Quel enfant reste vivant où ? L’Enfant fossile. Fragment : partie du tout, retrouvant miracle la vie. Philippe Forest a choisi la partie minime d’une mâchoire, « le plus ancien reste d’homme moderne » nous apprend l’éditeur. C’est le principe de cette collection1associée au musée des Confluences de Lyon : « [c]onvier des écrivains » à choisir un objet (ou une œuvre) dans la diversité des collections rassemblées et « à en faire la matière de leurs récits ». Ce fossile, daté de -38 000 ans, est un « fragment de mandibule d’enfant âgé entre 5 ans et demi et 6 ans et demi », « de notre propre espèce Homo sapiens ». En téléchargeant une application pour smartphone, le lecteur peut observer ce fossile « en réalité augmentée », accédant au relief de l’os, faisant le tour de cet objet minuscule qui devient sur l’écran la réalité tangible et accrue de cette infime partie d’un enfant mort depuis 40 000 ans. Que porte-t-il ? Quelle amorce de récit pour l’écrivain puisant dans son observation, dans ses souvenirs et projections ? « Rien. Ou du moins : presque rien. Quelque chose qui tient dans le creux de la main et sur quoi elle peut presque se refermer. » Le livre de Philippe Forest s’écrit dans ce « presque ».
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