La planète Nüying, située à vingt-quatre années-lumière du Système solaire, partage de nombreux traits avec la Terre d’il y a trois milliards d’années. On y trouve de l’eau à l’état liquide. Son activité volcanique est importante. Ses fonds marins sont parcourus de failles et comportent quantités de sources hydrothermales. Elle possède une magnétosphère et une atmosphère dense, protectrice. Tout cela en fait une bonne candidate pour héberger la vie. La sonde Mariner a transmis des enregistrements sonores de Nüying : des chants qui évoquent par analogie ceux des baleines. Quand elle était enfant, Brume a entendu cet appel. Désormais adulte, spécialisée dans le domaine de la bioacoustique marine, elle s’apprête à participer à la plus grande aventure dans laquelle se soit jamais lancée l’Humanité : rejoindre Nüying au terme d’un voyage spatial de vingt-sept années. Que va-t-elle découvrir là-bas ? Une civilisation extraterrestre ou une remise en cause totale de ses certitudes ?
Alerte rubrique chaotique, à l’image de ma lecture de ce roman! Elle fût compliquée, tant elle m’a à la fois accrochée, énervée, intriguée, ennuyée. Une véritable montagne russe, ce qui fait que je ne sais pas comment organiser mes pensées concernant ce bouquin pour retranscrire mon ressenti de manière claire. Alors je vais y aller pas à pas, dans l’ordre de ma lecture, et tant pis si l’ensemble fait un peu bordélique, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop et que tu arriveras à en saisir l’essentiel.
Mon immersion dans ce roman a plutôt mal débuté. Je n’ai en effet pas tellement apprécié le personnage de Brume. Le récit de son quotidien avant d’arriver sur la Lune, base de départ pour le voyage vers Nüying, et de ses relations avec ses proches ne m’a pas tellement passionnée. Cette jeune femme est de plus assez froide, solitaire, réservée et exprime très peu d’émotions. J’ai donc trouvé le début long et j’ai vécu le changement de point de vue, vers la page 70 tout de même, comme une véritable bouffée d’air frais… Mais cela n’a pas duré malheureusement.
Car, vois-tu, la quatrième de couverture n’évoque absolument pas ce qui représentera au final près de 80% de l’intrigue! Ce n’est pas la destination qui compte, ni l’exploration de Nüying mais bien le voyage qui nous y conduira et l’expérience qui sera notamment menée pendant les 27 années qu’il durera. Je le savais, j’avais été un peu prévenue par d’autres lecteurs, mais je ne pensais pas que la découverte de Nüying et de ses mystères représenteraient si peu dans le récit, les 100 dernières pages tout au plus. Et c’est à ça que servent les autres points de vue. Raconter au lecteur ce qu’il se passe pendant le voyage avec les navigants qui demeurent éveillés alors que Brume dormira pendant près de 30 ans. Je me suis donc sentie flouée, trahie et cela m’a beaucoup énervée. Si seulement il y avait dans le résumé une phrase, quelque chose qui laisse penser que Nüying n’est qu’un prétexte pour aborder tout autre chose…
Quand j’ai compris cela, que je m’y suis résignée, j’ai alors oscillé entre le souhait d’abandonner, tant j’étais déçue, et l’envie de continuer, histoire au moins de « mettre un pied » sur Nüying vu que je le désirais tant. C’est la seconde option qui l’a emportée car mon envie a été plus forte que mon ressentiment et a été aidée par la plume d’Emilie Querbalec qui, je dois l’avouer, m’a totalement envoutée. Je l’ai trouvé excellente avec des réflexions scientifiques et philosophiques intéressantes et détaillées même si ce n’est pas tellement ma tasse de thé quand c’est si souvent présents. Toutefois, je l’ai trouvé un peu mécanique et froide, à l’instar de Brume, tant les émotions sont si peu représentées dans l’intrigue. Les ellipses permettent d’ailleurs de sauter les évènements les plus troublants pour les personnages et m’ont totalement perdue à chaque nouvelle partie. J’ai donc trouvé ces sauts dans le temps assez mal choisis tant les évènements qu’ils évitent auraient pu rendre le récit vivant tout en maintenant mon intérêt pour lui. C’est d’ailleurs au début de chaque nouvelle partie que j’ai le plus été tentée d’abandonner car je n’y comprenais plus rien. J’ai peiné à chaque fois pour raccrocher avec l’intrigue.
Sans cette difficulté avec les ellipses et cette attente de l’exploration de Nüying créée par le résumé et la couverture, j’aurais peut-être mieux vécu ma lecture. En effet, si je mets ces deux points de côté, j’ai trouvé le récit pas mal dans l’ensemble sans dire que je l’ai aimé tant je suis sortie de ma zone de confort. L’expérience menée pendant le voyage et sa conclusion ont pas mal fait chauffer mon cerveau. J’ai bien aimé les thèmes abordés ainsi que leur traitement même si je n’ai pas d’affinités de prime abord avec. Je ne suis pas certaine d’avoir tout saisi mais je n’en suis pas frustrée pour autant. Ceci dit, je ne peux pas m’empêcher de penser que les bases de l’expérience au coeur de l’intrigue repose sur une base bancale. Comment personne n’a pas pu voir venir la chose tant cela m’a semblé évident dès le début? Ca me parait tellement gros… Mais je n’en dirais pas plus car je ne veux pas spoiler.
En bref, j’ai apprécié sans avoir aimer cette lecture, tant elle a été compliquée à cause d’attentes inutilement créées par un packaging mal pensé et des ellipses déroutantes. Ceci dit, j’ai tenu bon grâce à la plume qui, malgré sa froideur, m’a ensorcelée et m’a empêchée de nombreuses fois d’abandonner. De plus, mon envie de percer le mystère des chants a été plus forte que la tentation d’arrêter. Ce fût rude mais je suis fière de l’avoir terminé car, mine de rien, j’ai bien aimé le point final donné à cette histoire.
Auteur(e/s) : Emilie Querbalec Traduction : / Editions : Albin Michel Imaginaire Nombre de pages : 464 Catégorie(s) : Science-fiction ISBN : #ISBN9782226472823