Polar Park (Saison 1, 6 épisodes) : Fargo dans le Jura

Gérald Hustache-Mathieu adapte son film Poupoupidou (2011) avec quelques libertés en série pour Arte. Le film était bon mais je dois avouer que la série est encore meilleure. L'humour noir est clairement la véritable force de cette série bourrée de moments loufoques et d'un suspense assez bien entretenu. Les deux premiers épisodes permettent de créer une ambiance qui n'est pas sans faire écho à Fargo avec ce mélange de polar à suspense et d'humour bien dosé. Le réalisateur et scénariste rassemble à nouveau Jean-Paul Rouve et Guillaume Gouix dans cette aventure assez étonnante où les deux forment un duo aussi improbable qu'attachant. J'ai toujours adoré les séries qui utilisent les grands froids pour terrain de jeu policier. C'est souvent une occasion en or de délivrer à la fois par les décors mais aussi avec des situations différentes de ce que l'on peut voir habituellement.

Après avoir reçu un mystérieux message, David Rousseau, auteur de polars en panne d'inspiration, se rend à Mouthe, le village le plus froid de France. Le même jour, un meurtre survient, mis en scène de manière aussi artistique que déroutante. Y voyant le point de départ inespéré d'un roman, Rousseau entame une enquête qui empiète sur celle de l'Adjudant Louvetot. Le trouble s'installe définitivement lorsque les meurtres s'additionnent. Il y aurait un serial killer... à Mouthe !

Il faut tout de même attendre la seconde partie de Polar Park pour que celle-ci se révèle un peu plus et devienne alors encore meilleure. C'est un peu comme le bon vin. Il est agréable en bouche au départ mais il l'est encore plus par la suite. Les dialogues sont bien plus farfelus et travaillés dans la seconde partie de cette mini-série que dans la première. Les personnages, par leur côté maladroit, sont attendrissants et les acteurs, clairement bien imprégnés de leurs personnages, parviennent à nous vendre le produit. Polar Park n'a de cesse de faire des tas de références aux romans noirs et aux thrillers ce qui là aussi apporte un petit plus amusant. Dès le départ, Polar Park ne perd pas de temps à installer le climat qui nous attend pour le reste de la saison mais c'est au fil des épisodes que la série se révèle et parvient à nous offrir quelque chose de réellement surprenant.

Le climat glacé apporte une touche visuelle non négligeable à l'ensemble. Polar Park n'est pas parfaite mais elle a plein d'atouts et un charme indéniable. Le mélange à mi-chemin entre Fargo et Twin Peaks est clairement assumé (comme le film originel). C'est clairement un ONVI télévisuel mais Poupoupidou l'était déjà au cinéma il y a plus de dix ans. Jean Paul Rouve en écrivain en panne d'inspiration qui se retrouve pris au milieu d'une série de meurtres dans son village natal aurait pu être un échec mais je suis forcé de constater au fil des années que l'acteur est bien meilleur dans ce registre que dans celui de l'humour où il ne se renouvelle plus (Jeff Tuche commence à me courir et d'ailleurs la référence n'est pas loin avec la présence au casting de Pierre Lottin qui joue son fils dans la franchise des Tuche). Guillaume Gouix en policier gay apporte lui aussi une sensibilité intéressante et différente à l'histoire. Cela me rappelle d'ailleurs un peu Deadloch qui jouait sur le même créneau.

India Hair est elle aussi étonnante alors que durant six épisodes, cette aventure jubilatoire s'amuse avec nous. Cela change des " Meurtres à " et cie qui poussent comme des champignons sur le service public. L'intelligence de Polar Park est aussi d'éviter le piège d'autres fictions hybride qui tombent parfois dans la mauvaise caricature plouc de la campagne française. Au final, Polar Park est une agréable surprise qui a le mérite de bousculer les codes tout en faisant de multiples références bien senties. Je redemande de ces créations originales qui veulent nous sortir de ce que l'on voit par dizaine chaque année.

Note : 7/10. En bref, une agréable série policière à mi-chemin entre Fargo et Twin Peaks.