LT-21 (Saison 1, 8 épisodes) : pandémie d'amnésie

Avec LT-21, OCS développe notre peur de la pandémie à travers une dystopie. Le virus en lui-même ne tue pas les gens mais les rends amnésiques (ce qui peut être plus que problématique). La question posée n'est donc pas d'enterrer des milliers de gens mais bien de s'occuper d'amnésiques. Sauf qu'à un moment donné, il commence à y en avoir un peu trop. Que reste t-il de nous même lorsque l'on a tout oublié ? LT-21 est assez originale pour presque tenir toutes ses promesses. On a déjà vécu la COVID-19 donc les pandémies ont connait par coeur maintenant. Mais la série cherche à aller au delà. Bien que cela manque d'un brin d'émotions, chacun est investi ce qui permet de rendre le tout assez réaliste. LT-21 n'est pas là pour aller chercher la tendresse et faire pleurer les chaumières mais plutôt pour raconter quelque chose d'intelligent et intelligible. LT-21 ressemble alors presque à une sorte de documentaire, une série qui sort des sentiers battus et offre quelque chose de différent sur une thématique qui a tendance a être sur-exploité depuis la fin des confinements.

L'épidémie de LT-21 ne fera pas un seul mort. Mais est-on tout à fait vivant quand on a tout oublié ? Car les patients infectés développent une amnésie biographique totale. Asia, infectiologue et Gabriel, chercheur en virologie, en couple depuis 15 ans, sont retenus dans un hôpital devenu centre de quarantaine, sous contrôle de l'armée. Ils continuent les recherches, s'occupent des patients. Mais lorsque Gabriel tombe malade après avoir pris tous les risques pour sauver un enfant infecté, Asia est exfiltrée de force sur une île, base de l'opération Hérédis. Là, on la contraint à poursuivre les recherches dans un laboratoire secret. Sur le continent, Gabriel a déjà tout oublié de leur amour.

Le genre est assez rare en France mais LT-21 est suffisamment originale. Ce n'est pas toujours très subtile (ce qui peut être un brin problématique dans un sens) mais les scénaristes utilisent les moyens mis à leur disposition pour créer quelque chose d'intéressant. Le casting (et surtout Arnaud Valois) est pour beaucoup dans la réussite de cette petite série. Le début est assez intrigant pour rendre curieux pour la suite et même si la série est limitée dans ses ambitions par son budget, elle tente de tout faire pour rester fidèle à l'ambition de base. Dommage que cela manque peut-être d'un peu d'effets marquants tout au long de la saison pour marquer le coup mais cela reste une série assez sympathique pour faire le travail demandé. On a déjà vu tout un tas de situations (que ce soit dans d'autres fictions françaises ou bien des fictions américaines sur la COVID-19) mais ce petit côté bricolé parvient finalement à être séduisant.

Au début on ne sait pas trop dans quelle direction LT-21 veut aller. Disons qu'elle laisse planer le doute sur ce qui arrive. Si l'on n'a pas lu le résumé, difficile d'imaginer autre chose que la COVID-19 mais c'est finalement le LT-21. Et il ne tue pas mais il détruit tout ce qui fait votre identité. Il y a une vraie question posée sur son identité et à quel point nos souvenirs sont finalement responsable des gens que nous sommes. Ce n'est pas toujours très finaud en termes d'écriture mais c'est assez malin pour que l'on s'intéresse aux personnages et à ce qu'ils peuvent nous raconter. LT-21 est la preuve que l'on peut avoir de l'ambition et peu de moyens mais réussir à faire quelque chose de plutôt efficace en son genre. Je ne m'attendais pas du tout à ça. OCS prouve surtout qu'elle est un vivier de séries originales qui sortent des sentiers battus des grandes chaînes et ça fait plaisir à voir.

Note : 6/10. En bref, une pandémie qui rend amnésique et voilà que LT-21 parvient à développer quelque chose d'intéressant, presque documentaire, sur un univers qui fera forcément écho à tous ceux qui ont vécu l'année 2020.