Critique Ciné : Manodrome (2023)

Manodrome // De John Trengove. Avec Jesse Eisenberg, Adrien Brody et Odessa Young.

S'intéresser au culte de la masculinité au cinéma est une bonne idée mais Manodrome ne sait jamais sur quel pied danser et finit par ne rien raconter du tout. Je trouve dommage d'avoir une bonne idée de départ et de ne rien en faire. Les protagonistes sont assez mal écrits et surtout le héros incarné par Jesse Eisenberg. Je m'attendais à un bon film et je ne retrouve avec un truc tout rabougri car Manodrome ne sait jamais ce qu'il veut réellement faire. On a alors un enchainement de scènes sensées nous montrer quelque chose mais qui finissent toutes dans l'oubli car cela ne raconte rien de pertinent. Il se trouve que le film de John Trengove n'est qu'une analogie politique contre cette caricature que l'on a déjà vu ailleurs au cinéma. Pour qu'une telle histoire fonctionne, il aurait fallu que l'on s'intéresse au héros mais celui-ci est probablement le personnage le plus détestable du film.

Ral­phie essaye de s'en sor­tir en tra­vaillant comme chauf­feur Uber mais sa petite-amie attend un bébé et son futur semble incer­tain. Il va perdre peu à peu son emprise sur la réa­li­té lorsque qu'il ren­contre le lea­der cha­ris­ma­tique d'un mys­té­rieux groupe d'hommes...

John Trengove (Les initiés, Disco 3000) s'accroche à quelque chose qui ne prend jamais véritablement. Il y a des idées de mise en scène qui sont sympathiques et entrent parfaitement dans le genre qu'il prend en otage mais le résultat c'est que son script est tellement mal fagoté que l'on passe plus de temps à s'ennuyer en attendant la fin qu'autre chose. Je comprends que Manodrome soit une satire mais encore faut-il qu'elle sache quoi raconter. De nombreuses scènes du film sont assemblées sans qu'il n'y ait réellement de sens. Manodrome se trimbale alors au beau milieu de tout un tas de thématiques modernes comme l'émergence de petits groupes de gens sur internet. Le tout est centré alors sur un homme, solitaire, qui va se retrouver embringué par les mauvaises personnes. Cela peut facilement faire écho à Taxi Driver mais rien à voir avec le film avec Robert de Niro. Loin de là. Le casting tente de faire quelque chose avec ce qu'il a entre les mains mais échoue finalement à offrir quoi que ce soit de palpitant au spectateur.

Manodrome ressemble à une expérimentation qui ne sait pas trop quoi faire. Le thème du film est important et dénonce quelque chose mais quand on veut faire une satire ou dénoncer, encore faut-il savoir raconter des histoires. Ce n'est pas du tout le cas de John Trengove ici. Jesse Eisenberg est une fois de plus coincé dans un rôle qui lui va bien sur le papier mais qui est trop mal écrit pour qu'il puisse l'incarner pleinement. Il y a tellement de trous d'air dans le scénario que la fin est d'autant plus décevante.

Note : 2/10. En bref, un thème important ne suffit pas à faire un bon film.

Prochainement en France