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Rachel, Bennie et les sales types

Par Carole Thiery @carole29t

13hoursDepuis ma plus tendre enfance, je suis ce que l’on appelle une dévoreuse de livres. Petite, j’ai appris à lire à 5 ans et mes parents ont dû faire face à mon appétit dévorant de livres, ils avaient du mal à fournir! A la bibliothèque de mon village, on trouvait mon nom 5 ou 6 fois sur les fiches des livres… Un de mes plus beaux souvenirs, je m’en souviens encore avec ravissement, fut un jour où l’une de mes cousines, âgée d’environ 16 ans, m’apporta dans un grand carton tous ses livres d’enfant (bibliothèque rose et bibliothèque verte, avec des club des cinq, des clans des sept, des fantômette…). Une bonne cinquantaine de livres qu’elle m’offrait, n’en ayant plus l’utilité et sachant que personne ne pourrait apprécier plus que moi la valeur de ce cadeau!!! Aujourd’hui, j’ai grandi, mais cette passion de lire n’a pas disparu. Je lis environ 2 livres par semaine, impossible pour moi de dormir sans avoir lu quelques pages de mon livre en cours, même si j’ai vraiment sommeil. Je lis de tout, des romans policiers (j’aime beaucoup les polars), des livres géopolitiques (en ce moment, je lis un livre sur les grandes opérations du Mossad que ma soeur m’a offert), parfois des livres de fille quand j’ai envie de légèreté, des classiques, des livres de psychologie (avec une passion pour Boris Cyrulnik, le père de la résilience). Le seul genre que je n’aime pas, ce sont les livres de témoignages sur des faits divers glauques (du genre « Moi, Ginette, violée pendant 15 ans par mon père, mon frère, ma tante et le chien »…) ça ce n’est vraiment pas mon genre.   Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un polar que je viens de finir et que j’ai adoré, car je lui ai trouvé de multiples intérêts: du suspense bien sûr, c’est le but premier d’un polar! mais également une étude presque

sociologique d’un pays que je connais finalement peu, l’Afrique du Sud. 13

L’auteur

Deon Meyer est l’auteur de ce livre nommé 13 heures en français, 13 hours en anglais et, 13 uur en afrikaans, langue maternelle de l’auteur. Il est né à Paarl en 1958. Il vit toujours dans son pays de naissance, non loin du Cap.Il est l’auteur de plusieurs livres, toujours dans le genre policier, tous écrits en afrikaans et traduits en anglais et en français: *2002: Feniks (Dead before dying – Jusqu’au dernier)*2003: Orion (Dead at Daybreak – Les soldats de l’aube). Ce livre est son plus connu, il a reçu le Grand prix de littérature policière en 2003 et a été adapté à la télévision. *2003: Proteus (Heart of the Hunter – L’âme du chasseur)*2007: Infata (Devil’s Peak – Le pic du Diable) *2009: Onsigbaar (Blood Safari – Lemmer l’invisible)*2010: 13 Uur (13 Hours – 13 heures) *2011: 7 Dae (apparemment non traduit?)*2012: Spoor (Trackers – A la trace) J’ai bien l’intention de lire d’autres livres de Deon Meyer, maintenant que j’ai lu et fort apprécié 13 heures.

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L’histoire et mes impressions, en vrac

13 heures est un roman en temps réel, qui décrit, de 5h36 à 19h51 (oui, je sais que ça ne fait pas 13 heures, et il y a aussi une sorte de post-scriptum qui nous emmène jusqu’à 22h01, mais l’action vraiment importante est bien située pendant les 13 premières heures).Ces 13 heures et quelques vont se dérouler sur 460 pages, d’un rythme soutenu, avec des va-et-vient efficaces entre les deux intrigues qui se chevauchent sans jamais se croiser, pratiquement jusqu’au dénouement. Premier point très positif, la capacité de Meyer à jongler avec deux histoires de manière très efficace et sans jamais perdre l’attention du lecteur…L’histoire s’articule autour de deux meurtres: celui d’une jeune touriste américaine retrouvée sauvagement assassinée en pleine rue, la gorge tranchée, et celui d’un impresario de l’industrie du disque, sud-africain blanc, retrouvé tué de plusieurs balles dans son salon, près de sa femme, une ancienne star de la chanson, ivre morte. L’urgence se situe d’emblée du côté de la touriste américaine, non seulement à cause de l’attention des médias et de la pression diplomatique découlant du fait qu’il s’agit d’une touriste et, de sucroît, américaine, mais aussi, et surtout, parce que cette jeune fille n’était pas seule, mais accompagnée d’une amie du même âge qui, elle, a disparu.Pour cette dernière, Rachel, il devient vite évident que sa vie est en danger immédiat, puisque les assaillants de la copine, Erin, sont à sa poursuite dans la ville du Cap. Le cas de l’impresario semble, au premier abord, un peu plus simple, puisqu’il est mort chez lui, en présence de sa femme alcoolique qui se réveille le pistolet à la main… Mais l’énigme va se corser lorsqu’il deviendra évident qu’il n’a pas été tué chez lui, mais ailleurs, puis transporté dans son salon…L’inspecteur en charge des deux affaires est un certain Bennie Griessel, la cinquantaine, alcoolique, sobre depuis presque une année mais toujours tenté par la bouteille, que sa femme lasse de ses frasques a mis à la porte en attendant qu’il lui apporte la preuve qu’il peut rester sobre sur le long terme.

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Dès le début, on sait que sa femme a demandé à le voir après ces fameuses 13 heures, et un nouveau petit suspense voit le jour: va-t-elle le reprendre?Bennie est chargé de former et d’encadrer des jeunes recrues de la police sud-africaine. Il supervise en l’occurrence Vusumuzi Ndabemi « Vusi », en charge de l’affaire de la jeune touriste américaine, et Fransman Dekker, de celle de l’impresario. Bien que ces deux affaires soient prioritaires au Cap, des obstacles divers et variés vont se dresser sur la route de nos enquêteurs, manque d’effectifs chroniques, notamment pour rechercher Rachel dans la ville et la sauver, et aussi une panne d’électricité géante…Meyer montre particulièrement bien les lenteurs administratives et le fait que les informations utiles sont bien plus rapidement accessibles à des gratte-papiers qu’aux personnes en ayant vraiment besoin, les enquêteurs. Et tout au long du livre, le suspense et la frustration naissent du fait que, du fait de ces lenteurs et autres coups du sort, les poursuivants de Rachel ont toujours, toujours, une demi-longueur d’avance sur Griessel et ses hommes.Alors, bien sûr, on se demande pourquoi Rachel ne s’est pas tout de suite ruée chez les flics pour demander protection, mais on comprend bien vite qu’elle a des raisons de se méfier de certains membres des forces policières, aussi… Le récit fait donc de constants va-et-vient entre les deux enquêtes, avec également de nombreux passages où l’on accompagne Rachel dans ses pérégrinations urbaines, dans sa tentative désespérée de semer ses poursuivants dans cette ville qu’ils connaissent par coeur, et elle pas du tout…Ce n’est qu’à la fin que l’on apprendra pourquoi elle est pourchassée et pourquoi son amie a été si sauvagement assassinée en pleine rue… Griessel promet au père de Rachel, aux Etats-Unis, de tout faire pour retrouver sa fille; il est, lui aussi, père d’une fille d’âge proche, Carla, qui s’est récemment exilée en Grande-Bretagne pour laisser derrière elle une épreuve difficile dont on ne saura rien… mais on comprend que l’empathie de Bennie pour le père de Rachel est très forte.Mais c’est plus facile à dire qu’à faire… Le tout s’achèvera dans une confrontation dramatique, violente et angoissante…
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Mon avis

Un suspense haletant, vertigineux qui s’achève en apothéose par un lien ténu, mais inattendu entre les deux affaires… J’avoue avoir été bien plus intéressée par l’affaire de Rachel et Erin que par celle d’Adam, l’impresario, et la plongée dans l’industrie du disque et ses petites histoires sordides parfois…Autre point qui m’a énormément plu dans 13 heures, c’est de découvrir l’Afrique du Sud aujourd’hui, après l’apartheid, avec ses problèmes ethniques encore, ses quotas raciaux, y compris dans la police, son racisme latent, toujours, ses différentes ethnies (afrikaans, Xhosas, zoulous…), ses différentes langues… Une cohabitation difficile dans un pays miné pendant des décennies par la plus affreuse des ségrégations et qui essaie, à présent, de vivre ensemble… *Un excellent polar qui vous tiendra en haleine, mâtiné d’une étude sociologique de la société sud-africaine très intéressante, et un livre que je vous recommande chaudement!

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A propos de l’auteur


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