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Critique Ciné : Bâtiment 5 (2023)

Publié le 20 novembre 2023 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Bâtiment (2023)

Bâtiment 5 // De Ladj Ly. Avec Anti Diaw, Alexis Manenti et Aristote Luyindula.

Avec Bâtiment 5, Ladj Ly poursuit la trilogie de films qu'il a initié avec Les Misérables (2019). Cette fois-ci c'est une histoire qui remonte à 2005 et au mal logement. Lors de l'avant première, Ladj Ly a annoncé que son troisième film se déroulerait dans les années 80 et en Afrique (peut-être qu'en partie). Quoi qu'il en soit, Bâtiment 5 nous parle d'une histoire assez forte qui vient rendre hommage au Maire de cette ville qui a fait beaucoup pour les gens qui habite dans ces logements insalubres. Bâtiment 5 est moins intense que Les Misérables mais pas moins dense. Je dirais même que Bâtiment 5 est beaucoup plus riche dans ce qu'il apporte à travers on récit que le précédent film du réalisateur. Le récit permet de dépeindre une toute autre réalité vécue par les gens vivant en banlieue. Entre tensions raciales, la pauvreté, les bavures policières et la crise du logement qui n'a de cesse de grandir, Bâtiment 5 veut dénoncer et en même temps offrir un message d'espoir.

Haby, jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l'immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

Ladj Ly s'inspire de sa propre vie dans les cités de Clichy-Montfermeil pour Bâtiment 5. L'histoire de Bâtiment 5 tourne autour de Haby (incarnée par une jeune femme très prometteuse : Anta Diaw). Elle est militante pour le droit au logement et vit dans un bâtiment (le fameux Bâtiment 5) que le Maire va vouloir raser afin de reconstruire des immeubles plus salubres. En intégrant des éléments personnels à son récit, on sent que Bâtiment 5 raconte du vécu. Alexis Manenti (César du meilleur espoir masculin 2020) prouve une fois de plus toute l'étendue de son talent dans le rôle de ce pédiatre, devenu jeune maire d'une cité au bord de l'implosion. L'histoire du restaurant clandestin est terrifiante (mais démontre aussi à quel point ces banlieues sont laissées à l'abandon puisque la restauratrice dit attendre depuis des mois un local de la mairie).

Le réalisateur, attendu au tournant, garde le cap tout en se renouvelant. On retrouve ce qui faisait la force de Les Misérables mais ici de façon plus sage. Parler d'urbanisme de banlieue aurait pu être casse gueule mais le réalisateur et scénariste démontre avec brio qu'il sait où emmener ses personnages et qu'il a aussi un récit avec une vraie richesse à raconter. Le casting est soigné et chacun apporte sa pierre à l'édifice. Mis en scène avec une vraie efficacité, le montage est soigné lui aussi. Je dirais même que c'est encore plus soigné que Les Misérables que j'avais déjà beaucoup apprécié.

Note : 8/10. En bref, un film coup de poing sur la crise du mal logement. C'est fort et bourré de moments de vie de quartier comme seul Ladj Ly semble capable de les mettre en scène en France en ce moment.

Sorti le 6 décembre 2023 au cinéma


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