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(Poètes) Gellu Naum

Par Florence Trocmé

Gellu NaumGellu Naum est un poète roumain (1915-2001). Son ami le peintre Victor Brauner lui fait connaître le groupe d’André Breton et il se désignera alors comme un surréaliste, quoique plus attiré par une vie poétique individualiste et l’art brut du Facteur Cheval que par les mouvements d’avant-garde. Il se liera quand même dans des groupes éphémères : à Paris en 1938-39 avec des exilés roumains comme Brauner et le peintre Jacques Herold, et à son retour chez les surréalistes de Bucarest avec le superbe Gherasim Luca et d’autres. Ensuite à la prise de pouvoir communiste en 1947 le mouvement surréaliste est interdit en Roumanie. Gherasim Luca émigrera plus tard vers la France et Gellu Naum restera dans un exil intérieur, gagnant sa vie en traduisant (Kafka, Beckett) et écrivant des livres pour enfants. Il rencontre aussi sa femme Lyggia, une artiste avec qui il vivra toujours, et qui apparaît parfois dans ses poèmes et récits. Vers 1968, alors que la Roumanie s’est trouvé d’autres poètes célèbres comme Nichita Stanescu, Gellu Naum réussit à recommencer à publier (après 20 ans d’interdiction) avec Athanor, un de ses recueils importants. Son « surréalisme » se développe en réalisme onirique pensé, avec une exactitude à la Magritte, teinté d’une ambiance d’absurde kafkaïen discrètement menaçant, souvent propre à la littérature d’Europe de l’Est sous l’empire soviétique. A la fin des années 60, d’une santé fragile, il se retire dans un village avec sa compagne près des marécages du Danube, où il passe des journées entières écrivant sur un petit bateau. Quand en 1968 le grand poète expérimental de la minorité germanophone roumaine Oskar Pastior fuit la dictature de Ceaucescu et passe à l’Ouest, il emporte Athanor dans sa poche, et reviendra régulièrement à l’œuvre de Gellu Naum quand il aura des crises d’inspiration : les traductions de Gellu Naum réalisées ici pour Poezibao sont donc influencées par le gros volume allemand de ses poèmes complets transposés par Pastior ; le livre, publié chez Engeler, est intitulé d’un néologisme que Gellu Naum associait aux poètes médiocres et parfois à lui-même par auto-dérision  : pohésie.
Bibliographie sélective :
Drumetul incendiar, 1936
Vasco de Gama, 1940
Culoarul somnului, 1944
Spectrul longevității, 122 de cadavre, 1946
Athanor, 1968
Copacul-animal, 1971
Tatăl meu obosit, 1972
Zenobia, 1985 (roman)
Focul negru, 1995
Sora fântână, 1995
Ascet la baraca de tir
, 2000
Opere I. Poezii, Editions Polirom, Bucarest, 2011   (poèmes complets)
Traduction en français :
Mon père fatigué, Arcane 17, 1983
Discours pour les pierres, L’Age d’Homme, 2001
La Voie du serpent, Editions Non Lieu, 2017
Tous traduits par Sebastian Reichmann.

Sitographie :
Un article de 1995 dans Libération sur Gellu Naum
Vidéo de 3 minutes où Gellu Naum lit dans sa maison un poème sur ses sept mères « La urma urmei »
Une étude sur le thème de l’alchimie dans les écrits de Gellu Naum au début du groupe surréaliste roumain
Jean-René Lassalle


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