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(Anthologie permanente) Semaine spéciale Christophe Tarkos, Le Kilo, 3 et fin

Par Florence Trocmé


Kilo-cvDouble évènement, dont les deux branches sont liées d’ailleurs, nous le verrons, autour de Christophe Tarkos. Une exposition au Cipm et au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur en premier lieu et une parution-évènement chez P.O.L., un très gros livre d’inédits dont nous contons l’origine dans l’anthologie permanente de cette semaine entièrement dédiée à Christophe Tarkos.
Première série
Deuxième série.
Extraits
[Ses ongles sont fins]

Ses ongles sont fins
Il y a une chambre, une salle de toilette et une cuisine.
Ses cheveux sont blonds, comme les poils qui recouvrent sa peau.
Un seau est rempli d'eau, de l'eau coule dans l'évier.
Sa peau est fine et blanche.
Il y a de l'eau dans le seau, dans le baquet des wc et l'eau qui coule
du robinet. L'eau est transparente. Les rideaux font une lumière
légère. Il fait jour.
Il y a quatre saisons, l'été, la saison chaude, puis l'automne, l'hiver,
la saison froide, puis le printemps.
Ses os sont fins comme des ongles. Il y a une bouteille d'eau dans le
seau d'eau.
Il saigne peu de son sang couleur de cerises claires.
Le fait qu'il fasse jour change les choses. Les bruits murmurent différem-
ment. Ses yeux sont bleus. La ville remue.
La nuit est plus calme que le jour, la nuit est surveillée dans leur
sommeil.
Ses os se brisent facilement. Pendant la journée, il est impossible de
partir.
Il ne peut pas rester longtemps sans manger, la tête lui tourne. Il
manque d'eau.
L'eau coule au robinet de l'évier, au pommeau de la douche, par le
wc. Il boit l'eau qui coule du robinet. Il fait jour. En partant seul en
mer, il y mourrait en manquant d'eau.
Dans la cuisine, ce qu'il reste à manger.
En restant sans manger trop longtemps, ses liquides s'amollissent.
Il y a des bruits de toutes sortes qui sont chaque jour les mêmes
bruits à peu près. Il devrait partir.
La peur l'en empêche. Il boit de l'eau, il a peur.
Le verre se casse. L'été est plus chaud que l'hiver. L'hiver, il y a de
l'eau. Il ne devrait pas rester ainsi.
Dans la chambre se trouvent les draps, un matelas.
Il est beau. Ses yeux sont clairs.
Il y a deux fenêtres. Celle de la chambre, protégée de la lumière par
des rideaux, et celle de la cuisine aux volets fermés.
Il est à côté de l'ombre. Il est à l'intérieur. De l'eau est disponible, il
peut boire de l'eau.
Il marche.
Son sexe est doux, ses poils blonds s'éclaircissent à la lumière.
Les murs sont peints de blanc et de jaune, une couleur plus ancienne
déborde, les murs étaient peints en vert.
Le robinet laisse goutter des gouttes d'eau.
Il a peur et continue à avoir peur. Il est calme. Il peut marcher.
Un corps se dessèche en 28 jours à l'abri de la lumière.
Les rues ressemblent aux rues. Il est vivant, à l'intérieur. La porte
est fermée. Il fait attention. Il ne formule pas.
Les deux angles des murs ne sont pas un danger.
Il n'est pas malade.
L'équerre est un angle droit.
Il ne peut pas porter dans ses bras des charges trop lourdes, ses bras
ne les porteraient pas.
Les lacs, les bords de rivières, les après-midi, les barques, les cou-
rants d'eau chaude sont dans l'eau.
Il est vivant. Le corps contient de l'eau. Ses lèvres sont humides.
Un poids trop lourd écraserait son peu de corps. Il est clair de peau.
Il a laissé entrer la faiblesse. Il a continué à avoir peur. Le liquide dans
son corps, proche de l'alcool à brûler, est resté, il n'est pas trop lourd.
Le carrelage est un vieux carrelage.
Il ne se fait pas de mal. Il ne formule pas. Son corps tient son corps
qui est resté.
Il fait attention, il essaye de ne pas se faire mal.
Dehors la lumière est forte.
S'il sortait la lumière dessécherait sa peau claire et fine.
Il boit l'eau tiède du robinet, il est à côté de l'eau.
Il est calme. Il a des mains.
Il ne devrait pas rester ainsi. Il devrait s'éloigner. Il n'est pas insuf-
fisamment.
La douche est sèche. L'air assèche le bac de douche. L'eau qui se
trouve au fond du bac disparaît.
Il ne sent pas la lourdeur de son corps. Son corps est lourd. Et diffi-
cile à déplacer.
Il peut marcher.
Sa peau est douce.
La ville fait un bruit de jour.
Sa peau est couverte de poils blonds invisibles. La nuit est plus
fraîche. Les gens surveillent la nuit dans leur sommeil. Le matin est
plus frais que la nuit.
Il représente son corps. Un choc violent le casserait. La lumière
effleure. Dehors les rayons de lumière détruiraient sa peau. Il était
entré par hasard.
Il n'aurait pas dû laisser entrer la peur.
Il a des cheveux blonds. Il fait couler de l'eau dans la douche, il
lave ses cheveux blonds.
Marcher épuise au bout d'un certain temps. En marchant, il n'est
pas possible d'aller loin avant la tombée de la nuit.
La peur suit le marcheur qui a peur. Il a peur. Il ne devrait pas rester
là.
Les mains aident.
Les mains sont fines et fragiles. Il est calme. Les mains ne tremblent
pas. Il ne commence pas de gestes.
Dehors, il fait chaud en été.
Il ne peut pas tenir longtemps de cette façon. Il fait attention.
L'eau s'évapore.
Il va attendre.
Les murs ont un entourage, entourés de plusieurs maisons de plu-
sieurs étages.
Il ne s'affaiblit pas. Il passe de l'eau sur le carrelage de la chambre.
En bas de l'immeuble se trouve un parking.
Il ne part pas.
Les voitures sont garées dans la rue, dans le parking et autour de
l'immeuble.
Il peut sortir par la porte. Il reste.
Ses bras et ses jambes sont minces, son corps est jeune.
Dans la cuisine, dans la chambre et dans l'entrée, le même vieux
carrelage. Jusqu'à la porte d'entrée.
Il existe le liquide du sommeil, le liquide de l’eau, il existe d’autres
liquides encore.
Le temps se déplace.
La ville est occupée tout le jour.
Il est endormi.
Le vertige doit se limiter à la hauteur.
Le matelas est posé contre le carrelage.
Le bruit de la ville se réduit progressivement à la même heure
chaque jour.
Ses cheveux sont bouclés.
Il entend les bruits.
Il a peur.
///
NOTE 82
la descente se poursuit, reste la lenteur, avec un pneu. On disait on fera, tu feras, tu dois faire, te me dois.
reste les nouvelles d'olivier qui demande et de christian pour une lecture à la rentrée par kati et par petit mot
c'est que les temps sont aux débarras, pas eu de java pas de lect pour tilman à la galerie et pas de nouvelles de jeub jeub et des sortes de repoussades du numéro des mots n'existent pas pour l'évidence il ne faut pas me prendre pour un con, donc ça baisse beaucoup, avec un pneu comme compagnon,
et les deux doublets de process pour ulysse compak et le in en boulette
là je n'en suis que dans les fax où s'est intégré l'ancien limited ce qui nous ferait à faire le pot, limited et le compotier, l
à je n'en suis qu'au dialogue magique (il faudra se faire les contes) et à Z c'est le nom d'une toute petite série qui n'est pas née pour mourir
c'est que les trajets pour compak sont dessinés ah là là
j'ai donné une cassette au mec du musée d'art naïf
on baisse pour élargir la notion et la capacité de f/
il a même son registre, il ne se fera pas maintenant mais plus tard vers nov. ou déc. pour quand la tranquillité et enfin dépasser les commandes, avec sur les mains
j'ai fait et refait des dessins de plot c'est ma chose un pneu et les plots et c'est bien, tout est dans les petits carnets des balades en ville que l'on va quitter, j'ai dit adieu, c'est trop bête de voir qu'on ne veut pas jouer, c'est trop fatigant, revenons à nos oignons. Un été pour ça.
Christophe Tarkos, Le Kilo et autres inédits, Édition établie par David Christoffel et Alexandre Mare, P.O.L. 2022, 800 p., 32€, pp. 357-361 et 678-679


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