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(Note de lecture), Courbet, marée montante de Claude Minière par Guillaume Basquin

Par Florence Trocmé

(Note de lecture), Courbet, marée montante de Claude Minière par Guillaume BasquinC'est une gageure que ce nouveau " petit " livre de Claude Minière : livre de commande sur un seul " petit " (50 x 60 cm) tableau de Gustave Courbet, " mineur " dans son œuvre, qui plus est : Marée montante, 1860 (tableau qui se trouve au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer). En acceptant cette commande, le poète prend le contrepied total d'un lourd romancier comme Yannick Haenel avec sa Solitude Caravage (solitude très peuplée, en vérité - de poncifs) ; il fait ainsi montre d'art termite (" on entre par la petite porte "), une fois de plus, contre l'art éléphant blanc (1). L'art termite creuse quelques galeries profondes sur deux ou trois sites, quand l'art éléphant blanc se veut totalisateur et plein de pathos (en cela, il devient souvent pathétique). La peinture, insiste Minière (après Sollers), n'est pas une image, mais une facture d'" horrible travailleur " : " Il n'y a pas de portrait possible de la mer [...], et Courbet peint, au pinceau ou au couteau, [...] des paysages où la mer monte dans le tableau, monte au tableau... " ; " il [Courbet] cherche, touche sur touche. Au couteau " : c'est la mer, telle que la voyait le peintre, allée avec le plus grand réalisme ; fi des idéaux d'atelier ! La figure du " nu féminin " debout derrière le peintre dans L'Atelier du peintre du Musée d'Orsay, " rappel du classicisme et d'Ingres ", est, littéralement et dans tous les sens, " désormais derrière lui ". Le réel est en avant ! En cela, et nous approuvons, Minière voit en Courbet le véritable contemporain de Rimbaud, " le poète des départs brusques, des "attaques" impromptues, lancées immédiatement dans le sujet ". Courbet, comme Rimbaud (mais aussi comme Lautréamont), réagit contre le romantisme : plus de vague-à-l'âme, mais des/une Vague(s). Bien campée. Frontale : " "la vérité en peinture", telle qu'il la perçoit la réalisant ".
L'art termite, comme l'enfant dans l'Aion, joue de son incomplétude ; son jeu est sans pourquoi : il joue pour jouer ; et ce jeu est ce qu'il y a de plus profond : il nous protège " des envolées académiques " et autres " charmes idéaux ".
Je vous dois la vérité en littérature : les gémissements pathétiques des romanciers de ce siècle ne sont que des sophismes...
Guillaume Basquin

Claude Minière, Courbet, Marée montante, éd. Invenit, coll. " Ekphrasis ", 2019, 64 p., 12 €
Espace Négatif, P.O.L, coll. " Trafic ", 2004) : " L'art style termite, ver solitaire, mousse ou champignon, a la particularité de progresser en s'attaquant à ses propres contraintes [...]. Tout comme les termites, cet art se fraie un chemin entre ses contraintes spécifiques - laissant à croire que l'artiste n'a d'autre but que d'en rogner les frontières immédiates, pour en faire les conditions mêmes de son œuvre suivante. " Ainsi, ce livre de Minière...

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