Col de la Croix Morand

Dédicace Dufils Sandrine, Jean-Louis Murat et le girl power 

Jusqu'au buron du col de la Croix Morand, j'y suis allé mollo : goudron fondu, gravillons annoncés, grip douteux, je n'avais pas envie de froisser Bonnie

Puis, songeant qu'à Misano Zarco mettait la misère à Espargaro et Marquez dans le dernier tour, j'ai pris du rab de virolos.

Puy de Sancy, col de Guery La Bourboule, Mont Dore, j'avais du mal à quitter la montagne sur une frustration.

Avec cette machine pas vraiment sportive, silencieuse et coupleuse il y avait peu de chances de déranger les écureuils de la forêt domaniale de Guery alors j'étais open pour une dernière gaZconnade 

Poum, poum, poum, une explosion tous les dix sept sapins*, l'anglaise possède la puissance en bas et la discrétion d'un moteur électrique sans la sueur des enfants africains affectés à l'extraction des métaux précieux 

2000/3000 tours sur le quatrième rapport, je suis assis sur une fronde qui me projette de virage en virage sans toucher au frein avant juste par la rotation du poignet droit et un orteil nonchalant sur la pédale de frein arrière pour corriger une trajectoire trop optimiste.

Et là, place aux plaisirs spécifiques que seule la moto peut donner. 

Sauter le camping-car qui s'essouffle en montée entre deux virages sans attendre une ligne droite qui n'existera pas avant Clermont-Ferrand. Echanger les effluves de gasoil contre des fragrances de fayards, jouir du rafraîchissement de la forêt, le téton saisi par le brusque changement du thermomètre sans toucher à la clim et de cette légère contraction du rectum passque ça tourne dangereusement et tu n'es pas Zarco au GP d'Italie. 

Ici et maintenant la vision est majestueuse sur 360°cependant l'inclinaison de la machine requiert un peu d'attention. Bouger son petit corps dans les changements d'angles sans jamais couper vraiment les gaz. 

Parfois, lorsque le piston cogne d'avoir repris à trop bas régime, il y a cette sensation orgasmique du " ...ciel dans tes yeux, qui d'un seul coup n'est plus pur" comme les rétros troublés par la vibration finale où " monte le désir dans le creux de mes reins "

Et pif et paf, flexion/extension, c'est bon pour le grand oblique, je travaille ma sangle abdominale une fesse timide en dehors de la selle, genou par terre, le rétro à quelques centimètres du rail de sécurité, dans les étincelles de la béquille sur le bitume, un filet de gaz avec un poilito de frein arrière pour réguler ( voir plus haut) et accélérations entre Bourboule et Sancy, again, again ...

Voilà, il faut partir!

Toulon, l'île Rousse, la Corse, son tourniquet et son GR 20 nord s'impatientent ...

* seul Bruno Gillet se souviendra que la paternité de cette expression, où "platanes" remplacent " fayards" revient à Moto Journal du temps où il y avait des signatures. Elles sont désormais chez Youngtimer