(feuilleton) Tardieu à 360° : 11 : « L’instable est ma destinée » , par Frédérique Martin-Scherrer

Poezibao publie aujourd’hui le dernier volet de la grande traversée dans l’œuvre de Jean Tardieu que lui a proposée Frédérique Martin-Scherrer.  
 
Tardieu à 360° : 11 : « L’instable est ma destinée »  
 
Au terme de cette brève promenade en pays Tardivien — dont nous avons seulement entraperçu les contrées poétiques ou dramaturgiques, humé les climats lyriques ou burlesques et survolé les champs de la musique ou de la peinture — nous sommes en droit de nous demander : mais enfin, qui est Jean Tardieu ? Ou qu’est-ce qu’il est ? Réponse attendue : Jean Tardieu est un poète. Nous voilà bien avancés : pour savoir ce qu’est un poète, encore faudrait-il savoir ce qu’est la poésie… Ces questions, Jean Tardieu se les est posées toute sa vie, et pour en suivre la trace, il faudrait pouvoir lire toute son oeuvre. Est-ce encore possible ? Une lecture vraiment sérieuse exigerait la collection complète des recueils publiés par Jean Tardieu en éditions courantes, dont certaines ont été rééditées, quitte à compléter les manques en chinant sur les sites de livres d’occasion pour se procurer des éditions princeps. Jean Tardieu n’a pas cessé, en effet, de reconfigurer ses recueils et de redistribuer son oeuvre selon de nouvelles constellations qui, chaque fois, donnent un éclairage différent et presque un sens nouveau aux textes déjà publiés qu’ils contiennent. Comment recevoir de la même façon ces poèmes au contenu identique mais au statut différent, d’une part imprimés en vers selon une lecture linéaire dans Comme ceci comme cela, d’autre part composés à la main en forme de tableaux dans les Poèmes à voir ? Ou bien encore, lire la litanie des « Je t’avais dit tu m’avais dit » dans le poème « Les fleurs du papier », ou l’entendre prononcé par le choeur dans la pièce L’A.B.C. de notre vie ? Ce sont là des expériences de réception tout à fait distinctes.  
 
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