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(Anthologie permanente) Boris Wolowiec, Admirations, Malcolm de Chazal, Jackson Pollock, Andreï Tarkovski

Par Florence Trocmé

Boris Wolowiec  AdmirationsBoris Wolowiec publie
Admirations, Malcolm de Chazal, Jackson Pollock, Andreï Tarvovski,
aux toutes jeunes éditions Les Météores.
Incipit de la section Malcolm de Chazal
Malcolm de Chazal,
Génie mystique de la Sensation
   A Laurent Albarracin
« J'ai le sentiment qu'il est préférable de dire pour commencer les choses avec clarté. Sens-Plastique de Malcolm de Chazal apparaît comme le livre le plus extraordinaire jamais écrit. Il y a plus d'énigmes sensorielles à l'intérieur de vingt pages de Sens-Plastique que dans les œuvres complètes de Rimbaud. Aucun auteur n'est apte à rivaliser avec la puissance de révélation sensorielle de Chazal, pas même Shakespeare ou Lautréamont.
Malcolm de Chazal n'appartient pas à l'histoire de la littérature. Et c'est très bien ainsi. Malcolm de Chazal apparaît plutôt en effet comme celui qui écrit en dehors de la littérature, de même que Thelonious Monk apparaît comme celui qui invente des formes de silence en dehors de la musique.
C'est pourquoi ce n'est pas un hasard si ceux qui ont approché spontanément l'œuvre de Chazal sont d'abord autant des peintres (Braque et Dubuffet) que des écrivains (Paulhan, Breton, Bataille et Ponge). Chazal écrit en effet comme un peintre. Braque lui dit à ce propos d'emblée. “Votre livre n'est pas un livre de littérature, mais c'est un livre écrit par un peintre. C'est un album de couleurs.” Et Gaston Bachelard dira aussi de Sens-Plastique de manière élogieuse que c'est une “Bible des couleurs” ».
p. 9
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Incipit de la section Jackson Pollock
Jackson Pollock,
Apocalypse du Calme
   A Marie
Pollock approche l'espace par projection. Pollock affirme la projection comme approche de l'espace.
Pollock projette la présence comme il présente la projection. Pollock donne à sentir la présence projectile du monde. La peinture de Pollock jaillit comme silence projectile du cosmos.
Pollock peint comme il multiplie des trajectoires de silence. Pollock peint comme il multiplie les trajectoires de silence de la couleur.
Pollock peint la paix illimitée de la chute. Pollock peint le courage de paix d'apparaître jeté ici-bas. Pollock peint le courage de paix illimitée d'apparaître jeté au monde par miracle.
Pollock projette l'approche. Pollock projette la chute. Pollock projette l'approche de la chute. Pollock projette l'alcool de la chute, l'approche d'alcool de la chute. Pollock projette l'approche de chute de la couleur.
Pollock projette le repos du lieu, le repos d'alcool du lieu. Pollock projette le repos de la chute, le repos d'alcool de la chute, le repos de chute de la couleur.
Il y a une obscénité sublime de Pollock. Pollock invente la forme sublime de l'obscénité comme la forme obscène du sublime. Pollock parvient à donner une forme à l'espace par éjaculation. Pollock parvient à donner une forme à l'espace par éjaculation de couleurs. Pollock parvient à donner une forme à la trajectoire d'immobilité de l'espace par éjaculation tournoyante de couleurs, par éjaculation tourbillonnante de couleurs.
p. 39
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Incipit de la section Tarkovski
Andreï Tarkovski,
Trajectoire d’aveuglement du Crâne
   à Boris comme Wolowiec
Tarkovski montre la présence du monde comme forme du miracle. Le cinéma de Tarkovski montre la simple présence du monde comme miracle d'une création, comme miracle d'un monde créé, comme miracle d'un monde créé par Dieu.
Tarkovski invente un cinéma de la monstration aveugle. À l'intérieur du cinéma de Tarkovski, chaque image montre l'intégralité du monde comme la décomposition du monde, chaque image montre l'intégralité décomposée du monde comme la décomposition intégrale du monde. Le cinéma de Tarkovski montre ainsi les métamorphoses de la matière comme les matières de la métamorphose, les matières de la métamorphose à l'abandon.
Le cinéma de Tarkovski affirme une forme d'extase tactile du regard. Tarkovski touche l'apparition du monde. Tarkovski touche le miracle de l'apparition du monde. Tarkovski touche les apparences du monde afin de sculpter les apparences du monde comme formes du temps.
Tarkovski contemple de manière aveugle. Tarkovski contemple à mains nues. Tarkovski contemple à mains aveugles nues. Tarkovski contemple avec les paumes ouvertes de l'aveuglement. Pour Tarkovski, le geste des paumes ouvertes aveugles tournées au dehors, c'est le geste même de la prière, le geste de la prière paradoxale de l'art.
À l'intérieur du cinéma de Tarkovski, le monde apparaît extatiquement senti par le regard même du temps, par le regard à main nue du temps. Pour Tarkovski, le problème du cinéma n'est pas optique, le problème du cinéma apparaît tactile. Tarkovski essaie de toucher le temps, de toucher le regard du temps. Pour Tarkovski, le temps regarde le monde, le temps regarde le monde et le cinéaste affirme le geste de toucher, de sculpter à main nue le regard du temps.
p. 83
Boris Wolowiec, Admirations, Malcolm de Chazal, Jackson Pollock, Andreï Tarkovski, Les Météores Editions, 2021, 112 p., 12€


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