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Grappillages d'automne : peut-on encore sauver les campagnes françaises ?

Par Mauss

Le livre de Christophe Guilluy :

" La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires "

et avec la somme magistrale d'Alexandre del Valle

" Les vrais ennemis de l'occident "

doivent faire partie des achats prioritaires de quiconque s'intéresse au devenir de l'Europe, deux livres tellement aux antipodes des velléités d'un président dont le destin aurait dû le limiter à une petite carrière de journaliste de troisième zone portant une barbichette incertaine.

D'abord un constat sur lequel chacun peut avoir une vision positive ou négative, mais qui est réel et probablement irréversible : ce qu'on appelle la mondialisation.

Il est frappant de constater à quel point, pour le moment, les campagnes françaises où vit d'après Guilluy 40 % de la population, sont dans un état quasi cataleptique: 1/3 des paysans aurait un revenu mensuel autour de € 300. Et sans aucun signe de révolte - pour le moment - type banlieues des grandes agglomérations.

Dans le monde du vin, un secteur d'activités qui correspond à nos passions, nous avons la chance de pouvoir constater chaque jour à quel point la culture de la vigne alimente vigoureusement une vie sociale qui est une sorte de "benchmark", de référence, sur ce qui fait la singularité vivante de bien des régions européennes. Allez vous promener en Alsace, au bord du Rhin, en Aquitaine, en Rhône, au Piémont, en Bourgogne, en Champagne, en Toscane, au Douro, en Valais, en Wachau : partout vous trouverez des villages réellement vivants. Mais cela reste une sorte d'exception quand bien même elle représente une proportion sensible des campagnes européennes.

Mais là où l'élevage ou la culture de céréales sont les seules activités économiques, la chose est tout autre. Des maisons - même des bourgs et villages - abandonnées, des familles vieillissantes, des écoles fermées pour manque de gamins, plus de bistrots, parfois encore un bureau de poste, une église dont les cloches ne sonnent plus, bref : des communes en mort lente et - encore - silencieuses.

Quelle attitude avoir face à un tel état des choses ?

Dire que c'est fatal, que c'est une évolution irréversible, que c'est une nostalgie inutile : cela peut se comprendre tout en étant une attitude vaine comme pas permis !

Dire qu'on est en train de perdre un patrimoine si singulier dans le monde actuel mais qu'il faut trouver comment le sauver et surtout comment le faire revivre : cela devrait être une tâche prioritaire des autorités comme des citoyens.

Réduire quelques régions à des activités touristiques comme la venue des britons l'a fait pour bien des villages gascons, c'est en fait réduire ces campagnes à des résidences secondaires où manqueront les marmots bruyants faisant les 400 coups dans les campagnes alentour.

Des portes de sortie ? L'internet ? Bien sûr qu'on peut trouver trace de jeunes sociétés ou entrepreneurs individuels profitant d'un réseau puissant - il n'y en a pas partout : mais ce doit être là aussi une priorité d'installation - pour gérer une activité rémunératrice sans être obligé d'être en métropole.

Il me reste encore bien des chapitres à lire du livre de ce géographe Guilluy, et comprendre ses propositions, mais le propos de ce billet bien trop généraliste et sommaire est de dire aux amateurs de beaux vins qu'il est essentiel de parcourir les campagnes viticoles, d'aller à la rencontre de vignerons avec lesquels tant d'échanges sont possibles et souhaitables, et se souvenir à quel point nous avons la chance folle de pouvoir vivre de belles expériences de vie réelle où la terre est un acteur actif de cette vie avec toujours cette supériorité qui force une modestie et un respect, deux traits fondamentaux pas évidents dans les grandes métropoles.

Alors, quand on constate à quel point le monde du vin est vilipendé par tant de pisse-froid, plus que jamais il faut comprendre qu'avec un minimum d'imagination et de volonté, ce patrimoine des campagnes européennes doit être préservé, entretenu, sans que cela soit totalement incompatible avec l'évolution type "mondialisation". L'Europe est riche : elle a la culture de cette histoire unique, elle en a les moyens mais elle a trop perdu cette volonté d'agir devant des évidences de mort lente qu'on ne doit pas accepter, fan de zou !


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