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(Brèves de lecture) Jules Vipaldo, Christiane Veschambre, Sammy Sapin

Par Florence Trocmé

Jules Vipaldo  le banquet de plafondJules Vipaldo
Le banquet de plafond
Ed. Tinbad, 2018, 140 pages, 18 €
18€
Jules Vipaldo est l’auteur du drôlissime Pauvre Baudelaire (1). Poète hilare, entre Maurice Roche (moins macabre), et Jean-Pierre Verheggen (moins grotesque), ne cherchant pas à être lu par le plus grand nombre (« pour être bien, ou mieux lu »), et malmenant pour ce, et joyeusement, et outrancièrement, la langue dans tous les sens pour que ça s’agite en un récit foutraque, Jules Vipaldo fait dans « la bricole métaphysique », comme le titre l’indique. Non qu’il ait une araignée au plafond, mais la philosophie à ras l’ordinaire et le domestique : il y a des souris dans le grenier, une panne de tondeuse, un rendez-vous dans un centre auto etc. Il sait que « je est une outre » (et « que tout finit par verser dans le tout à l’ego »), et ne s’en prive pas, aussi, à l’aide de son auto-personnage Jules, regonflé, il vous fait, lecteurs, une petite irrévérence ébouriffée en pas de danse qui ressemblent fort à une fête des fous (du verbe). Il est heureux de rire en poésie, et de la poésie.
Jean-Pascal Dubost
(1) éd. Les Doigts dans la prose, 2015
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Christiane Veschambre  ils dormentChristiane Veschambre 
Ils dorment 
L’Antichambre du Préau, 2018, 25 p.
Des mots funambules
Une douzaine de pages écrites par Christiane Veschambre, Ils dorment (Ed. L’antichambre du Préau) à sa manière si minimaliste, si précise, à la fois si douce et si implacable. Elle dort, il l’aime, il est conducteur de bus, il va se promener, il regarde la rivière, il écrit dans son carnet. La scène se reproduit. C’est un écho, un hommage, un petit chant d’amour à Paterson, le film de Jarmusch, sur William Carlos Williams. Le poète est Paterson, elle, qui dort, qui est aimée, c’est Laura. Paterson est tenu par le fil de son amour pour Laura, « cette vivante » comme Christiane Veschambre dit plusieurs fois, il est vrai que les poètes se sentent souvent à demi-morts. Tous les jours il se réveille, il l’embrasse, tous les jours elle qui l’aime lui dit de recopier ses poèmes. Un jour le chien les mange.
Je ne sais ce qui est le plus bouleversant : eux qui s’aiment, ou les poèmes.
Ou le carnet, à la fin, comme don.
Ou cette écriture, funambule. Le tout, écho d’un art par l’autre.
Isabelle Baladine Howald

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Sammy Sapin  c'est meilleur que n'importe quoiSammy Sapin
C’est meilleur que n’importe quoi
Cactus Inébranlable éditions, 2017, 76 p., 9€
En des fragments titrés et numérotés entrecroisant des « inscriptions » (Scuténaire, bien sûr, mais aussi Perros, Lichtenberg et quelques autres fragmentistes, ou pas), Sammy Sapin (aussi blog-poète) fait preuve d’un étrange humour : il ne lui importe ni de faire rire ni le sarcasme bien pointé. Il y est plutôt question, dans ce recueil, de tomber de haut pour voir en bas ce qui s’y passe. Avec une pointe d’absurde, c’est à la platitude que s’intéresse Sammy Sapin, à cette évidence devant quoi peu s’arrêtent (l’absurde n’est-ce pas ce qui grossit l’évidence qu’on ne voit ni avant ni après le grossissement ?) Sourire, ou ne pas sourire... D’une certaine manière, le poète joue au chat et à la souris avec notre aptitude à sourire, c’est ce qui est cocasse. Alors, si les cailloux ont des rides, si des poissons traversent la rue, si une actrice porno porte une ampoule rectale, étonnez-vous ; et puis réfléchissez. Les fragments et inscriptions de Sammy Sapin vous y invitent.
Jean-Pascal Dubost


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