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(Anthologie permanente) Etel Adnan, Surgir

Par Florence Trocmé

Surgir-798x1024Les éditions de l’Attente publient Surgir, d’Etel Adnan, dans une traduction de Pascal Poyet.
Les pluies retournent au son de leurs origines quand la nuit commence à s’étendre ; dans les terres, la nuit est aussi longue que les avenues désertes d’une ville,
ou le chemin vers les galaxies lointaines. Les animaux ressentent la désorientation.
Les pensées sont métalliques et fondent dans l’eau salée. Leur fréquence augmente la mélancolie, l’omniprésente mélancolie ;
Le sens est éphémère.
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Comment rejeter les platanes centenaires ? Ils murmurent durant leur reprise printanière, en cette semaine sainte qui me dit que je ne ressusciterai pas, moi, pas comme eux.
Le paradis, ce doit être rasoir, à moins que ce ne soit encore un jardin. La solitude ne fait pas penser mieux. Hélas. Elle peut rendre l’air plus épais ; ça oui, elle peut.
/
Étrangement, ce qui était il y a quelques heures une réalité cotonneuse, devient un doux, long fleuve argenté englobant tout ; sa lumière circule.
Maintenant, c’est un abandon à la mer, même si, par inadvertance, quelque énergie subsiste. Il n’y a pas d’orages sur les dolines, mais des marées, oui, d’immenses marées, qui ne se hâtent jamais.
Je nage dans « la nuit », le plus grand des océans.
J’entends les sirènes, vois glisser les canards à la surface de l’eau ; réflexions profondes. L’eau suit les canards sans jamais s’arrêter. Ce sont les cœurs qui s’arrêtent, pas les flots, pas les rivières.
Les sons font taire le langage ordinaire, l’endorment. La musique est la vibration du temps lui-même en une poussée ininterrompue, ma modulation de la pensée, la face cachée de la lune, rendant le temps inévitable.
(...)
Etel Adnan, Surgir, traduit de l'anglais (États-Unis) par Pascal Poyet, coll. « Philox », Editions de l’Attente, 2019, 74 p., 10 €, pp. 9, 13 et 17. Livre soutenu par le CNL.
Sur le site de l’éditeur
Exploration fragmentaire de la réalité, voici un livre inondé de mouvements : le mouvement de l’esprit, du temps, de la mémoire et de l’amour. Un nouveau volume de prose aphoristique et de poésie philosophique d'Etel Adnan, dont le travail a été décrit par le New York Times comme « l’héritier méditatif des aphorismes de Nietzsche, du Livre d’heures de Rilke et des versets du mysticisme soufi ».


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