Visions // De Yann Gozlan. Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz et Marta Nieto.
Après l'excellent Boîte Noire, Yann Gozlan n'a malheureusement pas réussi à réitérer. Si la photographie est léchée, l'ambition de Yann Gozlan a clairement tout d'un caprice. Peut-être a t-il toujours rêvé de réaliser un thriller érotique qui convoque Basic Instinct, Alfred Hitchcock, Brian de Palma ou encore David Lynch mais malheureusement, tout ce décorum de luxe et ces symboles pompeux tentent de cacher la misère d'un scénario qui n'a strictement aucune idée. Si au départ on se prend au jeu des fantasmes que le réalisateur parvient à faire passer pour la réalité (ce qui donne un certain goût pour la tension intéressant), cela devient rapidement épuisant et redondant. Car finalement, Visions n'a pas grand chose à raconter et si l'on a déjà vu ces thrillers érotiques des années 2000 que l'on trouvait à 2€ dans des bacs à DVD, on sait déjà à quoi s'attendre en guise de twist final (amené avec des gros sabots).
Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d'aéroport, elle recroise la route d'Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d'imaginer que ces retrouvailles vont l'entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l'irrationnel...
Diane Kruger est convaincante mais elle-même semble lassée par son rôle en cours de film. On sent qu'elle abandonne tant le scénario ne lui offre que peu de choses. Entourée constamment par ces images de méduses (qui n'ont aucun intérêt tant cela transforme Visions en une sorte de documentaire animalier), des flashs incessants et épuisants ou encore ce visage fatigué (qui devient presque le miroir du visage du spectateur qui attend avec impatience la fin). Le film ne laisse jamais son héroïne vivre de ses propres ailes, rendant son personnage plus ennuyeux que passionnant. Alors que Visions aurait pu créer un environnement riche en émotions, ce n'est jamais le cas. On n'est jamais touché par ce que Visions raconte. Tout passe au dessus du spectateur. Yann Gozlan reprend aussi ce qu'il avait fait avec Boîte Noire lorsque l'héroïne met ses écouteurs pour écouter des sons. C'est un gimmick qui aurait pu être amusant mais qui n'est jamais bien exploité non plus.
On retrouve alors les éléments de Pas de Printemps pour Marnie, probablement ce que Hitchcock a fait de moins remarquable dans sa carrière. On a des flashbacks pompeux teintés de métaphores sans aucun sens, des fausses pistes mal amenées et des soupçons qui ne parvient jamais à créer la tension nécessaire. Je salue le casting qui tente de tenir ce château de cartes tant bien que mal. Dommage car Visions avait clairement tout pour être réussi par ses ambitions mais le résultat est plus que décevant.
Note : 3/10. En bref, un décorum cache misère ne parvient pas à faire oublier un scénario famélique.
Sorti le 6 septembre 2023 au cinéma