Ibrik Kitchen

Les Balkans à portée de fourchette. Une cuisine très soignée, à la fois familiale et fort bien réalisée.

A Paris, comme dans toutes les grandes mégapoles européennes et américaines, vous pouvez vous attabler devant des assiettes venues du monde entier. Paris particulièrement, et peut-être New York. Du Tibet à l’Ethiopie, en passant par la Russie, le Vietnam et l’Afghanistan, toutes les cuisines sont à votre portée. Jusqu’à aujourd’hui, la Roumanie n’avait pas d’ambassade culinaire. C’est chose faite avec l’ouverture d’Ibrik Kitchen, peu de temps après l’Ibrik Café.

A l’origine du projet, la jeune et sémillante Ecaterina Paraschiv, née à Bucarest mais arrivée en France dès l’âge de six ans. Plus tard, bien plus tard, elle souhaite retrouver ses racines à travers les habitudes et les spécialités de son pays d’origine. Un pays aux influences diverses, balloté par des invasions incessantes, mais surtout par la main mise de l’Empire Ottoman dans cette partie des Balkans, ouverte également aux vents slaves venus du nord. On retrouve ces influences dans la typicité de la cuisine roumaine avec, pour elle, une touche méditerranéenne venue de son grand-père grec.

Sa carte est la parfaite illustration de ces influences, fidèle aux traditions mais avec une réalisation d’aujourd’hui. Les deux chefs qui officient en cuisine ont à peu près la même histoire. Ouidine Malisevchi et Bogdan Alexandrescu sont d’origine roumaine mais leur parcours de cuisinier s’est déroulé majoritairement en France avec des passages chez les étoilés, dont Anne-Sophie Pic pour l’un des deux.

Ainsi, bortsch, feuilles de choux farcies, goulash, viandes rôties et parfumées, sont préparés avec soin et façonnés par la cuisine française d’aujourd’hui. Une alliance qui donne des plats nourrissants, chaleureux, et fort goûteux. Une véritable cuisine familiale mais réalisée par des mains expertes.

Le « Icre de fasole » est un caviar d’haricots blancs, fin et savoureux, surmonté d’une compotée d’oignons du meilleur effet. Le goût dans la simplicité… ou le contraire.

Le Pastrama est une viande de bœuf saumurée qui rappelle la présence d’une communauté juive en Roumanie dont le pastrami était la nourriture ombilicale, bien exporté plus tard à New York. Viande de bœuf saumurée, ici coupée en tranches moins fines, et servie sous cloche pour conserver l’odeur de fumée fournie par de la sciure de bois, injectée juste avant de servir. La viande est tendre, parfumée, mais peu épicée par rapport à l’original.

Par définition et par tradition, le Goulash, plat d’origine hongroise mais répandu dans tous les Balkans, est familial par excellence, chaleureux par essence, et goûteux si bien réalisé. C’est le cas chez Ibrik : généreux, bien mijoté, à base de poulet et assez doux par la discrétion du carvi et du paprika. Allégé mais impeccable, servi avec une purée comme à la maison.

Autre plat phare de la maison, les Feuilles de choux saumurées, comme pour la choucroute, farcies à la viande de porc et servies avec une polenta un peu sèche, et du fromage blanc.

Desserts variés : ganache de chocolat, gâteau aux pistaches, consommé de coings (sans grand intérêt), mais surtout celui qui remporte tous les suffrages à juste titre au nom trop mignon de «papa-nashi ». Délicieux petits beignets à la crème fraiche, décorés de confiture maison aux fruits rouges, et le tout arrosé d’une réduction de vin chaud épicé. Addictif !

Carte des vins très courte mais qui permet de découvrir des bouteilles venues d’ailleurs : Hongrie, Slovénie, etc (de 6 € à 7,50 €). Service vif et motivé, ambiance jeune et bruyante le soir dans une salle claire et agréable au confort minimaliste mais le cœur y est et c’est là l’essentiel. Une cuisine à découvrir car très soignée, à la fois familiale et fort bien réalisée.

Ibrik Kitchen
9, rue de Mulhouse
75002 Paris
Tél : 01 70 69 42 50
M° : Sentier
Fermé lundi
Ouvert de midi à minuit (dernière prise de commande à 22h)
Dimanche de midi à 18h (brunch)

Formule à 15 €, le midi en semaine
Carte : 40/45 €