Critique Ciné : Sick of Myself (2023)

Sick of Myself // De Kristoffer Borgli. Avec Kristine Kujath Thorp, Erik Saether et Fanny Vaager.

Sick of Myself est le symptôme de notre époque où les gens vivent uniquement pour les réseaux sociaux. Une jeune femme, vivant dans l'ombre de son petit ami, décide de faire croire qu'elle est atteinte d'une maladie rare afin d'attirer l'attention de tout le monde. Sauf que cela peut rapidement se retourner contre elle et le film montre à quel point cette égoïsme, cette envie de lumière constante, peut être désastreux. Les héros de Sick of Myself, Signe et Thomas, forment un couple détestable au possible. Signe surtout. C'est étonnant comme pari que de parier sur une héroïne insupportable mais cette satire du culte de la personnalité qui n'est pas sans faire écho au style de Ruben Östlund fonctionne. Kristoffer Borgli pousse son histoire à son paroxysme en humiliant jusqu'au bout du film ses personnages. Je trouve ça fascinant cette touche d'humour noir (et parfois plus sérieux) qui vient faire écho en chacun de nous quelque chose. Signe reste un personnage humain et l'humanité qui ressort du personnage dans le film permet aussi d'avoir envie de suivre ses aventures (et de retrouver une partie de nous en elle).

Signe vit dans l'ombre de son petit ami Thomas, à qui tout réussit. En manque d'attention, elle décide de faire croire à son entourage qu'elle est atteinte d'une maladie rare. Mais le mensonge fonctionne un peu trop bien, et elle est vite prise à son propre piège.

Car oui, Signe dans Sick of Myself n'est que le miroir d'une partie de la personnalité de chacun. Tout le monde aime la lumière ou en rêve. C'est malsain mais c'est aussi très humain. Sick of Myself offre alors une satire comme Sans Filtre a pu le faire par le passé mais en moins sarcastique. Disons que le film de Kristoffer Borgli se prend plus au sérieux tout en offrant quelques teintes d'humour féroce. Sick of Myself c'est les ravages de la société de consommation, de l'individualisme, de la société dans laquelle le paraître est roi. Au fond, Sick of Myself définit parfaitement ce qui se passe sur les réseaux sociaux et le besoin constant d'attention de certains, prêts à tout pour leur heure de gloire. Kristine Kujath Thorp est alors parfaite dans le rôle de Signe. Sick of Myself fait une sorte de constat terrifiant sur notre société et son état, rendant le récit encore plus percutant. Ce n'est pas parfait mais c'est soigneusement écrit et mis en scène.

Note : 8/10. En bref, à la manière de chez Ruben Östlund mais avec un brin plus d'intelligence, Sick of Myself dépeint notre narcissisme et besoin de plaire sur les réseaux sociaux à son paroxysme.

Sorti le 31 mai 2023 au cinéma - Disponible en VOD et DVD