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(Anthologie permanente) Theodor Fontane (1819-1898), Afghanistan, une traduction inédite

Par Florence Trocmé


Remnants_of_an_army2François Renault a proposé à Poezibao cette traduction inédite d’un poème  de Théodor Fontane, daté de 1859
L’Afghanistan
La neige, en flocons, doucement tombe du ciel,
Un cavalier fait halte devant Jellalabad,
« Qui va là ! »- «Un cavalier britannique,
J’apporte un message  d’Afghanistan. »
L’ Afghanistan ! Il prononça le mot d’un ton si las ;
La moitié de la ville se presse autour du cavalier,
Sir Robert Sale, le commandant,
De sa propre main le soulève de son cheval.
Ils l’amènent à l’intérieur du poste de garde en pierre,
L’installent près de la cheminée,
Comme le feu le réchauffe, comme la lumière le réconforte,
Il exhale un soupir de soulagement et remercie et dit :
« Nous étions treize mille hommes,
Lorsque notre convoi se mit en route à Kaboul,
Soldats, commandant, femmes et enfants,
Sont transis, abattus, trahis.
Toute notre armée est dispersée,
Les vivants errent dehors dans la nuit ,
Moi, un dieu m’a accordé le salut,
Voyez, si vous pouvez sauver le reste du convoi. »
Sir Robert gravit le mur de la forteresse,
Les officiers, les soldats, tous, le suivirent,
Sir Robert dit : « La Neige tombe drue,
Ceux qui nous cherchent, ne pourront pas nous trouver.
Ils errent tels des aveugles et sont si proches de nous,
Aussi, faisons leur savoir que nous sommes là,
Entonnez un chant patriotique et de chez nous,
Trompettes, sonnez dans la nuit ! »
Ils s’exécutèrent sans se lasser,
Une chanson après l’autre retentirent dans la nuit,
D’abord des chants anglais empreints de joie,
Ensuite des chants des Highlands telles des complaintes.
Ils sonnèrent la nuit et tout le jour,
Haut et fort, seul l’amour peut appeler ainsi,
Ils sonnèrent – vint la deuxième nuit,
Inutiles les appels, Inutile la veille.
« Ceux qui devaient entendre, ils n’entendent plus,
L’armée tout entière est anéantie ;
Treize mille hommes au départ du convoi,
D’Afghanistan, un seul rentra au pays. »
Théodor Fontane, 1859
Traduit de l’allemand par François Renault

Afghanistan
Der Schnee leis stäubend vom Himmel fällt,
Ein Reiter vor Dschellalabad hält,
"Wer da!" - "Ein britischer Reitersmann,
Bringe Botschaft aus Afghanistan."
Afghanistan! Er sprach es so matt;
Es umdrängt den Reiter die halbe Stadt,
Sir Robert Sale, der Kommandant,
Hebt ihn vom Rosse mit eigener Hand.
Sie führen ins steinerne Wachthaus ihn,
Sie setzen ihn nieder an den Kamin,
Wie wärmt ihn das Feuer, wie labt ihn das Licht,
Er atmet hoch auf und dankt und spricht:
"Wir waren dreizehntausend Mann,
Von Kabul unser Zug begann,
Soldaten, Führer, Weib und Kind,
Erstarrt, erschlagen, verraten sind.
Zersprengt ist unser ganzes Heer,
Was lebt, irrt draußen in Nacht umher,
Mir hat ein Gott die Rettung gegönnt,
Seht zu, ob den Rest ihr retten könnt."
Sir Robert stieg auf den Festungswall,
Offiziere, Soldaten folgten ihm all',
Sir Robert sprach: "Der Schnee fällt dicht,
Die uns suchen, sie können uns finden nicht.
Sie irren wie Blinde und sind uns so nah,
So lasst sie's hören, dass wir da,
Stimmt an ein Lied von Heimat und Haus,
Trompeter blast in die Nacht hinaus!"
Da huben sie an und sie wurden's nicht müd',
Durch die Nacht hin klang es Lied um Lied,
Erst englische Lieder mit fröhlichem Klang,
Dann Hochlandslieder wie Klagegesang.
Sie bliesen die Nacht und über den Tag,
Laut, wie nur die Liebe rufen mag,
Sie bliesen - es kam die zweite Nacht,
Umsonst, dass ihr ruft, umsonst, dass ihr wacht.
"Die hören sollen, sie hören nicht mehr,
Vernichtet ist das ganze Heer,
Mit dreizehntausend der Zug begann,
Einer kam heim aus Afghanistan."
Theodor Fontane 1859
Theodor Fontane a écrit le poème « Das Trauerspiel von Afghanistan » en 1857, poème qui décrit l'arrivée de Brydon à Jalalabad après son évasion de Kaboul en 1842.
Pour en savoir plus sur les faits évoqués dans ce poème, cliquer sur ce lien. Et sur le Dr William Brydon, cliquer ici


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