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(Disparition) Anne-Marie Soulier

Par Florence Trocmé


C’est avec un profond chagrin que Poezibao a appris, ce vendredi 24 janvier 2020, la disparition d’Anne-Marie Soulier, poète et traductrice.
Isabelle Baladine Howald lui rend ici hommage.

Anne-Marie Soulier, te rendre ton sourire

Anne-marie  noir et blanc
Elle était si pleine de vie, si pleine de talent, si pleine de doutes, si souriante et si inquiète.
Comme nous avons pu rire ensemble, et déambuler après le déjeuner, bras dessous bras dessus, c’est cela dont je me souviens aujourd’hui.
Anne-Marie Soulier, poète et traductrice, est décédée vendredi 24 janvier dans l’après-midi, après s’être battue si courageusement durant deux ans contre la « longue » maladie qu’elle n’a jamais pensé ne pas vaincre.
Elle était née à Lunéville, avait vécu en Algérie, en Allemagne, en Norvège et en Angleterre, avant de mener sa carrière à l’université de Strasbourg comme professeur d’anglais.
Sa poésie (Après guerre, Dire tu, Je construis mon pays en l’écrivant, Carnets de doute et autres malentendus, aux Editions Lieux dits) était empreinte du jeu des mots, d’une approche très sensible du monde et des choses.
Elle avait traduit les Norvégiens Øyvind Rimbereid ou Torild Wardenaer (BF), le poète chinois Cai Tianxin (l’Oreille du loup) et plus récemment Hanne Bramness Le poids de la lumière, chez Ères, avec un grand talent.
Elle a monté de nombreuses lectures à Strasbourg en particulier, avec Ouï Lire. Elle avait également fait partie de la commission poésie du CNL, participait activement à La Revue alsacienne de Littérature et avait dirigé des Mardis de la poésie.
Et Anne-Marie aimait chanter, faisant partie d’ensemble vocaux, aimant partager les textes avec des comédiens et des musiciens. Elle défendait également le droit des femmes avec une force que tout le monde ne comprenait pas. Elle avait été une petite fille élevée au milieu de garçons, et se battait comme une lionne durant les réunions pour faire inviter des poètes femmes, et elle s’est battue comme une lionne contre cette maladie qui n’a pas un prénom de femme.
Durant toute sa maladie, la seule chose qu’elle demandait, c’était de lui raconter ce que nous faisions nous, petits agités, de nos vies. Cela l’intéressait, l’aidait, la faisait vivre et me remplissait d’admiration.
Ses derniers mots ont été, quand je l’ai vue : « ne t‘inquiète pas, n’est-ce pas ? Ne t’inquiète pas », en détachant ses mots.
« Je la rencontre sur la plage un jour de printemps très tôt
l’un de ces jours débordants de lumière
sur les bateaux les bâches s’agitent en ce matin frileux
elle rugit soudain soudain entre les abris debout devant moi
bien plus petite que dans mon souvenir j’en reste bouche bée
j’entends le plastique claquer autour de nous, le vent siffler dans
ma bouche. « Lève-donc la tête ! » crie-t-elle en venant vers moi
de biais, comme un crabe, et même sans voir sa mine
narguer la lumière, je sais qu’elle sourira une fois tournée vers moi
Et comme j’ai
si souvent bravé les ordres de mon cœur, mangé
malgré des haut-le-coeur ravalé mes mots levé le
doigt avant de demander, je lui rendrai son sourire. »

(Hanne Bramness, Le poids de la lumière, Erès, traduction Anne-Marie Soulier)
Isabelle Baladine Howald

Anne-Marie Soulier dans Poezibao :
Carte blanche (il n’y a pas de langues étrangères),
(Entretien) entre Anne-Marie Soulier et Isabelle Baladine Howald, autour de la poète norvégienne Hanne Bramnes,
(Anthologie permanente) Anne-Marie Soulier,
(Carte blanche) La poète norvégienne Thorild Wardenær, par Anne-Marie Soulier
Ses traductions :
Hanne Bramnes, (Anthologie permanente) Hanne Bramnes, Le Poids de la lumière,
Olav H. Hauge, (anthologie permanente) Anne-Marie Soulier et Olav H. Hauge
Øyvind Rimbereid, bio-bibliographie, ext. 1 (AM Soulier)

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