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(Anthologie permanente) Gérard Haller, Menschen

Par Florence Trocmé


Gérard HallerPoezibao publie aujourd’hui une note de lecture d’Isabelle Baladine Howald à propos du livre de Gérard Haller, Menschen.
En voici de substantiels extraits, choisis par elle pour accompagner sa note.
tod tu disais pour la fin de la lumière
l’ombre dedans nous à porter
personne à ta place. Tod et c’est fini
et c’est comme si tous les morts soudain
se vidaient eux aussi voulaient mourir
avec toi toutes les belles histoires avant
qui nous gardaient ensemble la nuit
nous sauvaient. Ô mère. Comme si
elles ne pouvaient plus rien non plus
sans ta voix. Je pleurais. Garten blumen
blumen lilas oh et roses etc. je voulais
te rendre les couleurs de la lumière
la-bas mais non c’était dans toi déjà
dans le bleu miraculeux de tes yeux
la mort sans nous à porter.
(p. 42)
mensch denise
mensch désiré
mensch diamante
mensch diane
mensch diego
mensch dimitri
mensch dionisio
mensch dolly
mensch domenico
mensch écho
nacht
und nebel
und nichts
comment imaginer
hommes et femmes
amis amants familles
entières pêle-mêle
arrivant de partout
nuit et jour de tous les heime
d'europe là-bas
pour être tués
à la chaîne
méthodiquement
désassemblés
convertis en déchets
dispersés en feu
et cendres
et rien
nichts
mensch eden
mensch édith
mensch edmée
nichts mehr
mensch edmond
mensch edmund
tous les souffles
et le visage
et le nom de chacun
qui est toute l'éternité
pour nous qu'il y a
effacés du ciel
et de la terre comment imaginer
on ne peut pas
mensch edna
mensch edvige
mensch edwin
mensch efraïm
mensch ehy
(...)
(p. 76-77)
un par un
et millions
là-bas morts sans
nom sans retour
et pourtant là
dans nous
qui restent
qui continuent
d'appeler
naam angela
naam anita
naam anton
naam appoline
partis en fumée
et pourtant là
dans nous
non-présents
qui demandent
à être portés
naam aram
naam archange
qui reviennent
d'avant tout nom
toute identité
toute communauté
nous confier à nous
seuls de nouveau
faire être ainsi
le sentiment ultime
d'appartenance
à l'espèce
dit robert a.
chaque mort
chaque inhommé
là-bas revenant
dans nous être
tous les hommes
nus seulement
et tenus ensemble
par rien d'abord
que leurs appels
il faut partir de là
chaque mort
dans nous le laisser
appeler de nouveau
le nom qui l'a fait
ensemble homme
et tous les hommes
tous les comme lui
nus et tout-faibles
mourant déjà
et ainsi seulement
intuables
souverains
et ainsi seulement
sacrés
naam ari
naam ariane
naam arlette
(...)
(p. 104-106)
Gérard Haller, Menschen, Galilée, 2020, 115 p., 12€
Note de lecture d’Isabelle Baladine Howald


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