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(entretien) Les moulins à paroles, une méthode d’approche du poème en milieu éducatif, mise au point par Christian Jacomino

Par Florence Trocmé


Poezibao
a eu l’occasion d’échanger quelques propos avec Christian Jacomino, fondateur des Moulins à Paroles, autour des usages de la poésie en milieu éducatif.   
Il a bien voulu expliquer au site quelle fut la genèse de cette initiative, que l’on peut suivre sur le site M@P.  
 
 
Christian Jacomino : L’idée de départ est simple. Elle veut que la meilleure façon d’apprendre à lire consiste à déchiffrer des textes que l’élève sait déjà par cœur (ou presque). En quoi elle s’oppose à la méthode académique (dix-neuviémiste) qui veut que l’élève apprenne à lire en déchiffrant des textes mystérieux (dont on suppose qu’il aura la curiosité de les découvrir), aussi bien qu’à la méthode moderniste qui propose qu’il le fasse dans des phrases qu’il compose lui-même et qu’il dicte à l’adulte. 
 
La méthode qui passe par l’utilisation des Moulins à paroles (M@P) n’a rien de révolutionnaire. Elle est au contraire la plus traditionnelle, sans doute parce qu’elle est aussi la plus naturelle. C’est celle qu’on utilisait dans les monastères chrétiens du moyen-âge, où l’élève apprenait à lire dans le texte des Psaumes qu’il avait déjà mémorisés en les récitant à l’office du matin. Et c’est celle qu’on continue d’observer dans toutes les sociétés traditionnelles. Mais pas chez nous. 
 
Elle suppose d’accepter le principe selon lequel certains textes sont faits pour être proférés, dits et redits à haute voix, partagés par le groupe en même temps que mémorisés (plus ou moins) par chacun de ses membres. Et que ces textes sont des poèmes. Partout et depuis la nuit des temps, dans toutes sociétés, c’est ainsi qu’on les nomme. Quelquefois des fragments de contes, mais que leur qualité d’écriture (comme chez Perrault) élève alors au rang de poèmes en prose. 
 
Voilà sur quelle idée repose l’invention, ou la simple prise de conscience dont devaient résulter les Moulins à paroles (M@P). 
 
Leur efficacité a tout de suite été attestée. Elle s’est très vite vérifiée bien au-delà du niveau que nous pouvions attendre. Je veux dire que mon projet de départ était strictement pédagogique. Et que je l’ai atteint. Mais sans me rendre compte d’abord de tout ce que cela signifiait quant au fait de « poésie". De la nature et du statut de celle-ci. De sa fonction. 
 

quelques liens 
→ pour bien comprendre le fonctionnement des Moulins à Parole 
→ un Moulin à paroles réalisé à partir d’un texte de Pierre le Pillouër (il serait bien que le site s’enrichisse de davantage de poètes contemporains).


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