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(Carte blanche) à Mireille Calle-Gruber, manifeste pour une nouvelle critique, lecture de La Voleuse de fruits ou Aller simple à l'intérieur du pays de Peter Handke

Par Florence Trocmé


Peter Handke  Mireille Calle Gruber  Pierre Deshusses  ph Ruth WalzPoezibao publie aujourd'hui un véritable essai de Mireille Calle-Gruber, lisant La Voleuse de fruits ou Aller simple à l'intérieur du pays, de Peter Handke. Elle propose là une très forte démonstration de son approche critique en ce que l'on peut considérer comme un manifeste pour une nouvelle critique. Mireille Calle-Gruber la nomme critique épique.

« pour lire, il faut se rendre au texte : à la textualité, la textilité, le tissage, la tessiture. Entrer dans le texte, épouser ses rythmes et ses risques de fluctuations – ce qu’aucun système de pensée ne saurait saisir sans les annihiler.

C’est dire que la critique n’est pas seule, qu’elle n’a pas la maîtrise du tout-sachant ni le monopole du point de vue (theoria). Elle est invitée à désarmer, à poser la boîte à outils, à se laisser aller à la lecture en tous sens. A s’en remettre au voyage des signes.

Ainsi, la critique avance dans les pas épiques du récit, intègre sa marche. Elle marche avec : “Mais avec qui ? Avec quoi ? Avec ! J’étais libre, j’étais dans mon droit.” (p. 45) Bref, c’est une critique épique qu’appelle La Voleuse de fruits. Qu’est-ce à dire ? » 

ou encore

« La critique épique est une jeune voleuse de fruits. Elle guette l’apparition des formes. Elle se tient à la naissance des formes, et à la re-naissance des langues, lesquelles croissent par leurs différences dans le récit de Handke – alphabet cyrillique et alphabet latin, marche inverse de la scription arabe, signes diacritiques de la transcription du grec, survenue de l’étranger espagnol, slovène, français, russe…
La critique épique n’exerce aucun pouvoir. Elle est un potentiel, un ensemble de facultés qu’elle apprend à déployer par le texte (grâce à lui).
Elle respecte les indécidables de l’œuvre, ses zones d’ombre, ses nébuleuses. “l faut quand même un espace nébuleux, aussi, dans l’analyse, une espèce d’imprécision qui fait partie d’une bonne critique”, dit Peter Handke.
Elle apprend à bifurquer, elle rallie, elle relie, elle témoigne de la vie métaphorique et inépuisable de l’œuvre. Elle apprend à écrire c’est-à-dire à peser ses mots et à transmettre. Car seule une écriture (critique) peut répondre de l’écriture (littéraire). »


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Photo : colloque de Cerisy, Peter Handke. Analyse du temps (2017 ; publié en 2018). Peter Handke au centre, avec Mireille Calle-Gruber et Pierre Deshusses, traducteur de Essai sur le fou de champignons, et de La Voleuse de fruits. ©Ruth Walz.


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