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(poètes) Yvan Goll

Par Florence Trocmé

Adepte tragique d’une poésie multilingue et chantre d’une Europe déchirée, sauvé par l’art moderne, Yvan Goll (pseudonyme d’Isaac Lang) est né en 1894 à Saint-Dié dans les Vosges. Il fut d’abord poète bilingue dans la difficile oscillation historique de sa région entre France et Allemagne. Étudiant à Fribourg-en-Brisgau il écrit en langue allemande, noirceur urbaine et pacifisme anti-guerre de 14. Juif Errant dans sa vie et dans son cycle Jean sans Terre, il rencontre les expressionnistes à Berlin, les dadaïstes à Zurich, les surréalistes et son épouse l’écrivaine Claire Aischmann à Paris, ne s’attachant à aucun groupe. Le couple Goll est un catalyseur accueillant entre artistes et poètes et travaille beaucoup: écriture, traduction, journalisme. Ils fuient la 2e guerre à New York où Yvan s’immerge dans l’anglais composant en cette langue Fruit from Saturn, halluciné par la bombe atomique, devenant trilingue. Il fonde sa propre revue et maison d’édition, Hémisphères, recrutant ses contacts comme Chagall pour illustrer les œuvres. De retour en Europe, atteint de leucémie, il reprend la langue allemande rejetée pendant le nazisme, dans la montée des souvenirs d’une culture qu’il aima. Ce fut son dernier recueil Traumkraut (Herbe du songe) écrit pendant ses séjours à l’hôpital (Strasbourg, Paris) tandis que plusieurs poètes – dont possiblement Paul Celan – lui offrent leur sang pour des transfusions qui ne le sauvent pas. Claire Goll se battit après sa mort en 1950 pour que l’œuvre de son mari ne soit pas oubliée, exagérant parfois – dans une triste polémique contre Celan, dont Yvan n‘était pas responsable. Les poèmes d’amour d’Yvan et Claire se répondent exceptionnellement pendant 25 ans articulant une vive palette entre tendresse et amertume, dissensions et délire. Yvan Goll n’eut pas la reconnaissance de certains de ses amis, mais son lyrisme éparpillé en images douloureuses-rêveuses et son trilinguisme achevé en font un poète attachant qui surprend. Un prix de poésie annuel est attribué par la fondation qui porte son nom. 
 
 
Bibliographie sélective: 
Der Panama-Kanal, 1914 - en allemand 
Requiem für die Gefallenen
, 1917 - en allemand 
Poèmes d’amour
(avec Claire Goll), 1925 - en français 
Chansons malaises, 1935 - en français 
Métro de la mort, 1936 - en français 
Jean sans Terre, 1939 - en français 
Fruit from Saturn, 1946 - en anglais 
Le char triomphal de l’antimoine, 1949 - en français 
Dix mille aubes (avec Claire Goll), 1951 - en français 
Traumkraut
, 1951 - en allemand 
Die Lyrik, Argon, Berlin 1996 (poèmes complets dans les 3 langues et en 4 volumes, édités par Barbara Glauert-Hesse) 
 
 
Traduction en francais : 
Herbe du songe, Arfuyen (bilingue, 1988), traduit par Claude Vigée 
La revue Europe lui a consacré son numéro 899 de mars 2004. 
 
 
Sitographie : . un extrait du dossier sur Goll dans la revue Europe :  
quelques illustrations de Picasso, Chagall, Léger, Brauner pour ses oeuvres:  
interview de la traductrice américaine de Goll avec la belle couverture de son livre actuel là-bas :  
 
 
[Jean-René Lassalle] 


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