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2020, la fin du voyage

Publié le 31 décembre 2020 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Nom de Dieu que cette année 2020 fut difficile à supporter. Il y a eu évidemment cette putain de pandémie qui nous fait repenser notre quotidien depuis neuf mois, mais aussi les sentiments ambivalents qui ont accompagné cette refonte du quotidien. Ca m’a coûté de ne pas voir ma famille et mon entourage quand je le voulais, quand l’angoisse me submergeait trop ; malgré tout, j’en ai profité pour me repenser tant sur le plan physique qu’émotionnel. C’est ce qui a été le plus positif.

On doit bien se douter qu’à année bouleversée, surtout quand on a plus de 35 ans comme moi, correspond une réelle non-ouverture musicale. C’est ainsi que le Mari et moi, on s’est essentiellement recentrés sur nos boxsets d’artistes français (Maxime Le Forestier, Francis Cabrel, Véronique Sanson, etc) et sur les sorties d’albums des plus vieux. Pour vous dire, notre centre d’écoute a migré de Oüi FM au combo Nostalgie/Classic 21/TSF Jazz. Nous sommes officiellement des sales darons.

2020 pour la musique et la pop-culture a surtout été marqué par une concurrence déloyale avec 2016. Car qui dit année de pandémie dit forcément high score en termes de mortalité, et les personnalités de la musique n’ont pas été en reste. Ce qui a changé par rapport à 2016, c’est que cette surmortalité a touché des personnes déjà avancées en âge, donc on pouvait davantage s’attendre à les voir partir. Mais ce n’est pas pour rien si j’ai surnommé cette année sur Facebook 2020 la grande faucheuse. Nous sommes aujourd’hui le 31 décembre, et je viens d’apprendre en écrivant cet article que Robert Hossein est mort. Même 2016 nous avait laissé du répit.

Allez, c’est parti.

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Janvier

Au quotidien

Avec le Mari, on fait tranquillement des ballades dans l’Île-de-France (Auvers-sur-Oise, Le Bourget) sans se douter du merdier qui allait arriver. Il n’y a juste qu’à la fin janvier où je m’inquiète en voyant le Mari reprendre ses fièvres daltonisantes et ses sinusites dues aux dents (c’est qu’on croyait à l’époque). Les nouvelles de Wuhan n’étaient pas rassurantes, mais on se rappelait de 2002-2003 et on pensait que ça n’allait se circonscrire à l’Asie.

Morts pour la musique

Michel Catty, dit Michou, le 26 janvier, à 88 ans. Symbole des nuits parisiennes avec son cabaret de transformistes et son total look bleu, il symbolisera par sa mort la fin d’un certain idéal de vivre auquel on a dû renoncer durant cette année. Mais là encore, on ne se doutait de rien.

Le morceau du mois

Geinoh Yamashirogumi – Kaneda’s Theme (1988)

Je n’ai vu qu’un seul film au cinéma cette année, c’était au mois d’août avec la Siamoise et son compagnon. Mais pourtant, cette ressortie remasterisée d’Akira (1988) m’a obsédée depuis le mois de janvier. En effet, l’action dans le film se passe dans la jonction des années 2019-2020, 30 ans après le début d’une troisième guerre mondiale due à une explosion qu’on a crue nucléaire et qui a détruit le centre de Tokyo. Là non plus, en janvier, on ne se doutait pas que la merde qui allait nous arriver allait annuler les Jeux Olympiques de Tokyo prévus durant l’été 2020… comme dans le film. Mais bon, comme on n’a pas vu débarquer Marty Mc Fly le 22 octobre 2015 et qu’on avait toujours pas fait de colonies sur Mars en date du 1er novembre 2019, on ne se doutait de rien.

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Février

Au quotidien

Mon chef et toute mon équipe tousse, donc moi aussi du coup, mais là encore, on ne se doute de rien. C’est les vacances, donc je profite pour traîner ma « trachéite » en Bretagne et pour contaminer le pote du Mari que nous sommes allés visiter, mais là encore, on ne se doute de rien. La pression commence à monter à la fin du mois quand on voit les effets des premières contaminations effectives en Italie, en Allemagne et dans l’Est de la France. Mais là encore, on ne se doute de rien.

Morts pour la musique

Graeme Allwright, le 16 février, à 93 ans. J’avais beaucoup chanté ses chansons en colonies de vacances, parce que Maman les chantait beaucoup. Je n’avais pas suivi son travail de traduction de Bob Dylan, étant plus focus sur les travaux de Hughes Auffray et de Francis Cabrel. Mais surtout, Graeme Allwright, c’était surtout l’auteur-compositeur de la meilleure chanson de Noël qui soit.

Le morceau du mois

Bourvil – La Tendresse (1963)

A la faveur d’une interprétation aux Victoires de la Musique par Philippe Katerine et Clara Luciani (en hommage à Marie Laforêt, qui l’avait reprise en 1964), puis durant le confinement à l’initiative de Valentin Vander – seul concert auquel j’ai réussi à assister le 27 février –, la chanson des vœux familiaux pour mon mariage a connu durant cette année 2020 un retour de hype impressionnant. Il faut dire que, face à l’adversité qui nous a tous animés, de quoi avait-on besoin, finalement ?

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Mars

Au quotidien

C’est la ‘hess, et comme dit notre cher président en date du 12 mars : Nous sommes en guerre. Mon médecin de famille demande à se faire bénir pour affronter ce qu’elle aura à affronter, donc on commence à se douter de quelque chose. Je continue de tousser et je me dis qu’une « trachéite » qui dure plus d’un mois, ça commence à faire beaucoup. Nous nous enfermons donc, non sans nous dire au revoir, que ce soit au comité des fêtes de mon lycée, à notre pizzeria préférée ou à la paroisse que je fréquente. On a encore espoir de fêter Pâques et mon anniversaire en Bretagne, c’est ce que je promets à ma grand-mère qui se demande pourquoi personne ne vient la voir et pourquoi tout le monde se passe à l’eau de Javel devant elle. On ne se doutait de rien.

 Et comme on se fait braire en ces temps de confinement, on a attaqué la saga Highlander. Et on s’est marrés comme jaja. Je fais aussi mes premiers apéros Zoom, et même un brunch Zoom la veille de mon anniversaire avec mes go sûres. Je me suis remise au sport, à la section boulangerie du CAP pâtisserie et à l’écoute intensive de 2 Heures de Perdues sur Spotify, je ne me doute pas que ce mois de mars serait vraiment 2020 in a nutshell.

Les morts pour la musique

  • Manu Dibango, le 24 mars, à l’âge de 86 ans. C’était le tonton sympa qui posait sa vibe dans les morceaux world des années 1980 et 1990 à la télévision française, mais ce ne serait pas lui rendre justice. Comme ce n’est pas lui rendre justice de le réduire à Soul Makossa et aux démêlées judiciaires que ce morceau a provoquées avec Michael Jackson, puis Rihanna. Non. Le saxophoniste camerounais était de la trempe de Fela Kuti ou de Tony Allen (lui aussi mort en 2020) et a permis dans les années 1970 de créer une véritable musique de variétés africaine exportable dans le monde entier, avant que viennent les années 1980 et la world fusion.
  • Gaby Delgado, le 24 mars, à l’âge de 61 ans. Cofondateur de Deutsch-Amerikanishe Freundschaft avec son compère Robert Görl, cet Allemand d’origine espagnole a rythmé mes milieux de soirées les plus bizarres avec son son industriel qui sentait bon le post-Kraftwerk et l’angoisse inhérente à la reprise de la guerre froide dans les années 1980.
  • Bill Withers, le 30 mars, à l’âge de 81 ans. Même si on ne l’a appris qu’après son enterrement, cette mort m’a beaucoup attristée. Chanteur discret qui a arrêté sa carrière en 1985, alors qu’il avait mené le début de sa carrière tout en restant ouvrier chez Ford, il a su imprimer à la soul une identité particulière. En effet, il a su créer des chansons toute en retenue et sans effets de production grandiloquents qui exprimaient malgré tout une forte implication émotionnelle. Même au niveau de son chant, il ne faisait pas d’effets vocaux comme auraient pu le faire Marvin Gaye et Isaac Hayes à la même époque. Il chantait juste des choses très belles avec la plus grande des humilités.

La chanson du mois

Bob Dylan – Murders Most Foul (2020)

Je me rappelle du Mari qui me disait : Tiens, Bob Dylan vient de sortir un truc de 17 minutes, pffff LOL ! Nous avons donc écouté ces 17 minutes. Plus que ça, nous les avons méditées, au point d’acheter Rough And Rowdy Ways dès sa sortie au mois de juin. Nous trouvions que Bob Dylan avait perdu son âme sur ses derniers albums et qu’il a été de nouveau touché par la grâce sur celui-ci. Nous sommes le 31 décembre, mais avec le nombre de morts qu’il y a eu cette année, on a vraiment cru que Bob Dylan nous avait fait un Blackstar. Et puis non : il a juste décidé de vendre toutes ses chansons à Universal pour 300 millions de dollars, ce qui revient donc à une mort sociale. Il peut se le permettre, à 79 ans et après 60 ans de carrière.

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Avril

Au quotidien

On est toujours enfermés et on trouve le temps très long. Et c’est là qu’heureusement avec le Mari, on a 2.500 livres à la maison, au moins, ça nous occupe. Après mon anniversaire, c’est donc Pâques et notre cinquième anniversaire de mariage que nous vivons coupés du monde. Mais ça va, on le vit bien : un de mes chefs d’orchestre a décidé d’organiser un bal virtuel tous les samedis soirs, et nous avons donc fêté nos noces de bois sur du Eddie Cochrane. Comme la FNAC livre toujours, nous avons donc reçu durant ce confinement les boxsets de Francis Cabrel et de Maxime Le Forestier, ainsi que Combat Rock du Clash (mon Dieu que c’était nul), Aubert’n’Co (c’était chouette) et quelques albums des Pogues que nous n’avons toujours pas écoutés, honte sur moi.

Morts pour la musique

  • Daniel Bevilacqua, dit Christophe, le 16 avril, à l’âge de 74 ans. Je lui ai rendu hommage dès le lendemain dans le podcast Dans mon canap’ sur Twitch en parlant de l’album que je dois acheter depuis 2015 et que je n’ai toujours pas acheté, à savoir Les mots bleus (1974). Ca va commencer à devenir le running gag le plus puissant de ma carrière de critique musicale, à force.
  • Florian Schneider, le 21 avril, à l’âge de 73 ans. J’ai beaucoup aimé l’hommage de Jean-Philippe Lepelletier qui avait beaucoup expliqué ce que Kraftwerk, et par conséquent Florian Schneider lui avait apporté dans la construction de son paysage sonore personnel. A titre personnel, avec une maman fan de Jean-Michel Jarre, un papa fondateur d’un jumelage franco-allemand et un tonton de 18 ans de plus que moi, j’ai été obligée de croiser Kraftwerk dans mon paysage sonore dès mon enfance. Le départ de Florian Schneider, c’est comme une petite madeleine de Proust qui revient.

Le morceau du mois

Tshegue – M’Benga Bila (2019)

Quand je disais que le fait d’être enfermée chez moi ne m’avait pas empêchée de faire la fête en 2020, cette petite pépite en est la preuve. Issu du deuxième album d’un duo afro-punk né entre Kinshasa et Argenteuil en 2017, ce morceau dont le clip a été tourné autour de la gare de l’Est a été ma petite sensation du printemps grâce au mix de mon adorable chef d’orchestre grâce auquel j’ai pu déjà découvrir pas mal de choses.

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Mai

Au quotidien

On est déconfiné, mais on ne travaille pas encore et je ne peux toujours pas voir ma maman. Donc je traîne mes pieds dans d’interminables balades dans ma ville et les quartiers environnants. J’avais oublié que j’avais aussi acheté Disraeli Gears de Cream dans ma sélection FNAC de l’anniversaire, donc on apprécie énormément en hurlant le riff de Sunshine Of Your Love. Malgré le fait que je ne puisse pas voyager des masses, j’apprécie énormément de fêter l’anniversaire de ma belle-mère et l’emménagement de ma Siamoise.

Morts pour la musique

  • Hamid Cheriet, dit Idir, le 2 mai, à 70 ans. Je l’avais découvert en 1998 grâce à l’album Identités et je découvrais son répertoire au fur et à mesure que je travaillais avec ma collègue du fond du couloir, elle-même d’origine kabyle et fan du chanteur. Ca fait partie des départs qui m’ont un peu affectée. Le Mari, derrière, balance : Mais il reste encore un chanteur kabyle : Berbère Léonard. 2021 sera l’année de la séparation.
  • Richard Penniman, dit Little Richard, le 9 mai, à 87 ans. C’est le deuxième décédé du mythique concert de juillet 2006 où je l’ai vu avec Jerry Lee Lewis (qui est toujours vivant, mais dans quel état) et Chuck Berry (mort en 2016). Je me souviendrai éternellement d’une espèce de diva qui est arrivé une heure en retard (parce que sa limousine s’était perdue en allant chercher un DoMac à Quévert) et qui menaçait de ne pas chanter si on le filmait. Bref, un gars désagréable.
  • John David Martin, dit Moon Martin, le 11 mai, à 69 ans. Il n’avait fait qu’un tube dans les années 1980 dans la mémoire collective, mais quel putain de tube.
  • Mory Kante, le 22 mai, à 70 ans. Ce musicien guinéen était principalement connu en France grâce au tube Yéké Yéké en 1988. Ce tube a pourtant éclipsé sa carrière de griot, qu’il a commencée à l’âge de 7 ans chez sa tante au Mali. Après des années à se produire dans différentes fêtes familiales, il décide se s’updater musicalement en 1984 en quittant sa femme et ses enfants laissés en Côte d’Ivoire pour arriver en France. Dès le début, sans carte de séjour, il s’impose sur la scène jazz et world au point d’attirer des producteurs du monde entier. C’est ce qui lui a permis d’enregistrer Yeke Yeke et d’accéder à une reconnaissance internationale.
  • Jean-Loup Dabadie, le 24 mai, à 81 ans. Entre les années 1960 et les années 2010, il fut auteur de chansons pour de grands noms, tels que Nicole Croisille, Michel Polnareff, Michel Sardou, Jacques Dutronc et surtout Julien Clerc, entre autres activités (écriture de romans, de sketches, de bandes originales, etc.).

La chanson du mois

David Bowie – Space Oddity (1969)

Malgré le fait qu’on ne puisse toujours pas s’évader de nos maisons, ce qui a marqué mon mois de mai, c’est le lancement de Space X à destination de la station spatiale internationale. Alors oui, ce sont des fonds privés, ce qui n’aurait pas été envisageable il y a cinquante ans. Mais force est de constater que, malgré l’univers sombre que nous offraient la pandémie et la crise sociale et économique qui l’accompagne, il existe encore des huluberlus capables de réaliser leurs rêves de gosse. Et c’est l’enseignement que je souhaite retenir de 2020.

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Juin

Au quotidien

On revient enfin à un semblant de vie normale : je revois ma maman qui m’avait tant manquée durant ces quasiment quatre mois sans la voir et mon bureau avec la perspective d’un grand bouleversement au mois de septembre. Je retrouve enfin le chemin du studio de répétition et la fête de la musique qu’on a finalement joué à la sauvage et sous la pluie. Et puis j’ai dû dire au revoir au soliste de mon groupe de blues, qui part en retraite après 42 ans de bons et loyaux services rendus à l’éducation nationale.

Morts pour la musique

  • Bonnie Pointer, le 8 juin, à 69 ans. Membre fondatrice avec sa sœur June des Pointer Sisters en 1969, elle quitte le groupe en 1978 pour se lancer en solo. Elle n’a donc pas participé au fameux tube pour lequel on retient les Pointer Sisters qui, lui, est sorti avec les petites sœurs en 1982.
  • Patrick Poivey, le 16 juin, à 72 ans. Cet acteur de doublage a fait énormément de voix pour la publicité, mais c’est surtout pour avoir doublé Bruce Willis qu’il a forgé sa notoriété.

La chanson du mois

Lana Del Rey – Summertime Sadness (2013)

Vu le printemps que nous avions vécu, je m’apprêtais vraiment à vivre un total été de merde. Si le mois de juin a effectivement été très bizarre, il s’avère que je me suis plantée sur toute la ligne.

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Juillet

Au quotidien

J’ai donc la confirmation que mon service va être réorganisé au mois de septembre et je me dis : P*tain, c’est la ‘hess, au point que je me sente obligée de revenir au taf le 20 juillet pour pas grand-chose d’utile finalement. Comme le gouvernement nous laisse partir en vacances, nous en profitons pour fêter les 93 ans de Mamie avec forces chorégraphies avec les cousines, où les vieilles apprennent aux jeunes à danser, mais aussi pour faire le tour de la Charente-Maritime à la faveur de neveux fans de Fort Boyard. Dans mes oreilles, beaucoup d’eurodance pour gérer cette fin d’année scolaire un peeeeeeeeu usante.

Morts pour la musique

  • Jean-Jacques Lionel, dit J.J. Lionel, le 14 juillet, à 72 ans. Ca a été un drame dans mes différentes TL, car je ne connais personne qui n’a pas dansé sur La Danse des canards. Même en Biélorussie, on connaissait la chorégraphie. J’ai dû faire un disclaimer de changement d’ambiance dans l’appartement après la solennité d’Ennio Morricone.
  • Renée Jeanmaire, dite Zizi Jeanmaire, le 17 juillet, à 96 ans. Cette danseuse, chanteuse et meneuse de revue, à l’instar d’Annie Cordy morte plus tard, a été dressée comme symbole d’un temps révolu, celui de la légèreté.

La chanson du mois

Master KG feat Nomcebo – Jerusalema (2020)

Ce qu’il y a eu de bien avec 2020, c’est que je n’ai pas fait ma ronchon lorsqu’il s’est agi de danser sur le tube de l’été. Ma famille m’avait tellement manquée durant les quatre mois où j’ai été séparée d’elle qu’on a assuré un vrai spectacle à l’ancienne pour l’anniversaire de Mamie. C’était beau à voir. Et il a fallu qu’on soit séparé tout ce temps pour que je m’en rende compte.

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Août

Au quotidien

Le festival annuel de mon village ayant été annulé, on en a profité pour faire une vraie fête d’anniversaire pour ma maman qui le méritait plus que de raison. On a aussi profité pour faire le tour de la Bourgogne et ça nous a fait énormément de bien. Puis vient la rentrée dans un contexte trèèèès bizarre.

Morts pour la musique

Fort heureusement, août 2020 nous a offert un peu de répit pour le coup.

La chanson du mois

Wejdene – Anissa (2020)

«Tu vas mettre ça ? SÉRIEUSEMENT ?

– Bien obligée, hein… »

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Septembre

Au quotidien

Nouvelle organisation de mon service et je ne sais pas où j’en suis. Heureusement, je profite des derniers feux estivaux pour faire le plein de retrouvailles avec les amis, avant que l’automne ne nous reconfine à nouveau. Que ce soit les 50 ans de mon petit oiseau dansant ou l’ouverture d’une saison culturelle prometteuse à Romainville, nous avions encore espoir que nous ne serions plus enfermés dans nos doutes. Mais là encore, on ne se doutait de rien.

Morts pour la musique

  • Erick Morillo, le 1er septembre, à 49 ans. Ce n’est pas vieux, certes, mais ça reste quand même un choc d’être diffusé sur Radio Nostalgie, alias la radio des darons. Il n’a pas dû supporter cette insulte.
  • Annie Cordy, le 4 septembre, à 92 ans. 2020 a quand même été une grosse faucheuse pour les meneur.euse.s de revue du temps de nos grands-parents. C’est lors de l’annonce de sa mort que j’ai élaboré mon DJ skill signature : à Tata Yoyo est obligé de répondre L’incendie à Rio de Sacha Distel. Sinon, mon mix est foiré.
  • Roger Carel, le 11 septembre, à 93 ans. C’est là où on a compris que 2020 ne nous épargnerait rien, jusqu’à détruire nos derniers rêves d’enfants (puisqu’Albert Uderzo nous a quittés le 24 mars 2020, décidément, sale année pour Astérix). On pleure Roger Carel non seulement pour avoir incarné le petit Gaulois à moustache de 1959 à 2014, mais aussi pour avoir été la voix officielle de Winnie l’Ourson, de Mickey et de beaucoup de personnages de Disney, d’Hercule Poirot…
  • Juliette Gréco, le 23 septembre, à 93 ans. Muse du Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, interprète de Belphégor, même résistante durant son adolescence (son jeune âge lui permettra de ne pas être déportée à Ravensbrück avec sa sœur et sa mère), elle aura été l’incarnation d’une certaine forme d’élégance sobre, à l’instar de Barbara.

La chanson du mois

Bruce Springsteen – The River (1980)

Si j’avais eu à caractériser ce mois de septembre plein de doutes sur ce que je suis devenue, cette chanson la caractérise très bien : mélancolique à souhait, avec un constat amer sur la société. Je croyais m’être construite les six mois précédents, force est de constater qu’il me faut désormais consolider face à la société ce que je suis devenue.

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Octobre

Au quotidien

Nouvelles mesures gouvernementales de contenance des personnes, mais ma branche n’est pas concernée. J’en sais un peu plus sur mes nouvelles attributions professionnelles et, avant les nouvelles mesures, j’ai le temps de jouer une fois ou deux avec mon petit groupe de blues et avec mon orchestre. Cela nous permet de moins ressentir la pression, même si, dans mon entourage amical et professionnel, cette deuxième vague se fait gravement ressentir. Nous disons adieu à Sean Connery et Bruno Martini, et l’année n’est pas finie.

Morts pour la musique

  • Johnny Nash, le 6 octobre, à 80 ans. Il a fait une carrière discrète, mais il restera comme le premier non-Jamaïcain à jouer du reggae en Jamaïque. La preuve, il est passé à la postérité en 1972 avec ceci :
  • Eddie van Halen, le 6 octobre, à 65 ans. Connu pour sa virtuosité au finger tapping – alors qu’il était batteur dans un premier temps –, il monte avec son frère Alex le groupe Van Halen, mais participe aussi à faire des soli dans les années 1980, notamment sur le Beat It de Michael Jackson en 1982. Le problème est que, pour la mémoire collective, Van Halen, c’est surtout Jump, alias la chanson la moins heavy metal de tous les temps avec The Final Countdown d’Europe. Il est donc difficile à moins d’être connaisseur de lui rendre hommage de manière censée.

La chanson du mois

Meg Myers – Running Up That Hill (2019)

Même si l’originale de Kate Bush en 1985 est insurpassable, même par Placebo, j’avoue avoir été très intéressée par la proposition artistique de cette bassiste américaine. D’une part, en ralentissant un poil la chanson et en gardant la même énergie instrumentale et mélodique, elle correspond tout à fait au renouvellement new wave qu’on observe ces dernières années aux Etats-Unis et qui fait fortement plaisir au Mari. D’autre part, son clip, même avec un disclaimer en préambule pour prévenir de quelques gênes observées chez les personnes épileptiques (je confirme, c’est perturbant), part sur une idée trop choupinette : en gros, elle a demandé à 2.400 enfants de maternelle sur Los Angeles de colorier toutes les planches du storyboard.

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Novembre

Au quotidien

La suspicion de ne pas pouvoir me rendre à l’office pour l’Avent et de ne pas pouvoir fêter Noël en Bretagne me rend nerveuse. Sur le plan professionnel, même si la charge de travail et de responsabilité a augmenté, je suis joyeuse, car je sais ce que je fais. Sinon, les bars sont refermés, les lieux de sociabilité aussi (on avait tellement d’espoir avec mon orchestre), mais on fait avec. La Grande Faucheuse a fauché énormément de sportifs, que ce soit Christophe Dominici, Diego Maradona ou Pape Bouba Diop.

Morts pour la musique

Anne Sylvestre, le 30 novembre, à 86 ans. Je n’étais pas familière de son univers musical, contrairement à pas mal de mes contacts qui ont fortement pleuré sa mort. Je n’ai appris la valeur de son existence qu’à l’interprétation des Gens qui doutent par la petite Jeanne Pilon-Dubois un soir béni de septembre 2020 à Romainville. Mais comme Claude Nougaro, il n’est jamais trop tard pour se plonger dans un répertoire riche.

La chanson du mois

Jocelyne Beroard – Siwo (1986)

Parce qu’on se remonte le moral comme on peut en cette fin d’année, j’ai décidé de me transformer en DJ RéTropical et de mettre les Antilles dans ma playlist. Car j’ai un travail que je peux – et même que je DOIS – effectuer dans un cadre à peu près normal. J’ai décidé donc de m’en réjouir en me refaisant l’intégrale de Kassav’ et de la Compagnie Créole.

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Décembre

Au quotidien

Les églises sont ouvertes pour l’Avent et j’ai finalement l’assurance de passer Noël en famille, donc j’ai de la joie au cœur pour deux, puisque le Mari n’est pas dans le Christmas Mood. Je survole la clôture de comptabilité comme jaja. Je ne peux pas me permettre de me préparer à Noël en faisant la fête avec mes amis comme d’habitude, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est le fait de pouvoir faire la fête avec ma famille et d’animer la messe du 24 décembre. C’était tellement important que j’ai failli pleurer pendant Peuple fidèle.

Morts pour la musique

Claude Bolling, le 26 décembre, à 90 ans. Le nom ne dit pas grand-chose, mais c’était le compositeur du générique des Brigades du Tigres et de tout ce qui est illustrations sonores pour les Lucky Luke réalisés par René Goscinny. Encore un morceau d’enfance qui s’en va. So long 2020.

La chanson du mois

The Weeknd – Blinding Lights (2019)

S’il y en a un qui a fait un vrai hold-up sur l’année 2020, c’est bien Abel Tesfaye qui a profité de son passage à la trentaine d’années pour démonter tout sur son passage en réinventant le son new-wave. Pour des vieux comme le Mari et moi-même, il est difficile d’envisager la création durant l’année 2020 autrement. On est clairement passés à côté de Doja Cat, de Dua Lipa, d’Angèle et même de BTS, mais j’ai quand même acheté After Hours le 26 décembre suite aux recommandations de ma belle-sœur (qui n’écoute plus la radio depuis dix ans) et d’un chanteur de doom de mon entourage. Preuve qu’il a tapé juste.

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Miscellanées sonores

Pour conclure cette très longue rétrospective, je vous propose 10 chansons qui représentent autrement mon spectre sonore de 2020.

1 – De Radios – I’m Into Folk (1989)

2 – Gerry & The Pacemakers – You’ll Never Walk Alone (1968)

3 – Francis Cabrel – Rockstars du Moyen-Âge (2020)

4 – Dead Can Dance – Opium (2012)

5 – BTS – Dynamite (2020)

6 – La Compagnie Créole – Vive Le Douanier Rousseau (1983)

7 – Les Rita Mitsouko – C’est comme ça (1986)

8 – Dire Straits – Tunnel Of Love (1980)

9 – Acid Arab – Berberian Wedding (2013)

10 – 2 Unlimited – Get Ready (1992)

Conclusion de ces miscellanées par le Mari : On a vraiment vécu ensemble, cette année ?

***

Joyeuse année 2021. Qu’elle vous apporte la sérénité et de nouvelles aventures musicales. Prenez soin de vous.


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