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(feuilleton) Cécile Riou, "Phrase unique", 24

Par Florence Trocmé

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(…) et dans l’incompréhensibilité on peut aussi ranger le nom des arbres, le nom : par exemple, le lilas se pare des mêmes couleurs, au même moment, de même motif, que l’arbre de Judée, pourtant loin par le climat et le terrain (qu’on appelle climat en Bourgogne, nom de terrain : le climat) du désert que j’imagine longer le Jourdain, donner son nom à Judith, de même que Lila est je le sais un prénom féminin que l’on pourrait porter dans les mille et une nuits, aussi de loin je ne sens pas plus le parfum de l’arbre de Judée que celui du lilas, blanc, mauve, violacé, isolée par le rideau de pluie qui range ses gouttes alignées, neutralise les parfums, promène les escargots toutes cornes dehors, fait écran au poème des (…)
(…) CHOSES QUI SONT MOUILLÉES
les pieds, partant les chaussettes, dans les baskets à trous
un baiser
progressivement, le risotto
« dans une terre grasse et pleine d’escargots » dit Baudelaire
les consonnes gl, en italien, j en polonais,
quand on sort de la piscine, les cheveux, le maillot, la serviette
les plus jolis galets qu’on ramasse sur la plage, assez communs une fois secs
un autre baiser d’autre bouche
Urss Mouilleur plongé dans un lac de rétention
le drap accroché au chant supérieur de l’ouvrant, un bleu, un blanc, un autre blanc, trois fantômes domestiques (…)
(… autant qu'attachées à la maison, le lacet rond ciré, le cordonnet, le lacet plat qui se trouvent en quarante-cinq centimètres (2 œillets), quatre-vingt-dix centimètres (5 œillets), cent dix centimètres (6 œillets), et je gage qu'Euler trouverait une fonction développant le type de lacet pour soulier gullivérien, et même, qui sait, pour celui au cou d'Olympia (elle aurait alors trois lacets de rechange pour jour de désespoir ou d'érotisme à ficelage de type gigot), personne n'ignore que pour des raisons pratiques (voire Kantiennes) et littéraires (voir Leiris) c'est plutôt un ruban à la matière indéterminée (satin? velours?) qui entoure le cou de l'Olympia de Manet; on pourrait aussi supposer – et je ne m'en prive pas – qu'elle le troque contre un ruban (plat) de réglisse, qu'elle troque et recroque, tout à fait ignorante des (…)
(…) CHOSES QUI SE TERMINENT
le mois d'avril
la tablette de chocolat
cinq boutons pour défaire un jean
la journée sur un brossage de dents
la communication inachevée, car la batterie du téléphone est déchargée
les histoires d'A
la bouteille de gaz, le dimanche
sur une cadence majeure, le concerto de Mozart K 453
les contes
le verre plus qu'à moitié vide
« du jour au lendemain », une émission d'Alain Veinstein, déprogrammée à laquelle pourtant (…)


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