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(Anthologie permanente) Annie Salager, Chant du terrestre

Par Florence Trocmé


CapturePatrick Beurard-Valdoye s’est fait le passeur vers Poezibao de ces trois poèmes d’Annie Salager.
Ces poèmes ont été écrits dans les deux années qui précédaient la pandémie.
Ils sont extraits de Chant du terrestre, à paraître aux éditions La rumeur libre.
Le cri du terrestre

Cri du terrestre, le voilà qui tombe
sur nous jour après nuit,
sur l’évolution du vivant
où s’inventent le temps la vie,
de l’air à l’oiseau, de l’eau à l’esprit
tout est liens choix de liens
adaptations et créations
parfaites et à la fois évolutives
qui sont comme nous parmi eux
l’absolu miracle du vivant
Ce cri, tombé sur nous comme sur tout
le terrestre dont nous cassons partout
l’harmonie avec inconscience et mépris,
du fric en fièvre aux forêts abattues,
saurons-nous entendre ce cri ?
Là-haut voici soudain la lune pâle
dans l’éclat du ciel bleu d’avril
pareille à une illusion d’être, pareille
à un nuage tout là-haut où elle nous apparaît,
comme la terre encore, de beauté revêtue !
Partout, un cri de soif

Nous n’avons plus d’autre choix
que de lutter dès aujourd’hui
afin que le chant de la vie
ne devienne pas cri de soif
de la terre épuisée qui l’annonce,
inexorable cri de soif qui dessèche
l’incalculable beauté du vivant
où se crée ce qui nous assemble
Oui jamais depuis les premières cellules
sa beauté n’avait cessé de se créer
la science le sait bien aujourd’hui
sans que nous voulions le comprendre
ni affronter les conséquences
d’une société qui recherche autant
les gaspillages coloriés de liberté
qu’elle accepte de voir celle-ci s’effriter
Malgré les flambées de forêts
où nous commencions juste à admirer
le langage des arbres nos ainés - sans cesser
toutefois de détourner de soi-disant
inutiles cours d’eau au profit
des cultures intensives ni d’assécher
des nappes phréatiques en arguant
de l’urgence pour la consommation -
Malgré ça, que deviendront sous les
fontaines sèches l’éclat de rire des enfants
l’innocence du devenir
la joie des prés que butine l’abeille
sans qui la fécondité du vivant
disparaît, que deviendra le souffle
qui donne à l’esprit de renaitre
comme de la mort nait la vie ?
Devenons ce que nous ne sommes pas
tout à fait, la coccinelle renversée
luttant de tout son corps à carapace
pour se remettre sur ses pattes!
Nous sommes comme elle, minuscules
et si nous ne l’ignorons plus
nous nous sommes découvert au même
moment une puissance qui nous grise …
Ne robotisons pas le bel esprit
que la vie en nous a su inventer
existe-t-il là-bas ailleurs ou nulle part
existe-t-il sur d’autres planètes
une aussi belle phase du vivant
que celle où nous est devenu possible
malgré notre réalité  infime
de penser la beauté et de vivre l’amour ?
L’invisible poème du terrestre

La terre assoiffée souffre
de la violence humaine
qui l’épuise l’assèche aujourd’hui
et l’esprit souffre de
son intelligence inadaptée au vivant
Existe-t-il pourtant
une autre beauté absolue
que la beauté évolutive
du vivant sur terre ?
L’esprit voudrait
se croire plus fort,
mais entend-il
le silence dans la parole
qui est en lui,
créée par lui ?
Toutefois du silence
l’écho chante toujours,
il dure au fond de nous
il est musique et chant dans
l’invisible poème du terrestre
et nous sommes en lui,
écoutons-le nous sommes lui
le chant du vivant et
nous sommes sa terre
Annie Salager, trois poèmes extraits de Chant du terrestre, à paraître aux éditions La rumeur libre.
Image extraite d'un tweet matinal de Gallica BnF, "dans les jardins de la Malmaison", ouvrage de 1803, illustré par P.-J. Redouté.


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