mécanisme aspire la fumée 
bouge pas les pieds, genoux fléchés 
on parle ce matin des seins dans le t-shirt.  
 
./ 
 
Fiche (foutre) maison, seuil 
manquait pas d’air, celle-là 
chiche, elle a des tuiles 
fait des claques et têtes à bulles 
que je radote, et tu renâcles 
manque de tout, n’est pas bien faite 
les cailloux grincent la mécanique 
vidange possible, impostures vertes 
îles para-synthétiques, îles para-symptomatiques 
ils se moquent de nous 
biochimique, ma vieille carie se creuse 
prend le temps de poursuivre 
l’enfant bascule, tête en avant 
plus rien dire sinon la chute 
la vie moins une minute 
 
Marie de Quatrebarbes, La vie moins une minute, éditions Lanskine, 2014, pp. 
64, 80 & 81 et 84  
On peut lire plusieurs notes prises en lisant ce livre ici
 
Marie de Quatrebarbes dans Poezibao :  
bio-bibliographie, ext 1,"Transition pourrait être langue", par Antoine Emaz


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