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(Anthologie permanente) Peter Gizzi, Archéophonies

Par Florence Trocmé

ArcheophoniesLes éditions Corti ont publié tout récemment Archéophonies de Peter Gizzi, traduction de Stéphane Bouquet. On peut lire une note de Matthieu Gosztola à propos de ce livre.
Jours pluvieux et lundis

Au-dessus de tout ceci et
au-dessous de tout cela
entre ce oui-ci
et ce oui-là
ce qui hante
entre la fille
et les flèches
le jadis
et le lointain
entre galaxie
et litière
me parlant à moi-même
pour l’instant
une chanson
/
phrases dans un champ de synapses

Car je voulais du son / en-
foncer dans le son
Car la neige et le sang / car
le vin et les miroirs / car
les électrons / et l'électricité
Car les déchets / car l'art endommagé / notre
futur / fortune communautaires
Car tant qu'il y avait des soldats / il
y avait des poètes / car tant que des poètes
il y avait un pont
Car je voulais conserver une pièce silencieuse
Car des déchets refluaient par vague
Car tant que des particules / une charge / car
il devait y avoir l'incrédulité / d'être vivant
Car ces choses qui peuvent être dites / et puis
le mystère devient élégie
Car c'était mars qui touchait à avril / car
le jour / exprimait le jour
Car ce que tu pensais / car
ce que tu enterras / car
qui tu es
/
Crépuscule civil

La vie est grandiose ces jours-ci et il est difficile d'en
prendre la mesure.
C'est une phrase compliquée
que cette planète où l'on vit.
Et si en fait c'était pas autre chose que de l'eau
sur des pierres, splash.
Des décos en sapin grincent comme des cordes
sur un clipper
au cours d'une de ces météos de merde de jadis.
Cette balle dans l'espace émettant des cris
à travers l'espace.
Si je te voyais et que le je dise
ma poésie est en train de changer,
je dirais que ma vie est en train de changer.
Je vois ça clairement comme des lignes à haute tension
au-dessus d'une gare de triage où joue le vent.
Les notes sont là où je prends forme
et puis débarque dans la station-monde
du présent, salut.
Ça n'avait pas d'importance que la volute
n'ait pas eu lieu comme avant.
Que l'horizon moucheté
ne puisse être autrement.
C'est pile ce que je suis en train de dire,
donc je m'enfonce et ça brûle,
un meilleur whisky,
le ciel commuant le monarque en nuit.
Mais avant la lumière était sorcière,
instamatic et brillante, 6 degrés au-dessus
de l'horizon chaque jour.
Le soleil dans ce monde en chemin
démarrant de mon porche à l'ouest.
Il y a une chanson dans l'herbe
sur fond de gémissement du jet.
Tout s'évapore et pourrit,
non dans le silence mais dans la vie.
Et si tout était musique ?
Et si le jour était un contreténor
nous informant, battant la bureaucratie,
offrant de quoi subsister dans mon affaire contre les punks.
Allez, en voiture, ça ne te conduira pas au bout.
Le soleil dans la rue ou suis-je juste chanceux.
Le jour était ainsi.
Et le fait établi du soleil.
Peter Gizzi, Archéophonies, traduction de Stéphane Bouquet, « série américaine », éditions Corti, 2019, 80 p., 16€, pp. 43, 51, 53/54, sur le site de l’éditeur. On peut lire une note de Matthieu Gosztola à propos de ce livre.


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