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(Anthologie permanente) 10000ème post de Poezibao / Jean Tardieu

Par Florence Trocmé

Jean Tardieu  oeuvresCe post est le 10000ème effectué dans Poezibao
depuis sa création le 30 novembre 2004.

Je reprends ici le poème de Jean Tardieu, publié à cette occasion.
Le rôle du poète n’est-il pas de donner la vie à ce qui se tait dans l’homme et dans les choses, puis de se perdre au cœur de la Parole ?
Cette parole qu’un peuple d’ombres se transmet d’une rive à l’autre du temps, il semble qu’une seule voix sans fin la porte et la profère.
Elle seule, dépositaire d’un monde de secrets, tire de notre absence une longue mémoire, dessine dans l’espace la figure de l’Homme et prête à nos hasards la forme d’un destin…
Mais peut-être, au-delà d’elle-même, si nous prêtons l’oreille avec plus de ferveur, pourrons-nous percevoir l’écho de ce qui n’a même plus de nom dans aucune langue
Les paroles alors, qu’elles soient transparentes ou opaques, humbles ou chamarrées d’images, ne contiendront pas plus de sens qu’un souffle sans visage qui résonnerait pour lui-même sur les débris d’un temple ou dans un champ superbement désert depuis toujours ignoré des humains.
Ainsi, qu’il laisse un nom ou devienne anonyme, qu’il ajoute un terme au langage ou qu’il s’éteigne dans un soupir, de toute façon le poète disparaît, trahi par son propre murmure et rien ne reste après lui qu’une voix – sans personne.
Jean Tardieu, Une voix sans personne, Gallimard, 1954, repris dans Tardieu, Œuvres, Quarto Gallimard, 2003, p. 489.
Jean Tardieu a ensuite souvent été présent dans Poezibao :
extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7, extrait 8, extrait 9, extrait 10, extrait 11, ext 12, ext. 13, feuilleton Tardieu à 360° de Frédérique Martin-Scherrer, épisodes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, ext. 14 (lettre à Pol Bury), sommaire du feuilleton,
Il faut savoir que l’ouverture de Poezibao avait été précédée d’une longue participation au site aujourd’hui disparu Zazieweb, avec notamment un almanach poétique qui fut enrichi mille jours d’affilée. Il n’est plus disponible aujourd’hui, mais Poezibao envisage de le proposer sous forme de documents PDF.
Le premier poème de toute cette très longue série constituée par l’almanach poétique de Zazieweb et l’anthologie permanente de Poezibao, inaugurée le 1er janvier 2002 et que l’on peut estimer à plus de 4000 extraits, fut un texte de Jacques Dupin :
Imaginons
Que s'écroule la prison
Alors le souffle se dégage
Et se perd, se plante en pleine terre
Pour resurgir, s'égailler
se livrer au nuage blanc,
franchir son propre désert,
un nulle part matriciel asséchant –
il plonge à travers ses orages
le souffle  - à nouveau vivant.
Jacques Dupin, le Corps clairvoyant, 1963, 1982, Poésie/Gallimard 1999.


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