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(Les Disputaisons) La critique en poésie, contribution de Pierre Le Pillouër

Par Florence Trocmé


Image disputaisonPoezibao
propose une nouvelle rubrique, intitulée Les Disputaisons. Il s’agira à chaque fois de débattre d’une question littéraire, en donnant la parole à plusieurs intervenants sollicités directement par le site.
Poezibao inaugure cette rubrique avec une première série à parution aléatoire, qui comportera sans doute une quinzaine de contributions. Le thème : la critique en poésie. Cette nouvelle rubrique comme cette première Disputaison ont été conçues par Jean-Pascal Dubost.

Une disputaison :
La critique en poésie

Issue de la disputatio latine, la disputaison (ou la dispute) était au Moyen Âge une pratique universitaire qui consistait en un débat dialectique oral rassemblant deux personnes dialoguant autour d’un problème théorique posé par un tiers (le maître) ; sans rhétorique, il s’agissait de raisonnement brut ; ce n’était pas une confrontation. Nous avons demandé à plusieurs critiques littéraires de disputer par écrit autour de la critique en poésie, insistant auprès d’eux sur le fait que l’appréciation défavorable y est rarissime.
Deuxième contribution : Pierre Le Pillouër

Pierre Le Pillouër

Dès la création de la revue en ligne Sitaudis en 2001, j’ai annoncé les couleurs (qui tachent et fâchent) en dressant une liste de Ceux que nous ne publierons pas puis j’ai proposé de désigner Le Pire des Poètes (en lieu et place du Prince, au prétexte que ce serait plus facile pour notre époque), tout en raillant quelques livres ou attitudes de poètes, parmi les mieux considérés du moment. 
Je me souviens de réactions indignées et de rumeurs désagréables, dont l'accusation de pratiquer la censure.
Il s’agissait pour moi avant tout d'attirer des visiteurs au-delà du cercle trop restreint des poètes lecteurs de poètes et à cet égard, ce fut une réussite fulgurante, en tout cas en termes de fréquentation francophone.
Les couleurs fluos criardes choisies par notre jeune webmaster, Emmanuel Olégine, et le concept de « taudis » contenu dans l’enseigne, indiquaient une volonté de construire un espace très éloigné de l’image et du monde des revues de poésie.
De plus, je trouvais le milieu trop ronronnant sur ses lauriers, gâté par trop de complaisance et par l’esprit de sérieux ; le web (avec son potentiel inouï de repentir impensable à l’ère de l’imprimerie) était le médium idéal pour se livrer à du Jeu (cf. dans les Citations, celle de Max Jacob : L’art est un jeu ; tant pis pour celui qui s’en fait un devoir. ») et à distribuer de damnés coups de pied d’âne, à remuer du pas net dans un esprit plus picabiesque (391) que tzariste ou TXTien (cette revue, à laquelle j’ai collaboré, a pratiqué la critique polémiste mais avec plus d’exigence et d’autres motivations).
Puis, en 2004, Nathalie Quintane a publié un texte qui a également bien agité les esprits : Monstres et couillons, la partition du champ poétique contemporain
avec un additif de 2012 ; ce texte trouvait encore matière à discussion il y a à peine un an chez un jeune auteur, Gabriel Meshkinfam.
Visant principalement l’institution « Le printemps des Poètes », N. Q. y affirmait « qu'un texte de combat peut aussi être un texte de réflexion. », ce dont je suis encore convaincu.
Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé, Sitaudis est devenu mieux qu'admissible avec un réseau de critiques exigeants dont beaucoup de « papiers » sont dignes de l'imprimerie.
Peut-être parce que je me suis mis à fuir ce qui pourrait ressembler, même de loin, à de la malveillance ; la vie est courte et je me suis aperçu que l’amour (cf. Spinoza), est la seule passion qui ne soit pas nocive.
Finies les polémiques et les volées de bois vert ?
Nous sommes encore prêts à les accueillir pourvu que les textes, pour injustes qu’ils paraissent, suscitent le plaisir de lire avec l’acceptation d’être controversés et le respect dû aux personnes.
Grâce à son retentissement, Sitaudis m’a permis d’aider de nombreux jeunes auteurs à publier leur premier livre et c’est la grande satisfaction qui perdure, des années après sa création.
Pierre Le Pillouër


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