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ALERTE : À Bordeaux, des objets de décoration proposés lundi 14 septembre aux enchères comme étant des ouvrages de Compagnons.

Par Jean-Michel Mathonière

L'inculture des uns combinée à la rapacité et à la filouterie des autres fait que fleurissent de plus en plus dans les ventes aux enchères comme sur les sites internet des offres d'objets qualifiés de « compagnonniques », dont on ne sait si l'on doit en rire ou en pleurer…

Dernier exemple en date qui mérite qu'on le signale ici tant il est symptomatique de cet état de fait : dans une vente aux enchères qui se déroulera lundi 14 septembre à Bordeaux sous le marteau de Maître Alain Bricadieu, j’ai découvert avec stupéfaction trois lots qui sont chacun présentés comme étant un « objet de maîtrise en bois teinté. Travail de compagnon ». J’en reproduis ci-dessous les photos.

ALERTE : À Bordeaux, des objets de décoration proposés lundi 14 septembre aux enchères comme étant des ouvrages de Compagnons.

La chose peut hélas berner un public simplement intéressé par le compagnonnage et/ou avide de posséder quelque « fétiche » de ces fabuleux Compagnons, assurant de la sorte une forme d’enracinement « opératif » à une approche par trop « spéculative ». Même si je ne porte pas beaucoup d’estime à cette forme d’intérêt, il ne m’est pas possible de laisser faire sans rien dire.

Les trois objets proposés à la vente sont en réalité des objets de décoration qui n’ont absolument rien à voir avec le compagnonnage. Ce sont des réalisations, fabriquées en petite série en Chine et commercialisées en Europe par une société allemande, sans aucune ambiguïté quant à ce qu’elles sont. Voici la capture d’écran de la page internet du site de la société Geodus où sont proposés les trois modèles qu’elle commercialise. On y reconnaîtra sans peine nos trois « objets de maîtrise, travaux de compagnons ». On y remarquera également un petit escalier que j’ai déjà croisé sur un célèbre site de vente en ligne, proposé comme chef-d’œuvre, ancien, de compagnon…

ALERTE : À Bordeaux, des objets de décoration proposés lundi 14 septembre aux enchères comme étant des ouvrages de Compagnons.

Ayant pris connaissance vendredi matin de cette vente, j’ai aussitôt alerté par mail le commissaire-priseur concerné. Vu l’urgence et ne recevant aucune réponse rapidement, j’ai finalement passé un coup de téléphone vendredi en début d’après-midi. Après avoir dans premier temps perçu mon appel comme étant une « menace », la personne avec qui j’ai parlé a semblé prendre au sérieux mon expertise gracieuse. À 15 h 40, elle m’a envoyé un courriel dont voici la substance :

« Faisant suite à votre appel et à vos envois via interencheres.com, je vous informe que nous avons fait le nécessaire pour modifier les lots 250/251/252.
250 - Sujet en bois teinté « Pinacle » travail de décoration moderne. 63 cm
251 - Sujet en bois teinté « Escalier de clocheton » travail de décoration moderne. 91 cm
252 - Sujet en bois teinté « Escalier double » travail de décoration moderne. 42 cm
Cette modification sera effective en ligne d’ici 1 heure. »

Ces formulations me semblent en effet parfaitement exactes et acceptables. Mais nous sommes le lendemain et il est midi passé… Rien n’a été modifié sur le site internet. Problème technique ? Ou mauvaise volonté, le vendeur des lots ayant manifesté au commissaire-priseur son mécontentement ? Je ne sais. Peu m’importe au demeurant : il me semble par conséquent raisonnable d’alerter ici, autant que faire se peut, les éventuels acheteurs.

Il est au demeurant à noter que ces mêmes produits sont proposés à la vente par la Librairie du Compagnonnage à Paris et que, bien qu’évidemment vendus par celles-ci pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire simplement des objets de décoration n'ayant rien à voir avec le compagnonnage, cela entretient néanmoins très facilement la confusion dans l’esprit du public. J’ai ainsi déjà croisé quelqu’un à qui l’on avait offert une de ces maquettes et qui ne voulait pas démordre du fait que, venant de la Librairie du Compagnonnage, il s’agissait « donc » d’un chef-d’œuvre de compagnon… et que je n’y connaissais rien ! Décidément, je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer.

Pour information, voici le lien sur le site interencheres.com vers le premier des trois lots vendus aux enchères ce lundi. Il suffit ensuite de faire défiler pour voir les deux lots suivants :
CLIQUER ICI

Je compte sur vous tous pour faire circuler l'information. Nous verrons bien si ces trois lots finissent par être correctement renommés, et également (merci aux amis Bordelais de s'en assurer s'ils ont le temps de se rendre à la vente) si, durant la vente, le commissaire-priseur indiquera expressément qu'il ne s'agit en aucun cas de travaux de compagnons du Tour de France.

ALERTE : À Bordeaux, des objets de décoration proposés lundi 14 septembre aux enchères comme étant des ouvrages de Compagnons.

L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)


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