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(Anthologie permanente) Stéphanie Ferrat, Côté ciel, notes d'atelier

Par Florence Trocmé

Stéphanie Ferrat  Côté ciel  notes d'atelierStéphanie Ferrat publie Côté ciel, notes d’atelier aux éditions La Lettre volée.
L’état doit être celui de l’absence. Geste reculant le corps, tête sinueuse ; comme rayer une phrase sur un cahier.
Ce sont les gestes qui, s’agitant, effacent la pensée.
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Ce matin encore, tout est déjà trop tard. Formes à terre, rien ne se lèvera.
Trop tard car les mots ont occupé la place d’air pur.
Quand le temps s’étire, c’est que l’énergie est coincée en amont. Ce temps-là est un puits sans fond.
L’équilibre est rare. Rare de tout, pour tout.
Là-dessus, le ciel, son aspiration.
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Pour travailler, 4 mains. Celles que l’on connaît, d’autres inventées.
Toutes doivent s’agripper à un même moment.
Lorsque tout est devant, comme est-ce ?
Un appel vide, une agitation liée à la peur brute ?
Que s’est-il passé dans cette absence ?
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Chercher en premier une sensation.
Avant de condamner, laisser le regard entrer dans la forme, la digérer.
A un moment, le papier revient au visage, le hante.
Ici se trouve peut-être un départ.
Ou seulement la peur. Entière, murale.
Quelque chose de glacial qui absorbe tout le corps, l’enserre.
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Je ne suis témoin que de l’échappée.
Le fer n’est qu’un petit support, à peine une consolation.
Je sacrifie la poésie à l’approche de la nuit, long fil de gestes à ne pas interrompre.
Je sacrifie la peinture aux matins trop courts, mangés de fleurs, de graines à orienter. Incapable de construire une résidence isolée, l’être dans l’être, main placée au centre de l’eau.
Tout glisse. J’ai travaillé à ouvrir, maintenant que tout est au dehors, je balaie mon ombre de face.
/
De moins en moins je fais confiance à la tête. De plus en plus, au regard aveugle. Formes émergentes, à peine des brouillards prononcés. Rien qui ne soit verbe, construction visible. Une partie du vrai se cache sous les mots. Dire est déjà perdre l’imprononçable.
Stéphanie Ferrat, Côté ciel, notes d’atelier, La Lettre volée, 2019, 62 p., 14€, pp. 11, 12, 21, 24, 40 et 51.


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