Alors que les néerlandais ont déjà presque totalement abandonné l'usage des espèces pour leurs achats en boutique, une étude conduite par ABN AMRO sur l'historique de transactions de ses clients (et non une simple enquête d'opinion) montre que leur recours à la carte en plastique est aussi en voie de disparition au profit des outils mobiles.
Sans grande surprise, en raison notamment de leur addiction générale au téléphone mobile, ce sont les jeunes générations qui mènent la transition. Près de trois quarts (73%) des 18-25 ans préfèrent ainsi utiliser leur smartphone ou leur montre connectée pour régler leurs achats en point de vente, alors qu'ils n'étaient que 6 sur 10 un an auparavant. En outre, leurs cadets leur emboîtent le pas dès qu'ils en ont la possibilité (les taux d'adoption grimpent rapidement, de 46% à 16 ans à 65% à 17 ans).
La fréquence d'utilisation est également en augmentation, puisque 69% des transactions (sur terminal électronique) réalisées au cours du troisième trimestre par cette même catégorie sont exécutées sans carte physique, ce qui laisse entrevoir que, une fois la bascule faite, le téléphone (ou la montre) devient quasiment le moyen de paiement exclusif employé par ses adeptes. Bien que le phénomène soit moins sensible dans les classes d'âges plus élevées, la tendance est indéniablement à la hausse accélérée.
Naturellement, divers précédents le confirment, la réalité aux Pays-Bas ne reflète pas obligatoirement ce qui se passe aujourd'hui dans les autres pays. En revanche, il serait surprenant que la tendance générale soit fondamentalement différente, même si elle est décalée de quelques années. Et la prédiction par les consommateurs du déclin progressif de la carte bancaire dans leurs habitudes (que révèle un sondage complémentaire d'ABN AMRO) a toutes les chances de se matérialiser partout, à moyen terme.
Une telle évolution constituerait certainement une excellente nouvelle pour les porteurs de projets de système de paiement souverain en Europe, EPI en tête. En effet, si les infrastructures des grands réseaux américains paraissent extrêmement difficiles à contourner avec les instruments classiques, le passage à un modèle entièrement « digitalisé » entrouvre une opportunité pour des dispositifs concurrents. Encore faudra-t-il ne pas rater le coche (et offrir une option alternative dans des délais raisonnables, ce qui semble mal engagé)… et que l'équipement des commerçants ne soit pas un obstacle.