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Entretien avec Edgar Morin : L'homme et l'univers, du biologique au cosmique

Par Levidepoches

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Un vivant est un être qui est en même temps un existant. Je dirais qu'un existant vit de façon aléatoire, soumis à l'incertitude et aux périls, aux contingences, et, comme vivant, il dispose d'un certain nombre de qualités et de propriétés qui tiennent à son organisation. Les premières qualités concernent l'auto-éco-organisation, c'est-à-dire que le vivant trouve en lui-même la capacité permanente de se réparer, de se régénérer, ce qui suppose, à son tour, deux traits spécifiques. D'abord, comme le vivant est toujours en activité, il doit puiser de l'énergie dans son environnement. C'est pour cela que je parle d'auto-éco-organisation, car il n'y a pas d' autonomie sans dépendance. L'auto-organisation signifie alors une relative autonomie qui dépend cependant de l'environnement. Ceci, et c'est le second trait, donne des qualités émergentes qui n'existeraient pas sans cette organisation, ce sont les qualités qu'on appelle vie (métaboliser, se reproduire, âtre en relation active avec son environnement)
l'organisation vivante produit et est produite par un certain mode de connaissance organisatrice que j'appelle computation. Ce mode de connaissance est fondé sur un computo capable de traiter objectivement à la fois les éléments dont il est constitué et le monde extérieur en fonction de son propre intérêt de " vivant". Celui-ci concerne au premier chef sa capacité à se reproduire, soit tout seul, soit de façon sexuelle - les premiers vivants se reproduisaient par dédoublement - et il se développe avec l'évolution des végétaux et des animaux une forme de sensibilité à l'égard de ce qui arrive.
      
Maintenant, il faut poser une question préliminaire "qu'est-ce que la vie?". Cette question est importante parce qu'elle a été l'objet de débats séculaires entre deux écoles de pensée. L'école réductionniste, d'un côté, qui affirme que pour comprendre la vie il faut se référer aux constituants physico-chimiques qui la constituent ; l'école vitaliste, de l'autre, pour qui la vie est faite d'une substance spécifique, particulière, qu'on ne trouve pas dans la matière normale ordinaire (1). Henri Bergson, par exemple, était un vitaliste. S'appuyant sur de multiples "preuves ", il soutenait la thèse selon laquelle les vivants ne subissent pas de façon immédiate et totale le deuxième principe de la thermodynamique, le principe de dégradation. Ce débat a été tranché dans les années soixante, avec les découvertes de la structure du code génétique par Watson et Crick       (2). Le code génétique étant chimiquement inscrit dans I'ADN, cette découverte prouvait, de façon définitive, le fait que tous les constituants du vivant se retrouvent dans sa nature physico-chimique. Mais cette victoire du réductionnisme était en fait, sans qu'il le sache, sa défaite, car elle démontrait qu'il y aune différence irréductible entre le vivant et le non vivant qui est la complexité de l'organisation, laquelle constitue une auto-organisation. Autrement dit, la différence fondamentale entre le vivant et le non vivant n'est pas dans la matière - l'un et l'autre sont des éléments matériels-, elle est dans le type d'organisation, dans la complexité de l'organisation du vivant.

La suite...

          Qu'est-ce           qu'un vivant? 1                    

Dans           ... La vie de la vie 2          

Symbiose           des êtres vivants? 3          

Perspective           holistique 4

Extraterrestres           humanoïdes? 5

Vivants           invisibles ? 6

Face           au génome 7

Et           la mystique dans tout cela? 8

http://www.philagora.net/philo-fac/edgar-morin/                      

      

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