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(Note de lecture), Ariel Spiegler, Jardinier, par Claude Minière

Par Florence Trocmé

Ariel Spiegler  JardinierSans titre
(les poèmes d’Ariel  Spiegler, Jardinier, sont sans titres)
1 – Le poème est le poème, et tel qu’il s’est écrit
2 – En catastrophe : il est sa première ligne et ce qui a suivi, ce qui s’en suit.
   La conséquence de la séquence, en quelque sorte.
3 – Si je donne un titre au poème, je reviens sur, le subsume, prends du recul, place une tête  sur sa chair.  Je l’en-tête et fige sa coulée.
4 – J’en mesure la teneur :  je le titre.
5 – Si je prothèse le poème, je rectifie sa torsion (torsion de sainte en extase --- comme chez les Baroques).
6 – je lui fais porter le chapeau
7 – le tire vers le haut.  Il n’en a pas besoin.  Il est déjà, par lui-même, haut et bas.  Intègre. S’élevant dans sa tombée.
8 – La sainte n’est pas pour la synthèse
9 – Elle est pour la retenue : « Ne me touche pas ».
10 – Elle rêve de rejoindre l’amant.
11 – Et lui, il doit partir.
12 – Il reviendra ?  On ne sait quant.  Il est venu.
13 – Un titre au poème : je l’éteins, pince la mèche.
14 – Sans titre elle déclare sa flamme.
15 – Le poème se porte --- à des extrémités.
16 – A quel titre le poème se présente-t-il comme poème ?
   Aucun.  Seulement par des décrochements.
17 – Sa chair ne pend point au croc d’une devanture.
18 – Pourtant elle est en attente  --- parfois torturante (torsion de la grammaire, alors)
19 – cependant, jamais l’arc hystérique.  Car ouverte.
20 – Nue comme la flamme.  Pas de camouflet, ni d’heaume
21 – Un homme --- le Ressuscité, pris pour le jardinier.
22 – Pris pour ? Ou est-ce une ruse ?
23 – La ruse n’est pas absente de la femme amoureuse.
24 – elle est son jardin.
25 – Le plus doux des poèmes commence ainsi : « Tu es méchant, je crois ; »
26 – La suite à l’avenant, après le point-virgule (rare).
27 – Elle a couru.  On l’entend dans la respiration.  Dans le poème attitré.
28 – Elle est allée à fond.  Et pourtant frivole, aujourd’hui qu’elle est libre.  De se retourner sur le côté.
29 – Le poème est crise, il ne veut pas d’hypocrisie.
30 – Le poème d’Ariel Spiegler n’a pas de titre car il est un miroir où l’on voit l’autre.

Claude Minière
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Ariel Spiegler, Jardinier, Gallimard, 2020, 104 p., 11,5€


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