Cette équipe d’oncologues pédiatriques de l’Université de Bologne le constate, le microbiome intestinal joue un rôle clé dans les résultats de greffes de cellules souches chez les patients pédiatriques. L’étude, publiée dans la revue Blood, révèle en effet que l’amélioration de la diversité du microbiome intestinal réduit le risque de complications et, globalement, pourrait permettre une augmentation de la survie de ces jeunes patients.
Le tractus intestinal humain abrite des milliards de micro-organismes tels que des bactéries, des virus et des champignons. Connus collectivement sous le nom de microbiote intestinal, ces micro-organismes remplissent des fonctions vitales liées à la santé, telles que la protection contre les maladies infectieuses et aident le corps à absorber les nutriments et à utiliser l’énergie des aliments.
C’est la toute première étude montrant une association entre la variété des communautés bactériennes du tractus intestinal et la survie chez les patients pédiatriques et elle ajoute aux bénéfices de la santé intestinale dans les résultats de santé. L’auteur principal, le Dr Riccardo Masetti, du Service d’oncologie et d’hématologie pédiatriques de l’Université de Bologne suggère ainsi que « les interventions visant à améliorer la diversité microbienne avant la greffe pourraient aider davantage d’enfants à survivre ».
Optimiser les résultats de la greffe en préparant le microbiote
Chez les enfants comme chez les adultes, la greffe de cellules hématopoïétiques ou greffe de cellules souches allogéniques provenant d’un donneur compatible est une option thérapeutique pour de nombreux cancers du sang, ainsi que pour différentes affections non cancéreuses. Cependant, des facteurs tels que les changements de régime alimentaire et le traitement « pré-transplantation » avec des antibiotiques et la chimiothérapie peuvent induire un appauvrissement du microbiote intestinal et une augmentation des « mauvaises » bactéries. Cette peut contribuer à de nombreuses complications, dont certaines mortelles, comme des infections du sang et les réactions immunitaires sévères.
L’étude, multisites, a analysé des échantillons de selles de 90 patients pédiatriques, âgés en moyenne de 9 ans, avant et pendant et après ces greffes de cellules souches. Plus de la moitié des patients recevaient la greffe pour traiter une leucémie aiguë, les autres participants pour traiter d’autres cancers du sang ou des maladies du sang non malignes. Les participants ont été suivis pendant une durée médiane de 52 mois. Après ajustement des facteurs de confusion possibles, l’analyse constate que :
- la survie globale estimée à 52 mois est de 89 % chez les patients disposant d’une plus grande diversité de microbiote intestinal avant la greffe vs 63 % pour les participants ayant une diversité réduite du microbiote ;
- une diversité plus élevée du microbiote est associée à une réduction significative du risque de réaction aiguë du greffon contre l’hôte ;
- il existe une association dose-dépendante entre la diversité du microbiote et l’augmentation de la survie, indépendante de la maladie traitée ou du site de traitement.
De prochaines recherches vont évaluer les effets spécifiques possibles des facteurs pouvant influencer la diversité du microbiote (comme les antibiotiques et autres médicaments, l’alimentation, etc.) et l’efficacité possible des stratégies d’intervention ciblant ces différents facteurs.
D’ores et déjà, ces résultats soulignent
l’importance de la diversité du microbiote intestinal avant la greffe pour optimiser au maximum ses résultats,
a minima chez les enfants.
Source: Blood 10 Aug, 2023 DOI : 10.1182/blood.2023020026 Gut microbiota diversity before allogeneic hematopoietic stem cell transplantation as predictor of mortality in children
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Équipe de rédaction SantélogSep 18, 2023Équipe de rédaction Santélog