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Les paradis de Marcel Proust

Publié le 18 août 2008 par Rendez-Vous Du Patrimoine


Clichés I. Rambaud, la maison de Tante Léonie
Sur les traces de Marcel Proust (1871-1922), les lecteurs de A La recherche du temps perdu iront chercher leurs propres souvenirs de lecture à Illiers devenu Illiers-Combray en 1971 à l'occasion du centenaire de la naissance de l'auteur.
La maison de Tante Léonie leur sera évidemment accueillante comme elle l'a été au jeune Marcel lorsqu'il y venait pour les vacances entre six et neuf ans. Les parquets y sont luisants, les cuivres briqués.

A l'arrière de cette facade bourgeoise un peu sévère qui sur rue ouvre sans rire neuf fenêtres aux volets blancs, ils préféreront le petit jardin gravillonné, éclairé à l'ancienne et somme toute modeste où l'arbre de Judée dépourvu de fleurs en cette saison figure néanmoins comme une promesse retenue, silencieuse et merveilleuse des pays étrangers où l'oncle Jules s'approvisionnait pour planter, non loin de là, mais comme au bout du monde, le parc exotique de Tansonville qui lui ferait un havre de verdure et de rêve, la promenade minuscule de chez lui au parc s'élargissant aux horizons les plus rares grâce aux voyages que ses plantes, choisies sur catalogue, avaient faits de par l'univers pour venir s'acclimater sur les bords de la Vivonne.

Ainsi le visiteur fera-t-il lui aussi sa promenade jusqu'au "Pré catelan", apercevant le vieux château décrépi, prenant le Pont Vieux, revenant par Tansonville pour enfin faire halte à l'église où la voûte peinte veille toujours sur les bancs cloisonnés des fidèles et sur les tombes de ceux qui remontent aux croisades et au temps du chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Ce faisant, tous passeront sans la voir à côté d'une petite merveille qui ne figure sur aucun guide et qui ne doit pas avoir non plus les honneurs de La Recherche, à moins qu'on me démente, étant d'une nature triviale sans doute, bien que remarquable en soi et contemporaine exactement des séjours de Marcel Proust à Illiers (1877-1880).
Il s'agit de la petite boucherie qui se trouve à deux maisons du portail de la tante Léonie. Une vraie boucherie à l'ancienne avec ses carreaux alternés, blancs et rouge foncé, sang de boeuf, ses crochets au plafond, ses vitrines montées sur des socles en bois et plus que tout son plafond.

Car si on lève les yeux des terrines et des saucissons qui s'enroulent sans fin sur le comptoir comme de paresseuses couleuvres, on sera frappé de voir les grands carreaux de terre cuite peinte en blanc qui sur l'ensemble du plafond se reproduisent avec régularité et lui font comme un tapis sculpté où les arabesques et les fleurs rappellent le parc d'où l'on vient, faisant de ce lieu dédié en principe aux côtelettes et aux rôtis, une sorte de petit paradis de céramique, un jardin étrange et attirant, aussi bizarre sans doute que plus tard la chambre tapissée de liège où l'auteur appellera les souvenirs de Combray sans savoir qu'à côté de chez Tante Léonie un autre monde existait aussi derrière les rideaux rouges de la boucherie, avec ses plantes rares et son serpent à l'affût, prêt à se glisser dès que possible entre deux lianes pour rejoindre la Vivonne et s'y fondre entre les nénuphars.

Allez donc visiter aussi la boucherie d'Illiers-Combray... celle qu'aurait pu décrire Marcel Proust.
Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !

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