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(Anthologie permanente) James Sacré, Figures de silence

Par Florence Trocmé

Sacré  figures de silencesJames Sacré publie Figures de silences aux éditions Tarabuste.
Bien sûr que j’ai lu des livres. Dans le désordre, et pas tant.
On y passe à travers le bruit des mots, paroles
Perdues pas comprises, rien de pensé n’importe quoi
Tout s’en va
Avec le temps qui va, topinambours, froid de janvier, plus tard
Les foins, le maïs à défeuiller, bien sûr qu’aussi la vie
Désordre encore, couleur des saisons, colères
Ou la douceur, livres qu’à la fin j’écris :
Ça continue, venu de je sais pas, rien
Pour aller où ?
/
N’importe quels mots c’est bon, tu peux tout recopier
Comme fait le peintre Chaissac, c’est
Nouvelles du monde et matière
A ses lettres qu’il envoie, et que répondre
Ça n’a pas d’importance.
Bout de papier journal pour envelopper un achat,
Ou le courant continu de la parole
Qui va de l’enfance à la mort
En traversant ton corps. C’est toujours de la copie
La poésie.
/
A force de penser que sans doute
On ne dit rien de ce qu’on voit ni
De ce qu’on aime, en poésie,
Et qu’aussi l’affaire de rythme et de mise en forme des mots
N’est qu’un léger engrenage de l’humeur qu’on a
Avec plein d’imprévues contingences,
À force,
On n’a plus pour écrire
Qu’un vague mais persistant souci
De proposer un poème. Encore un autre. Un autre et le même
/
On se dit, voilà je vais savoir
Savoir un peu plus, savoir
Qu’on ne saura pas. Écrire un poème
S’en va dans l’ignorance et des mots
C’est que façon de continuer pareil
Que tout là-bas travail
Autrefois dans les champs le dernier chou planté, demain
Faut tout recommencer, demain tu vas mourir
C’est tout ce qu’on sait
Pour finir
/
Jusqu’à Lucerne Valley
On a comme une belle dorne tendue de créosote
Qui s’en va dans la montagne basse
Et dans tout ce vert légèrement cuivré
De temps en temps un joshua tree solitaire
Fait un signe compliqué de branches. Bientôt des habitations
(Bourg éparpillé sans forme) défont le paysage.
On reprend sur la droite vers Barstow
Par des étendues de prairie mêlées de sécheresse
On va droit vers la montagne, ligne de poteaux électriques en bois maigre
Et des toits de tôle pour des bâtiments de fermes loin dans les côtés
Puis la créosote encore avec des touffes de vert plus gris, la solitude aussi
De quelque mobile home blanc. Et celle de la végétation
Qui va butter contre des levées de roche grise.
/
7
On n’y pensait pas.
Vivre te donnait le monde, des livres, des visages.
La confiance et le plaisir
Transportaient le passé
Dans le vert inépuisable du présent
Vers un demain qu’on allait cueillir...
On allait
Vers le mot silence :
*
Le silence du monde
(Même dans ses plus grands bruits de guerre)
Celui des livres (on peut relire)
Et le silence des visages, quand bien même
On les aimera toujours (comme on croit pouvoir dire)
*
Des mots qu’on avait, qu’on a toujours
Finissent par n’être on sait pas quoi
Dans l’absence qui les ignore.
On sait pas quoi
Dans le mélange de confiance et de temps
Qu’est la vie. La vie
Peut-être diminuée, elle diminue
Elle s’en va
Dans l’absence qui l’ignore
Qui la tient déjà
Par ces mots qui ne parlent pas.
Qui ne parlent plus ?
James Sacré, Figures de silences, Tarabuste, 2018, 164 p., 15€, pp. 20, 24, 25, 39, 103, 130.
Sur ce livre, lire dans Poezibao la note de Régis Lefort
Sur le site de l’éditeur.  
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