Voici venu le temps du Beaujolais Nouveau ! On le connait tous, que l'on s'intéresse au vin ou pas, à tel point que pour beaucoup Beaujolais rime avec Beaujolais Nouveau. C'est à la fois une bonne chose... et une moins bonne. C'est d'abord une grande réussite. La tradition du vin nouveau existe depuis longtemps en Beaujolais, au niveau local. Mais ce n'est que dans les années 1970 qu'un groupement de producteurs eut l'idée de populariser cet événement à travers la France. Et le succès fût au rendez-vous. Le reste de l'Europe suivit dans les années 1980, puis les Etats-Unis et l'Asie. Depuis 1985, son jour officiel de sortie est fixé au troisième jeudi de novembre, qui tombera le 19 cette année. Le jeudi fût judicieusement choisi afin de maximiser les ventes le week-end qui suit.
Il n'y a a priori que du bon dans cet événement : un succès mondial, un événement joyeux mettant en avant un vin gai, un vin simple mais un vin de plaisir et de fête, frais, fruité, un vin de copain. C'est aussi une belle réussite économique : un gros volume de vin ordinaire autrement difficile à écouler vendu en quelques jours seulement, un bel apport de liquidités quelques semaines seulement après les vendanges. Alors où est le problème ? En fait, le problème, c'est le succès. Le Beaujolais est une vaste région, rattachée à la Bourgogne, qui à partir d'un même cépage (le Gamay) produit des vins variés grâce à sa richesse de terroirs. C'est ainsi que l'on distingue 10 crus spécifiques, 10 appellations au sein de la région Beaujolais avec leurs propres caractéristiques, leur identité. Des vins de terroir, plus complexes que leur cousin le Nouveau, parfois de longue garde. Et c'est là que le bas blesse : le Beaujolais Nouveau leur fait beaucoup d'ombre. Il contribue fortement à ce que dans la tête de nombreux consommateurs Beaujolais égale petit vin de soif, facile et désaltérant, à boire dans l'année.
Cela étant dit, ne gâchons pas notre plaisir. Le Beaujolais Nouveau arrive et il mérite d'être apprécié pour ce qu'il est, il serait dommage de ne pas en profiter ! Et peut-être constituera-t-il pour certains d'entre vous une joyeuse porte d'entrée vers des vins plus complexes et plus variés, plutôt que de phagocyter ces derniers. La situation est d'ailleurs heureusement en train de changer : après des années très difficiles pour la région (qui a tenu plusieurs années le triste record du plus haut taux de suicide chez ses vignerons), le Beaujolais et ses Crus reconquiert peu à peu le palais des consommateurs, il est en bonne voie pour regagner ses lettres de noblesse, comme en témoigne la récente hausse des ventes dans notre plat pays.
En résumé, aimez le Beaujolais Nouveau pour ce qu'il est : un vin gai, un vin de fête et un événement joyeux. Et, si ce n'est pas déjà le cas, intéressez vous dans la foulée aux autres vins de la région, et ne les voyez pas comme des substituts du Nouveau mais comme des vins de terroir, variés, complexes, gastronomiques et parfois de belle garde. Rappelez-vous : le Beaujolais fait partie de la Bourgogne.
Ce contenu a été publié dans Actualité du vin, Vinogusto, avec comme mot(s)-clef(s) #beaujolaisnouveau, Beaujolais, Beaujolais Nouveau. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble