Cette nouvelle directive clinique de l’American Heart Association (AHA) et de l’American College of Cardiology (ACC), publiée à la fois dans la revue Circulation et le Journal of American College of Cardiology rappelle, au-delà des protocoles de diagnostic et d’évaluation des maladies cardiaques chroniques que leur prévention et leur traitement passent avant tout par un mode de vie sain.
Encore une fois, avant même les traitements médicamenteux, le mode de vie sain et des habitudes alimentaires équilibrées restent le fondement de la prise en charge des maladies cardiaques ou « maladies coronariennes chroniques ». Un mode de vie sain reste la condition de base pour atteindre les principales priorités en termes de santé cardiaque, soit la réduction du risque futur d’événements cardiovasculaires, le soulagement des symptômes lorsque la maladie est déjà là et, plus largement, une meilleure qualité de vie. Autre condition d’atteinte de ces objectifs, pour le patient, la bonne collaboration entre les professionnels de soins primaires et les médecins spécialisés en cardiologie.
L’objectif est de réduire les près de 18 millions de décès imputables à ces maladies dont plus de 7 sont liés à une cardiopathie coronarienne par des mesures simples et non médicamenteuses en première intention, comme une alimentation saine, la pratique régulière d’une activité physique, l’absence de tabagisme. Les traitements médicamenteux ne sont néanmoins pas oubliés, notamment l’utilisation d’inhibiteurs du SGLT-2, d’agonistes des récepteurs GLP-1 bêta-bloquants, d’acide bempédoïque et d’inclisiran (nouvel hypolipémiant).
La maladie coronarienne chronique est un terme générique pour toute une variété de maladies vasculaires et cardiaques de longue durée caractérisées par un flux sanguin inadéquat vers ou depuis le cœur. Les symptômes comprennent des douleurs thoraciques chroniques liées au cœur.
« Les recherches scientifiques des dernières années ont apporté de nouvelles données », relève l’un des auteurs principaux, le Dr Salim S. Virani, président de l’AHA et de l’ACC, également cardiologue à la Baylor University (Houston). « La bonne nouvelle, c’est que la maladie coronarienne chronique est maintenant une maladie gérable. Grâce à un mode de vie sains voire des thérapies médicamenteuses qui ont progressé, le pronostic de ces patients s’est considérablement amélioré ».
3 principes pour une bonne prise en charge des patients atteints de maladie coronarienne :
- adapter le traitement en fonction du risque du patient de futurs événements cardiovasculaires ;
- soulager les symptômes et cibler la qualité de vie ;
- privilégier les soins pluridisciplinaires, en équipe composée de professionnels de soins primaires et de spécialistes en cardiologie.
Alors que la maladie coronarienne touche en majorité des personnes plus âgées, que
l’objectif en Santé publique est bien un vieillissement en bonne santé,
la qualité de vie du patient est reconnue comme une considération importante et l’évaluation des options thérapeutique doit aussi prendre en compte le point de vue du patient. L’éducation thérapeutique sur la gestion des symptômes et les options de traitement ne doit pas être oubliée, afin que le patient puisse participer activement et de manière éclairée à la décision de traitement.
Les discussions entre patients et médecins sont nécessaires pour s’assurer que les patients suivent les recommandations les plus récentes en matière de régime alimentaire, d’activité physique et d’autres principes de mode de vie.
La ligne directrice met enfin l’accent sur la coordination des soins entre les professionnels de soins primaires et cardiovasculaires et sur une réévaluation régulière du traitement.
Et les médicaments ?
- Les médicaments hypoglycémiants comprennent 2 classes de médicaments traditionnellement utilisés pour traiter le diabète de type 2, les inhibiteurs du SGLT-2 et les agonistes des récepteurs du GLP-1, qui présentent des avantages cardiovasculaires en plus de leur effet de contrôle de la glycémie. Les 2 types de médicaments aident à perdre du poids, à réduire la progression de la maladie rénale et à réduire le risque d’événements cardiovasculaires, même chez les patients atteints de maladie cardiovasculaire exempts de diabète de type 2.
- Les médicaments bêtabloquants qui diminuent la fréquence cardiaque et la force des contractions cardiaques, abaissent ainsi la tension artérielle. Les directives rappellent que leur utilisation systématique pendant plus d’un an n’est pas recommandée chez les patients atteints de maladie cardiovasculaire, qui n’ont pas eu de crise cardiaque au cours de l’année écoulée ou chez ceux qui ont conservé une fraction d’éjection ventriculaire égale ou supérieure à 50 % (ce qui signifie que le cœur pompe le sang suffisamment efficacement pour répondre aux besoins de l’organisme).
- De nouveaux médicaments anti-cholestérol : si les statines restent les médicaments de première intention pour réduire le cholestérol, aujourd’hui, de nouveaux médicaments peuvent être envisagés pour traiter les personnes atteintes de maladie coronarienne et dont le taux de cholestérol reste élevé ou qui ne tolèrent pas les statines. Ces médicaments comprennent l’ézétimibe, les inhibiteurs de PCSK9, l’acide bempédoïque et l’inclisiran.
- Les médicaments antiplaquettaires qui aident à prévenir la coagulation (caillots) chez les personnes qui ont eu une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral, des douleurs thoraciques ou d’autres problèmes cardiovasculaires accueillent un nouveau venu : la bithérapie antiplaquettaire. La ligne directrice recommande une durée plus courte de la bithérapie antiplaquettaire dans la plupart des cas.
Et les suppléments ? Les preuves ne sont pas suffisantes sur l’efficacité des compléments alimentaires dont les acides gras oméga-3, les vitamines C, D ou E, le bêta-carotène ou le calcium chez les personnes atteintes de maladie cardiovasculaire.
Le dépistage de routine avec tests d’effort ou tomodensitométrie n’est pas recommandé pour les patients qui suivent des thérapies conformes aux lignes directrices et qui n’ont présenté aucun changement dans les symptômes ou l’état fonctionnel.
L’arrêt du tabac est recommandé en association avec une thérapie de substitution nicotinique chez les patients fumeurs atteints de maladie cardiovasculaire. Chez certains patients atteints de maladie coronarienne chronique qui fument régulièrement, l’utilisation à court terme de cigarettes électroniques pour arrêter de fumer peut être envisagée mais sous surveillance d’un professionnel de la santé. Cependant, les personnes qui utilisent des cigarettes électroniques pour arrêter de fumer doivent être averties du risque de développer une dépendance à long terme aux cigarettes électroniques et être encouragées à arrêter rapidement pour éviter ce risque.
En raison du manque de données de sécurité à long terme et des risques d’une utilisation prolongée, les cigarettes électroniques ne sont pas recommandées comme traitement de première intention pour le sevrage tabagique des personnes atteintes de maladie coronarienne chronique.
Source : Circulation 20 July, 2023 DOI : 10.1161/CIR.0000000000001168 AHA/ACC/ACCP/ASPC/NLA/PCNA Guideline for the Management of Patients With Chronic Coronary Disease: A Report of the American Heart Association/American College of Cardiology Joint Committee on Clinical Practice Guidelines
Équipe de rédaction SantélogSep 28, 2023Équipe de rédaction Santélog