Catherine Couturier – Le Détecteur de rumeurs – Agence Science-Presse
Incommodé par la toux, vous êtes tenté par un de ces sirops en vente libre dans les pharmacies ? Pas si vite. Depuis quelques années, la recherche scientifique est loin d’avoir démontré l’efficacité de ces produits, comme l’observe le Détecteur de rumeurs.
Depuis les années 2000, ces recherches n’ont en effet pas pu trouver d’avantages flagrants aux sirops contre la toux, lorsque comparés à un placebo.
Par exemple, en 2007, une revue de littérature a soulevé un doute sur l’efficacité d’un des ingrédients, la codéine, longtemps considérée comme le suppresseur de toux par excellence. La codéine n’est en général pas plus efficace pour supprimer la toux que des placebos, pas plus d’ailleurs que ne l’est la dextrométhorphane, un autre ingrédient-clef.
Des études menées chez les enfants ont aussi conclu que ni la dextrométhorphane ni la diphénhydramine (Benadryl) n’étaient plus efficaces qu’un placebo : le manque de preuves empêchait de recommander ou de déconseiller l’utilisation de médicaments contre la toux aiguë chez l’enfant. Enfin, une revue systématique Cochrane effectuée en 2014 a conclu qu’il n’y avait pas de résultats probants pour affirmer que les sirops en vente libre étaient efficaces pour les enfants ou pour les adultes.
Le manque de résultats établissant clairement les effets positifs des sirops contre la toux a conduit plusieurs associations et autorités médicales à émettre des réserves quant à l’utilisation de ces sirops, particulièrement chez les enfants de moins de 12 ans et chez ceux de 12 à 18 ans affligés d’affections respiratoires. Depuis l’automne 2009, les fabricants de produits contre la toux et le rhume doivent d’ailleurs indiquer que leur médicament n’est pas recommandé aux enfants de moins de 6 ans. Et pour cause, ceux-ci auraient trois fois plus de risques de subir des effets secondaires que les 6 à 12 ans. En Belgique, plusieurs marques de sirop ont même été retirées des tablettes au début de 2020.
Effets négatifs
À fortes doses, les ingrédients contenus dans les sirops peuvent même nuire à la santé. Le dextrométhorphane est hallucinogène, et peut avoir des effets neurologiques graves chez les enfants. La codéine expose également les enfants présentant une toux chronique à un risque accru d’effets secondaires, comme l’a révélé une autre revue systématique Cochrane, en 2016.
Les sirops contre la toux, préviennent des pharmaciens, peuvent aussi poser des risques lorsqu’ils sont combinés à d’autres médicaments comme les antidépresseurs. En 2012, deux coroners québécois ayant enquêté sur la mort de deux personnes âgées avaient même remis en question la vente libre de la plupart des sirops contre la toux. Par ailleurs, leur posologie doit être respectée pour éviter les surdoses.
Illustration: Laetitia GéraudEt le miel ?
Devant le peu d’avantages et les possibles inconvénients des sirops contre la toux, mieux vaut s’en tenir à une bonne vieille solution : le miel. En effet, sauf pour les enfants de moins d’un an, prendre du miel semble plus efficace pour soulager la toux que l’absence de traitement, un placebo ou la diphénhydramine, avait conclu une autre revue systématique Cochrane, en 2018. Le miel aurait par ailleurs un effet semblable à celui du dextrométhorphane. Il diminuerait également la durée de la toux davantage qu’un placebo ou que du salbutamol (ventolin). Au-delà de trois jours, aucun traitement ne semblait efficace, selon cette revue. Les médecins recommandent de toute façon, dans tous les cas, de rester bien hydraté et de consulter un médecin si les symptômes perdurent.
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