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(note de lecture) Claude Ber, Epitre Langue Louve, par Véronique Pittolo

Par Florence Trocmé

BerSi Mehr licht ! furent les dernières paroles de Goethe, 
De lumière un besoin de lumière sont les premiers mots de ce petit livre 
dense, foisonnant, hétéroclite. 
La lumière est-elle le bien être ultime, ce par quoi la poésie manque et se manque, nous manque ? Pas seulement celle du jour, mais la lueur de Rilke, la clairière heideggérienne… 
 
Par tous ses yeux la créature 
voit l’Ouvert.1    
La mission du poème est d’ouvrir des perspectives pour dire les choses ordinaires avec une langue neuve. Pour cette raison, la poésie est plus audacieuse que le roman, c’est elle qui aujourd’hui fait exploser les formes et prend des risques, hors des sentiers battus de la reconnaissance médiatique. 
Il n’est pas facile d'avoir une impression synthétique de ce livre, à cause des ruptures rythmiques par lesquelles le lecteur est tenu en apnée. 
Qui connaît Claude Ber et a lu ses livres peut passer de l’un à l’autre, de la personne au texte, dans la continuité d’une présence forte, fine, complexe. Dira-t-on qu’elle parle comme elle écrit ? Trop simpliste. On n’occupe pas le monde comme une page blanche, on le traverse avec ses épreuves et les moyens du poème qu’on ne finit pas d’explorer. 
Ce livre pulmonaire, oral, sans être entièrement une partition, peut se lire en lecture silencieuse, ou debout dans le souffle et parfois le cri, la performance. Le monde invoqué est absorbé tout entier dans la langue, mâché, digéré et reversé par (dans) une langue baroque. 
On n'en sort pas indemne !   
 
 
(Véronique Pittolo) 
 
 
1 Elégie de Duino, Rilke (Seuil trad L Gaspar). 
 
Claude Ber, Epître Langue Louve, éditions de l’Amandier 
 
 


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