«Les leçons de 1933», tel était le titre d’un lancement de livre organisé par la maison d’édition Mehring-Verlag le dimanche 22 octobre, à l’occasion de la Foire du livre de Francfort. Christoph Vandreier, secrétaire national du Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste, SGP), a présenté la nouvelle édition augmentée du livre de Léon Trotsky Portrait du national-socialisme. Comme l’a montré sa présentation, ces écrits sur l’Allemagne, écrits il y a 90 ans, sont à nouveau d’une extrême pertinence, surtout aujourd’hui.
Christophe Vandreier (Photo : WSWS)
“Nous ne discutons pas seulement de questions historiques”, a souligné Vandreier, qui a également écrit le nouvel avant-propos, “mais des questions brûlantes des développements politiques actuels”. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) vient de remporter 18 pour cent des voix aux élections régionales de Hesse ; À l’échelle nationale, elle est désormais la deuxième force la plus importante dans les sondages, a déclaré Vandreier. Cela était dû au fait que tous les partis de l’establishment avaient adopté le programme de cette formation fasciste.
Cela était particulièrement évident dans la politique de guerre, plus récemment en ce qui concerne le Moyen-Orient, a déclaré Vandreier : « Dans le Bundestag [federal parliament]tous les députés, jusqu’au Parti de gauche inclus, ont adopté la ligne de l’AfD, soutenant pleinement le gouvernement de droite radicale en Israël et soutenant le génocide contre la population palestinienne.»
Vandreier a évoqué le récent bombardement de l’hôpital arabe Al-Ahli par l’armée israélienne et a déclaré que le gouvernement allemand et tous les partis du Bundestag soutenaient ainsi les crimes de guerre. Sous les applaudissements, Vandreier a contredit la propagande constante selon laquelle Israël avait le « droit, selon le droit international » à l’autodéfense : « Comme si le massacre, la famine et l’expulsion de milliers de civils avaient quelque chose à voir avec l’autodéfense ! »
Dans l’historique Haus Gallus, où s’étaient déroulés les procès d’Auschwitz à Francfort 60 ans plus tôt, Vandreier a remis les pendules à l’heure sur l’accusation mensongère d’« antisémitisme » contre toute critique d’Israël et sur la comparaison fausse et vicieuse du soulèvement palestinien avec l’Holocauste. Il a déclaré : « Ce ne sont certainement pas les travailleurs et les jeunes arabes criant « Palestine libre » qui s’inscrivent dans la tradition de l’impérialisme allemand et des nazis, mais la classe dirigeante en Allemagne elle-même dans son soutien au génocide. »
Vandreier a mis en garde contre l’expansion de la guerre en Ukraine et du conflit au Moyen-Orient : « Nous voyons les puissances de l’OTAN ouvrir un deuxième front dans la Troisième Guerre mondiale. » Comme lors des Première et Seconde Guerres mondiales, l’impérialisme allemand poursuivait à nouveau l’objectif de « détacher l’Ukraine et d’autres pays ayant appartenu autrefois à l’Union soviétique et à l’Empire russe de la sphère d’influence de Moscou » et de les placer sous contrôle allemand. “Et à cette fin, les chars allemands se lancent à nouveau contre la Russie.”
En profondeur
Léon Trotski
Léon Trotsky (1879-1940), co-dirigeant de la révolution russe de 1917, opposant socialiste à Joseph Staline, fondateur de la Quatrième Internationale et stratège de la révolution socialiste mondiale.
À l’aide de graphiques montrant la croissance exponentielle du budget de la défense, Vandreier démontra qu’il y avait eu une « véritable explosion du militarisme allemand ». L’objectif déclaré, dit-il, était d’armer l’Allemagne pour qu’elle devienne la plus grande puissance militaire d’Europe. Et il a souligné que le gouvernement finançait cet horrible réarmement en réduisant les budgets de l’éducation, de la santé et du logement. À cette fin, « la guerre à l’étranger va de pair avec la guerre des classes à l’intérieur ». Parce que la politique du militarisme et des attaques sociales ne pouvait être appliquée par des méthodes démocratiques, « toute la saleté nazie » revenait.
Il y a quatre ans, à Francfort, Vandreier avait déjà présenté son analyse du retour du fascisme dans son propre ouvrage : Pourquoi sont-ils de retour? Dimanche, il a présenté avec vivacité l’actualité des écrits de Trotsky sur l’Allemagne, qui, selon lui, « offrent une compréhension incomparable des processus et des dynamiques qui ont conduit à la catastrophe du national-socialisme ». [Nazism]». Il a cité des passages d’actualité tels que celui-ci :
Au moment où les moyens policiers et militaires « normaux » de la dictature bourgeoise, ainsi que leurs écrans parlementaires, ne suffisent plus à maintenir la société dans un état d’équilibre, arrive le tour du régime fasciste.
Il devient clair que les écrits de Trotsky n’étaient pas seulement des chefs-d’œuvre littéraires et des analyses inégalées du développement historique, mais qu’ils font « eux-mêmes partie de l’histoire », a déclaré Vandreier. La lecture du volume montrait : « Hitler aurait pu être arrêté et la catastrophe évitée ». Il a expliqué les politiques désastreuses des bureaucraties staliniennes et sociales-démocrates que Trotsky avait dénoncées et contre lesquelles il avait développé une perspective viable pour combattre le fascisme.
Il a ensuite expliqué le contraste frappant avec l’approche d’un Daniel Goldhagenou un Götz Aly dans l’après-guerre, qui voyaient la cause du fascisme dans les « Allemands ordinaires » ou dans le « Volksstaat d’Hitler » [People’s State]» ou, comme les philosophes de l’École de Francfort, ont imputé la montée du fascisme aux Lumières et à la division moderne du travail. Ce qu’ils avaient en commun était le rejet du rôle révolutionnaire de la classe ouvrière : « La quintessence de leur point de vue est le profond pessimisme qui caractérisait l’école de Francfort et qui constituait la base de leur acceptation de l’Allemagne d’après-guerre infestée par les nazis. “, a déclaré Vandreier.
La question de savoir pourquoi la masse des travailleurs n’a pas lancé une grève générale contre Hitler et ne s’est pas opposée à la terreur n’était « pas une question psychologique », a souligné Vandreier. « Cela ne peut s’expliquer qu’en termes de programme et de perspectives de leurs dirigeants. Trotsky discute de ces questions dans les présents écrits avec une clarté sans précédent. »
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En particulier, le Parti communiste allemand (KPD) de l’époque, privé de ses dirigeants les plus importants, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, s’est montré incapable de briser la classe ouvrière de la social-démocratie et de la gagner à la révolution sous la pression d’une bureaucratie stalinienne qui se renforçait. en Union Soviétique. En revanche, Trotsky a souligné « que le fascisme était une question de vie ou de mort pour la classe ouvrière et ne pouvait être arrêté que par sa mobilisation de masse ».
Concernant la situation actuelle, Vandreier a déclaré que – contrairement aux années 1930 – la classe dirigeante d’aujourd’hui n’avait pas de mouvement fasciste de masse et que la classe ouvrière venait tout juste de commencer à s’engager dans la lutte. « La lutte des classes éclate avec puissance partout dans le monde », a-t-il déclaré. Le soulèvement palestinien doit également être vu dans ce contexte. Cette force – la classe ouvrière internationale – est la seule force sociale capable d’arrêter le fascisme et une troisième guerre mondiale, a-t-il expliqué.
Présentation du livre Mehring Verlag à la Haus Gallus de Francfort, dimanche 22 octobre 2023 (Photo : WSWS)
Le public a suivi avec attention la présentation de Vandreier et a été applaudi à plusieurs reprises. De nombreux participants, dont un groupe d’étudiants de l’université Goethe de Francfort, se sont montrés enthousiasmés par ce qu’il avait à dire.
Dietmar Gainenkersting, président régional du SGP de Rhénanie du Nord-Westphalie, qui a modéré la réunion, a conclu en expliquant l’importance de la nouvelle publication de Trotsky, décrivant plusieurs textes nouvellement inclus. Il s’agissait par exemple de l’article « Contre le communisme national » (1931), dans lequel Trotsky tirait les leçons de l’adaptation nationaliste du KPD au référendum nazi contre le gouvernement social-démocrate prussien. Ou encore son article « Nation et économie mondiale » (1934, traduit pour la première fois en allemand dans son intégralité), qui prouve comment la volonté de guerre des impérialistes est liée à leur volonté d’autarcie. Tous ces articles, a déclaré Gayenkersting, étaient, comme l’ensemble du livre, de la plus haute pertinence contemporaine.
Gainenkersting a invité les participants à commander le livre ainsi que les deux nouvelles publications de Mehring, celle de Trotsky Où va la France ? et son monumental Histoire de la révolution russeà un prix spécial.
David North dans Prinkipo
Un hommage à Léon Trotsky
David North a visité la dernière résidence de Trotsky lors de son exil (1929-33) sur l’île de Prinkipo et a rendu hommage à la vie du grand théoricien de la révolution socialiste mondiale.
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