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Emotionnellement ou étiquêtement vôtre… une idée ?

Par Mauss

Chaque jour la boîte mail nous donne des cotations de prix de sortie des primeurs bordelais 2015 et le n° spécial de le RVF qui vient de sortir nous liste une somme importante de références classées par région, qualitativement cotées avec prix.

Finalement on peut constater que dans les deux régions majeures - avec la Champagne à l'affût - on trouve de beaux commentaires qu'il s'agisse de vins à 3 chiffres (style Palmer) ou de grands modestes à 2 petits chiffres (style Domaine de l'A qui va vite s'épuiser chez Caves Taillevent ou ailleurs). A tout le moins, il faut être de sacrée mauvaise foi pour crier haut et fort que les bons vins ne sont plus abordables pour nos bourses riquiqui.

L'oeil perspicace du chercheur, peu sensible aux adrénalines que peuvent véhiculer quelques grands noms constatera également qu'ailleurs, Rhône, Savoie, Languedoc, Loire, Alsace, Beaujolais, Corse, Provence et Roussillon, il y a de quoi charger sa cave en crus de garde. Une Roilette un soir d'été, servie bien fraîche : c'est-y pas une bonne idée ?

La question critique que chacun doit se poser : est-ce que, émotionnellement parlant, une belle étiquette classée et historique est capable de suffire à votre émotion gustative ou est-on simplement satisfait d'honorer des invités avec un nom alors que dégusté à l'aveugle ce cru serait parfois du côté des bof-bof niveau RQP ?

La question de base est donc : vers où vont nos neurones d'appréciation des choses ?

De l'autre côté, si un inconnu, un sans grade historique ou de classement se révèle une beauté quasi éclatante, est-on satisfait de cette seule émotion du jus ou manque t'il à la satisfaction de notre ego ce supplément d'âme, cette adrénaline du frisson du nom qui recevra systématiquement un a priori maousse costaud ?

Tout cela est bien sûr fonction de la force de caractère de chacun. S'éloigner des codes marketing, et ce pour tout ce que nous offre la société marchande, c'est avoir une belle force de caractère. Combien d'achats ne faisons nous pas simplement pour suivre une mode, un nom, une marque ? Nous sommes dans un monde où la communication directe est en train de bien modifier la consommation, qu'elle soit politique (tellement facile de signer anonymement une pétition politique par internet alors que rien ne dit qu'on aurait fait la même chose sur papier avec identité), qu'elle soit amazonienne ou wikipédienne.

Un exemple, toujours tiré de ce n° spécial de la RVF : ce fameux restaurant nordique mis au pinacle "meilleur restaurant du monde" qui se pique de n'avoir aucun bordeaux, le jeune chef étant avant tout un passionné du Jura dont il a moult références !

Ecrire à partir de cet exemple qu'il n'y a plus rien de sacré dans le monde du vin, ce serait aller vite en besogne. Plein de démentis possibles avec les exemples nombreux de restaurants loin de tout sectarisme comme Ma Cuisine à Beaune ou Univerre à Bordeaux. 

Mais la question qui me vient alors à l'esprit est la suivante : la garde des vins.

Eu égard aux valeurs que représentent les grands crus bordelais ou bourguignons dont on veut quand même posséder quelques exemplaires, eu égard au fait que ce sont toujours des vins nécessitant un long séjour en cave idoine pour atteindre une valeur gustative justifiant le prix, ne serait-ce point une bonne idée, pour quelques maisons de commerce comme Millesima d'offrir un espace de garde dans leurs entrepôts à un modeste coût annuel autour de € 0,5 par an et par bouteille ? Ces Maisons ont les moyens de la chose, et en sus, ce serait une belle garantie d'authenticité à un moment où le florilège des faux prend des proportions inquiétantes ?

Je crois savoir que cela se pratique ici ou là (merci me le communiquer) avec cette possibilité pour ces Maisons de négoce de racheter vos vins au cas où les cravatés de Bercy vous feraient quelque malheur intempestif.

Bref : compte tenu de ce que peut représenter les beaux vins dans la colonne "actifs" de chaque amateur, il n'est que temps de donner à la chose certaines garanties de conservation optimale et ainsi, émotionnellement ou étiquêtement vôtre vous pourrez bénéficier de vos folies vineuses en grande satisfaction.


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